Visiter: Le musée technique NTM

Bon alors cette fois je vais vraiment être concis, parce que la dernière fois que j’ai dit ça, il me semble que je suis parti dans des histoires interminables sans fin. Alors pour faire succinct, et en un mot commençant (ou en 100), le «Národní Technické Muzeum» il est génial (et ce NTM là n’a rien à voir avec l’atterrant groupe NTM français de RAP). Bon, une fois que j’ai dit ça, faut que je vous explique quand même pourquoi qu’il est génial ce NTM non? Ben vouis, succinct et concis ne veut pas dire expédié à la Jean-foutre par dessus les Paul, enfin quoi!
Ca ne vous intéresse pas de savoir qu’est ce qu’il y a dedans ce musée? Si? Ben voilà. Alors face à l’insistance générale de tout le monde, je vais vous développer rapidement les raisons du pourquoi qu’il faut que vous y alliez. Et attention, que vous y alliez mais pas seuls, non non! Faut emmener avec vous vos galopins, tous, ceux de vos voisins, de vos amis, volez-en dans la rue si besoin est, mais faites en profiter tout le monde, le plus que vous pouvez (n’en faire profiter de). Parce qu’à l’ère du mobayle, du compiouteur, de la console vidéo, et du multimédia plein les yeux, la tête et les oreilles (voire les couilles pour certains), ben ça fait du bien de rappeler aux moutards qu’avant le microprocesseur, le silicone, la téloche écran plasma, et le téléphone digital, il y avait la vapeur, le charbon, la ferraille et l’huile de coude pour faire tourner le monde (ça va leur en boucher un coin, croyez-moi).
Ah oui, et préparez-les aussi un peu à l’avance qu’ils ne vont pas à Disneyland ni à Poitiers, mais que ce qu’ils vont voir là, c’est un vestige du dramatique règne de la gangrène bolchevique, vestige qui n’a pas beaucoup changé depuis 40 ans, mobilier en formica et couleurs hippys, sans parler du bâtiment en lui-même, archétype emblématique de l’architecture fonctionnelle communiste parfaitement normalisée interdisant le moindre soupçon de créativité, de fantaisie, ou d’originalité inéluctablement subversif et contre-révolutionnaire.
Bien, donc en dehors de ça, qu’est ce que vous y trouverez dans notre incroyable musée? Ben vous y trouverez des vélomoteurs, des bicyclettes, des mobylettes, des motocyclettes, des vélocyclettes, des bicymoteurs, et même des automobiles, pis des avions (des petits, c’est modeste comme musée, l’A380 c’est pour plus tard), des locomotives, des vraiment belles de locomotives, avec des roues en lourde fonte de diamètre plus grand que la taille de papa, de magnifiques locos que vous voyez dedans le poste de pilotage, avec ses nombreux tuyaux entrelacés, ses tas de cadrans à aiguilles, ses manettes à tourner, ses manettes à tirer, ses manettes à pousser, et même des manettes à pousser-tirer et inversement…
Quand j’étais gnard, les grosses locos toutes noires d’une bonne centaine de tonnes m’émerveillaient de fascination. Comment donc qu’un fourbi pareil pouvait bien avancer à plus de 100 km/h, et tirer derrière sois je ne sais encore combien d’autres tonnes, le tout à la force d’un machin aussi trivial et élémentaire que la même vapeur d’eau qui sortait en chuintant de la cocotte en inox de maman quand elle nous faisait des zartis chauds? Ca, c’était pour moi un miracle autrement plus prodigieux puisque palpable et manifeste, que la Sainte Vierge en pèlerinage à Lourdes (ben ouais Bernadette, t’aurais au moins pris des photos, même noir et blanc, sans dec!)
Pis alors il y a plusieurs sections, le transport (avec les locos); la métallurgie; la mesure du temps (fabuleux, avec des vieilles horloges qui datent de Kro-Magnon, des clepsydres et des mécanismes disséqués en petits morceaux); les techniques (cinéma+photo)graphiques; l’acoustique; l’astronomie; la télécommunication; et la mine (de charbon) que vous pouvez même descendre dedans (c’est dans la cave, c’est artificiel, forcement, mais c’est bigrement bien foutu qu’on s’y croirait, vraiment, avec des berlines, des wagonnets et pleins d’instruments biscornus pour forer la roche). Beaucoup de ces sections sont pleines d’expériences à faire soi-même de ses menottes à dix doigts, de découvertes bidonnantes, faciles à comprendre même par vos lardons fascinés.
Il y a également des expositions temporaires, mais là, ça dépend de quand que vous y allez, alors je peux pas vous dire maintenant. Genre quand j’y étais moi avec mon moussaillon, c’était les Harley-Davidson, du début des toutes premières que mon arrière grande tata faisait du vélo dessus, jusqu’aux tout derniers modèles de la semaine dernière que personne n’achète parce que les japonaises sont moins chères. Puis y a des P’tits Vieux partout, qui surveillent assidûment tous ces trésors précieux des malveillants potentiels. Et ils sont gentils comme tout ces P’tits Vieux là, ils sourient, ils ont le verbe affable et l’oeil accort malgré leurs effrayantes lunettes «cul de bouteille monture bakélite» 100% remboursées par la sécu. Vous pouvez leur demander des choses aux P’tits Vieux, parce qu’ils sont là depuis qu’ils sont à la retraite, et que s’ils sont là, c’est justement pour y mettre du beurre dans leur retraite, parce qu’une retraite de P’tit Vieux d’aujourd’hui, scribouillard anonyme d’une insignifiante administration bolchevique d’hier, ben ça ne vaut guère plus que le poids du papier avec lequel on paye leur retraite de P’tit Vieux. Remarque, eh, chuis en train de les plaindre, mais ça se trouve, c’est justement cette engeance de P’tits Vieux là, homo-bolchevikus bousilleurs de pensée individuelle, qui nous hissent le putride parti communiste non reformé (ben ouais, c’est dingue) en seconde position dans nos élections?
Bref, j’en sais rien, alors accordons leur le bénéfice du doute. Ces P’tits Vieux avenants, disais-je, tout en étant là, dans le musée, ben ils savent des choses parce qu’ils s’y intéressent aux merveilles qu’ils surveillent depuis toutes ces années. Ils peuvent l’expliquer au chérubin déconcerté, que c’est grâce au poids en forme d’étron fossilisé au bout de la chaînette que le coucou sort régulièrement sa tête de piaf du chalet tyrolien pour pépier un nombre de «coucou» approprié à l’heure qu’il est. Et même encore tout plein d’autres choses toutes aussi invraisemblablement époustouflantes que seuls ces P’tits Vieux là savent (ça y est mon petit, tu peux fermer la bouche).
Ah ben vouais, c’est sur, faut parler le Tchèque parce que les P’tits Vieux d’ici c’est pas forcement «aware», «in», ni «up-to-date», mais si vous l’abordez en Allemand ou en Russe, il y a de bonnes chances que vous en sortiez quelque chose du P’tit Vieux (ben vouis, on était d’anciennes colonies de ces bougres là). Ah ben vouais, c’est sur, faut parler l’Allemand ou le Russe, mais zut quoi, vous faites pas beaucoup d’effort non plus! Bon, ben chais plus moi, sinon essayez en Français, il y a une époque où on était une colonie française aussi (mais ça remonte d’avant l’invention du P’tit Vieux dans le musée).
Quoi d’autre, ah ben si, tiens, si vous avez un appareil photo sous la main, alors mettez le dans le sac afin que vous n’oubliassiez pas de le prendre avec, parce que dans ce musée, et contrairement à beaucoup d’autres qui m’agacent furieusement, on peut tout photographier, au flash, sur trépied, en long et en large.
Bon, et le bémol dans tout ça me direz-vous? Le bémol réside dans la buvette, ben vouais, comme je vous le disais, l’est pas tout neuf le musée, et il est de style communiste de surcroît, alors ben la buvette est une vieille buvette de musée communiste. Quoi dire de plus, sinon que d’abord z’êtes là pour vous en mettre plein le carafon de la technique, et pas plein la bedaine de la bibine, et que devant une telle débauche d’érudition au mètre carré, vous pouvez bien faire l’impasse sur la roteuse un moment. Rassurez-vous, j’vais pas vous laisser à marée basse trop longtemps.
Si vous sortez du musée (ah oui, c’est encore un truc super que je ne vous ai pas dit... oublié... vous pouvez entrer et sortir et inversement autant que vous le voulez dans la même journée, c’est pas cool ça?) donc si vous sortez et que vous allez en face, tout droit devant, vous arrivez dans le parc de «Letna», et sur votre gauche, il y a le plus mignon «biergärten» de tout Prague (ah oui, c’est vrai, vous parlez pas Allemand, bon, ben c’est un «jardin à bière» en Français. Traduisez par terrasse, ça va le faire). Bon je ne vais pas développer aujourd’hui, parce ce qu’aujourd’hui c’est musée, mais dés qu’il fera beau, chaud, que les filles seront en short sur leurs rollers et que j’aurai des photos à vous montrer (des filles :-)
je vous en causerai adéquatement du «biergärten». Dernier point, combien de temps qu’il faut pour faire le tour du NTM? Ah ben ça mon bon m’sieur, ça va dépendre de vous, de votre couvée, de la patience de votre géniture, de la tolérance de Madame, du niveau de fatigue de vos mirettes et de vos neurones… mais si vous voulez le faire honnêtement, de fond en comble, le grenier et la chaufferie inclus, alors comptez la journée. Mais comme dit, hein, d’abord vous pouvez sortir prendre l’air, manger un bout, pis reviendre, et sinon vous pouvez aussi le faire en plusieurs fois, genre comme Disney World en Floride. Enfin faites comme vous le sentez, mais faites le. Sérieux, ça vaut le coup d’oeil! Et n’oubliez pas de rendre les gosses que vous aurez volés dans la rue pour les faire profiter de la pédagogique excursion.

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