Ailleurs: Plzeň & Plzeňský Prazdroj

Aujourd’hui, nous allons de nouveau sortir de Prague, pour aller à «Plzeň» («Pilsen» en allemand, et sans doute pareil en français parce que j’ai pas trouvé de traduction).
Alors «Plzeň», qu’est ce que c’est que donc? C’est donc une ville, à 90km de Prague, à l’ouest, et si vous êtes venus à Prague en voiture en passant par la frontière de «Rozvadov» (ou «Waidhaus» du côté allemand) vous avez sûrement dû passer par là (ou alors autour pas loin parce qu’il existe maintenant un contournement qui sert à rien, il servira quand il sera fini, c’est à dire chais pas quand).
Bien, «Plzeň» en soi n’a rien d’exceptionnel(le), c’est pas la ville qu’il faut absolument voir comme Venise, Rome, ou Brie-Compte-Robert, non, ce qui fait que cette ville est exceptionnelle, c’est qu’elle est la capitale, non la Mecque, mieux, la Babel, que dis-je le Pandémonium paradisiaque de la bière. Alors attention, petite leçon gratuite de culture brassicole générale. Parents, éloignez les mineurs de ce blog.
Vous n’ êtes pas sans ignorer que le monde entier, et en particulier les allemands, appelle (le monde entier) les bières blondes des «pils»? Et bien cette dénomination vient du nom «Pilsen» (et ouais). La bière venant alors de cette ville s’appelait la «pilsner» (qui vient de «Plzeň»), puis par abréviation devint la «pils».
Et l’une des meilleurs bières de «Plzeň» était (est toujours d'ailleurs) la «Plzeňský Prazdroj» (de «pra», ancien, vieux, ancestral, et de «zdroj» source, soit «vieille source») qui se traduit de façon littérale en allemand (litter-allemand = littéralement, ouah, vraiment trop fort)... donc se traduit en allemand «urquell» et franchit allégrement les limites connues de l’univers sous l’appellation «Pilsner Urquell» (en allemand),
«Plzeňský Prazdroj» (en tchèque) et «La Vieille Source de Plzeň» (en français). Y a juste que si vous demandez une «Vieille Source de Plzeň» (en français) où que ce soit dans le monde, chuis pas sûr de ce qu’ils vont vous servir... vouis mon petit Helmut, c’est quoi la question? ... quoi les champignons??? ... ben oui, je sais que ça se dit «pilzen» en allemand et alors? Ah, et pourquoi? ... ben euh ...
alors déjà ça s’écrit pas pareil, et puis... mais d’abord et qu’est ce que tu glandes sur mon blog? J’ai dit que c’était pas pour les moutards, alors fiche-moi le camp illico espèce d’effronté impertinent!
Non mais sans blague, c’est dingue ça!
Bon, alors maintenant qu’il est parti celui-là, je vais encore vous parler du dieu de la bière, «Gambrinus». En toute franchise, je dois vous avouer que personne ne sait vraiment qui c'est d'où qu'il vient. D’aucuns prétendent qu’il s’agirait d’un roi des Flandres devenu moine (?!), puis évêque de Soissons.
C’est lors d’une épidémie de choléras en cette ville, que l’évêque Père Spicace (perspicace) remarqua que les buveurs de bière développaient moins la maladie que les buveurs d’eau. Fort de cette constatation, il aurait alors suggéré au peuple de ne boire que de la bière. Considérée comme miraculeuse, cette astucieuse idée lui aurait ouvert les portes de la sanctification sous le nom de «Saint Arnould» qui demeure encore aujourd’hui le saint patron des brasseurs. Une autre hypothèse suggère qu’il s’agirait ni plus ni moins que du Duc de Brabant... non Helmut, pas Trabant, Bra... mais t’es encore là toi?
Nom d’une pipe, fous-moi le camp, sale gosse!
Chuis scié, va finir par m'causer des embarras c'te graine de choucroute à venir sur un site promouvant la bonne bière! ... donc qu’il s’agirait du Duc de Brabant, Jan Primus dont la photo sur sa tombe à Bruxelles ressemble étrangement aux portraits actuels du dieu Gambrinus. Autre hypothèse, il serait le fils du roi germanique Marsus, le légendaire Gambrivius, mari de la reine égyptienne Isis, propriétaire du chien Gunthar, beau-frère de la soeur de sa femme, et qui régnait (le roi) sur les tribus Gambrivii et Sugambri au II ème siecle avant Jean-Claude.
J’ai ouï dire encore qu’il s’agirait tout simplement de l’économe de Charlemagne, appelé «cambarus» (cambare en latin = échanger, troquer, et donc cambarus = responsable de l’économat, intendant, d’où mal intendant = gambrinus).
Il pourrait encore s’agir d’une dérivation de «ganeae birrinus» (ganeae en latin = taverne, cabaret et birrinus en patois gambrivii = pochetron, ivrogne amateur de birri, bière, soit pochetron de taverne amateur de bière en latino-gambrivii). Bref, aujourd’hui on ne sait rien de «Gambrinus» sinon que c’est le dieu de la bière, et c’est déjà bien, croyez-moi, compte tenu du nombre effarant de suppositions abracadabrantes à ce sujet.
Bon, et quoi d’autre encore sur «Plzeň», ah ben si, tiens, la fête de la bière. Alors c’est organisé dans la brasserie («Prazdroj») et c’est top génial. Moi j’y suis allé l’année dernière, et j’ai adoré. Non seulement il y a de la bière au kilomètre, mais aussi de la bouftance de premier choix, sérieux.
Les cochonnailles sont absolument sublimes, faites main et maison, par des charcutiers du coin, et rien à voir avec les abjectes charcutailles industrielles d’hypermarchés en boyaux synthétiques. Il y a des boudins noirs, des boudins blancs, des andouillettes (noires et blanches), des pâtés de têtes, des terrines, des saucisses (des milliers de types que je ne connais pas comment qu'elles s'appellent), des genoux et jambons de gorets braisés, des plats de côtes (fumées et pas, les côtes), des crépinettes farcies, des rillettes, des cuisses de dindes (fumées uniquement), des brochettes multi-bidoche...
et encore plein, mais alors des chargées velues de bonnes choses que je ne peux pas vous décrire ici parce que je ne sais pas comment ça se dit en français. Sans dec, si vous avez l’occasion d’aller à la 163 ème «Pilsner Fest», alors n’hésitez pas. Cette années c’est du vendredi 30 septembre au dimanche 2 octobre (inclus). Ah ben oui, c’est pas long un court week-end, c’est sûr. Dernier point, et le bémol dans cette partition soûlographicobouftantesque, c’est que c’est plein comme un keuf chaque soir à partir de 17h. Et quand je dis plein, je suis en dessous de la vérité, c’est tellement gavé de monde qu’il faille attendre un bon quart d’heure (minimum) pour être servi en bière à n’importe quelle buvette. Et croyez-moi, il y en a maints des débits, tous les 20 m. Un comble quand même quand on est à la source (vieille).
Le premier soir avec mes condisciples, apôtres du Dieu «Gambrinus», on était venu tout spécialement pour l’occasion, mais ça avait fini par nous exaspérer sérieusement alors on a plié nos chopines (féminin pluriel de Chopin :-) au bout d’une heure pour inviter une taverne des proches environs, qui elle, était totalement vide (paradoxalement). Par contre, j’y suis retourné le lendemain (à la fête), vers midi, et hop, j’ai compensé le manque à bâfrer et à boire de la veille («boire sans soif et faire l’amour en tout temps, Madame, il n’y a que ça qui nous distingue des autres bêtes», Monsieur Pierre Augustin Caron de Beaumarchais, gentilhomme bon vivant de son état).
Enfin si jamais vous n’avez pas le temps, l’envie, bref vous ne pouvez visiter autre chose, alors arrêtez-vous au moins dans le musée de la brasserie «Prazdroj».
Non seulement on va vous la montrer (la brasserie) telle qu’aujourd’hui (ça fait peur une telle débauche d’asepsie prophylactique, on se croirait dans les chiottes à bon Dieu, enfin comme je me les imagine moi), mais surtout, et c’est tout l’intérêt de la visite, on va vous montrer les caves comme elles étaient avant.
Avant que Bruxelles nous impose les standards étalonnés de stérilisation uniforme, normalisant, modélisant et pasteurisant jusqu'à la connerie (ah ben ça, elle va n’en n’avoir du goût authentique et de la saveur originale notre Europe, dans quelques années).
Ces caves, 9 km, taillées dans la roche, température et humidité constantes tout au long de l’année, sont un patrimoine unique de l’humanité, c’est une splendeur sans nom, une fabuleuse féerie à classer par l'UNESCO. Rien que d’en parler j’en ai les larmes aux yeux et la gorge sèche.
Vous rendez-vous compte, que non seulement ce pinacle du nec plus ultra brassicole, cette quintessence du Saint élixir allait influencer dans son domaine l’univers entier dés le milieu du XIX ème, mais reste encore aujourd’hui un summum inimitable de la perfection enfin atteinte par l’homme.
Et ce nectar divin, cette lymphe vitale, percevait sa cuisse, son corps, sa noblesse et son âme, dans ces caves, là, celles d’en photo. Bon, j'exagère un tantinet, parce que les caves, ils ne les utilisent plus depuis bien avant l'invention des foutaises bruxelloises, mais quand même, les aseptiseurs de fromage au lait cru, les pasteurisateurs de bière locale et les définisseurs de la bonne longueur du concombre ne sont pas totalement innocents dans l'affaire évoquées ci-dessus. Bref, la brasserie «Prazdroj» ça vaut le coup, alors allez-y! Avant de terminer, encore un «lien» intéressant où vous trouverez plein de choses sur la bière, à condition de parler anglais, allemand ou tchèque (ben vouais, désolé). Allez, sur ce «na zdravi» bonne soirée, parce qu’il y est temps que j’aille m’en jeter quelques unes...

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