Ailleurs: Le monastère de Sázava, sacrément visitable
Du coup, ma chérie d'amour me fit remarquer à raison qu'on s'en eut récemment visité maints monuments ecclésiastiques, et qu'il ne faudrait surtout pas que j'aille m'en contracter l'handicapante infirmité de l'irrationnelle croyance en dieu. Je la rassurai immédiatement qu'une telle effroyable éventualité était totalement invraisemblable, oh grand dieu que oui, invraisemblable, parce que dans la famille, nous cultivons l'adoration des sciences, nous idolâtrons le pragmatique réalisme, et nous vénérons l'esprit laïc (comme la bière) depuis des générations, et qu'il y avait donc autant de chance que je succombe à la tentation de dieu, qu'il y a de chance qu'un jésuite polonais septuagénaire ne succombe à l'achat de la dernière vidéo de Chloé Vévrier (outre le fait que Chloé est une fantastique actrice douée d'un immense talent, le fait de mentionner son nom dans mes publies augmente considérablement le nombre de hits sur mes pages, donc voilà, pour ceux qui se demanderaient pourquoi... et donc Chloé Vévrier, Prague, Chloé Vévrier, Prague, Chloé Vévrier, Prague, Chloé Vévrier, Prague...). Non, les exclusives raisons qui attisent phénoménalement ma curiosité envers les lieux saints sont les splendeurs artistiques, architecturales et historiques qui s'y trouvent. Et justement, dans le monastère de "Sázava", plein y en a. Tout d'abord je vais parler d'un des saints patrons de la Bohême, St "Prokop", qui s'écrit en Français Procope, Procopius en Latin et viendrait, comme la coprophilie, du Grec.
St Procope serait né à "Chotouň" (bled près de "Český Brod") vers les années 970 à 990 aprèsJean-Claude... Jules César... J'ai Zucri, dans une famille de petits propriétaires terriens, condition sociale qui lui donna accès à l'éducation tout particulièrement en langue slave. Ceci dit, les sources d'information sont faibles en nombre comme en factualité, alors considérez ces quelques lignes avec la plus grande précaution. Dans la vie, il aurait été curé à "Vyšehrad", moine bénédictin à "Břevnov" (où il reçût la majeure partie de son élevage), chanoine à "Kouřim", aumônier à "Kiev" (Ukraine), et tenancier de bains turcs en Hongrie (mais pas longtemps, en intérim, pour rendre service à un pote pendant qu'il visitait sa maman souffrante). Il aurait été marié, comme il était de coutume chez les prêtres slaves (le célibat imposé date des réformes grégoriennes, à partir de 1075, et serait entré en application seulement vers 1140) et son fils "Jimram" ("Emmeram") aurait été un de ses disciples. Vers 1010, sa tête aurait pété un câble et il serait parti vivre en ermite isolé dans une sombre grotte des forêts profondes aux abords humides de la rivière "Sázava" où il aurait pris le nom de Procope en l'honneur de St Procope d'Antioche (parfois de Jérusalem, IV ème siècle) car avant il s'appelait Régis. Mais la grotte n'était pas vide, ben non. Selon la légende, elle était habitée de mille diables, eh ouais. Mais l'ermite se défendait férocement par la prière et la foi en dieu, du coup, il résista à la tentation, au péché comme à la faute, et au bout d'une semaine, les diables en eurent ras-le-bol et quittèrent la grotte pour un lieu plus propice à leurs facéties ("Der Teufel ist ein Optimist, wenn er glaubt, daß er die Menschen schlechter machen kann, Karl Kraus." Le diable est bien optimiste s'il croit pouvoir rendre les gens plus mauvais qu'ils ne sont, Karl Kraus). Et Procope vivait donc pénard dans sa grotte. Il cultivait la terre, taillait la forêt, récoltait le fruit, chassait les moustiques, au point que les gens commençaient à parler de lui au village, qu'il était extrêmement dévot, qu'il parlait bien, et certains venaient même l'écouter parler près de sa grotte où qu'il vivait, et d'autres pas. Certains lui apportaient carrément des offrandes, d'autres carrément pas. Il s'occupait des pauv' et des nécessiteux, au point que tous les bigots du pays se rassemblaient là pour écouter ses conneries... paroles. D'aucuns le comparaient même au Christ, et d'autres même pas. Pis comme il en venait de plus en plus des cul-bénits, et qu'ils commençaient à grommeler que l'endroit était fruste, rustique, qu'il n'y avait pas de buvette, que des moustiques, Procope construisit une églisette consacrée à la vierge Marie et à St Jean-Baptiste. Pis il fallut quelqu'un pour sonner les cloches, apporter le pain et le vin de la cave, fermer la lumière en partant, enfin gérer toute cette auberge, alors il fonda une communauté observant les règles de St Benoît à la sauce slave cyrilométhodique dans laquelle s'enrôlèrent jusqu'à son fils ("Emmeram") et son neveu ("Vít", Guy) qui deviendront à leur tour abbés (d'abord "Vít", ensuite "Jimram" à la mort de ce dernier, vers 1078). En 1030, tandis que le prince "Oldřich" cueillait des champignons en la forêt, il croisa le Procope qui s'en allait au travail. Ce dernier ne put s'empêcher d'aborder son seigneur par des conneries... paroles pieuses des plus convaincantes puisque "Oldřich" nomma aussitôt ce bougre son conseiller et confesseur (à Dreux, le confesseur est à Dreux et le confesseur s'endort). En 1032, Procope informa son maître qu'il souhaitait édifier un monastère slave où l'on parlerait, prierait et dirait la messe en Slavon (i.e. vieux slave ou slave liturgique, je simplifie parce qu'il y a des différences, mais si vous n'êtes pas linguiste alors considérez que c'est tout pareil), et pas en Latin, et que si l'"Oldřich" finançait au moins un peu son entreprise, il aurait droit à une part des stock-options au tarif préférentiel. Par la suite, Procope réitéra l'offre auprès du prince "Břetislav I" (fils et successeur d'"Oldřich") ce qui lui permit de terminer son oeuvre en 1039. Du reste et selon d'autres sources, le monastère n'aurait vu le jour que sous "Břetislav I", aucunement sous "Oldřich". Bref... Procope consacra le reste de sa vie à son monastère et au bon dieu auquel il adressa encore son ultime prière avant de s'éteindre. Il fut inhumé le 25 mars 1053 en présence de l'évêque de Prague "Šebíř" comme en témoignent les annales d'un moine (de nom inconnu) du monastère et continuateur des fameuses chroniques de Cosmas Pragensis: "Monachi Sazaviensis Continuatio Cosmae: Procopius cursum vitae suae feliciter in domino anno ab incarnatione domini 1053, et eiusdem anni VIII Kal. Aprilis; praesente Severo, Pragensi episcopo [...]"). En 1055, à la mort de "Břetislav I", les choses se compliquèrent pour nos moines slaves. Ils furent chassés (en Hongrie) et remplacés par des moines latins menés par un abbé allemand. Pendant ce séjour magyar, que d'aucun situe à "Visegrád sur Danube", les fraters entrèrent en contact avec les pratiques byzantines (au contact de moines grecs et croates) qu'ils importèrent (les pratiques, pas les moines) à leur retour en Bohême. Et justement, en 1061, à la mort de "Spytihněv II", les choses s'améliorèrent pour nos moines slaves. Ils furent réintégrés dans leur monastère slave et obtinrent le support actif (et financier) du prince "Vratislav". En 1097, les choses se compliquèrent définitivement pour nos moines slaves. Ils furent chassés par le nouvel abbé latin issu du couvent de "Břevnov" (avec l'accord du prince "Břetislav II") et remplacés par un surplus de moines latins du même couvent. Les nouveaux ensoutanés s'empressèrent de détruire tout ce qu'il y avait de Slave (des centaines d'ouvrages liturgiques comme séculiers, des iconographies, des statues...), et nettoyèrent à tout jamais les traces de cette hérésie antilatine ("libri linguae eorum deleti omnino et disperditi, nequaquam ulterius in eodem loco recitabuntur." Les livres dans leur langue furent détruits et disséminés, plus jamais en ce lieu ils ne seront récités). Procope fut le premier Tchèque sanctifié par le papàrome (Innocent III) en 1204 (attention, pas le premier sanctifié, parce qu'avant il y eut St Venceslas par exemple, mais sanctifié par le papàrome). Il fut la mascotte des hussites pour ses messes en Slave et sa communion sub utraque (sous les 2 espèces). Depuis 1588, ses restes (en partie) reposent dans la chapelle de tous les saints au château de Prague. Enfin presque, parce que selon la guide, il y aurait aussi des reliques de Procope dans la crypte effondrée reconstruite du monastère de "Sázava". Et même encore ailleurs il y en aurait aussi, en la cathédrale de Metz (don du bon roi Charles IV), à Lisbonne (si si, au Portugal), etc... C'est comme avec toutes les reliques de tous les saints, genre si un jour on s'amuse à recoller tous les morceaux de reliques du même gars disséminés (les morceaux) de par le monde, on va à coup sûr obtenir un bataillon de mutants génético-atomiquement difformes.
Des centaines de légendes se rapportent à St Procope, et donc je ne peux m'empêcher de vous familiariser avec les plus connues. Encore gamin, les parents du petit Procope cherchaient vainement une source d'eau afin de creuser un puits sur leur domaine. Ben hop, le petit Procope creusa un petit trou de ses adroites mimines et hop, l'eau jaillit du sol et coule encore aujourd'hui (c.f. "studánka Vosovka"). Bon, l'eau me direz-vous ok, mais savait-il faire autre chose. Ben ouais, tiens, lors de sa rencontre avec "Oldřich", il tendit au prince assoiffé une outre pleine d'eau. Lorsqu'il eut goulotté la première lampée qu'il recracha, l'assoiffé s'esclaffa "ha ha ha, mais sais-tu qui nous sommes le moine? Nous donner de l'eau à nous? Cours-nous chercher du vin crénom di diou avant que nous ne t'assenions au séant nos augustes arpions." Procope tendit alors la même outre au même prince "Oldřich", qui eut alors la surprise de s'apercevoir que l'eau fut changée en vin. Et pas en n'importe quelle piquette comme celle du célèbre barbu lors des noces de Cana, non, un Château Lafite Rothschild 1945 s'il vous plaît. Cette scène est représentée dans le réfectoire (c.f. les peintures baroques de "Jan Karel Kovář"). Et attends, encore... Alors qu'il s'en revenait des champs, une roue du chariot se brisa sous le poids des cultures transgéniques. Ben hop, une prière, et le Procope obligea le diable en personne à se rouler en boule autour de l'essieu. Mais ça c'est rien, selon le grand "Jaroslav Vrchlický" ("Legenda o sv. Prokopu"), St Procope aurait carrément attelé le diable à sa charrue pour lui faire creuser le fameux sillon du diable ("Čertova brázda"). Et même après sa mort, il miraculait encore (oooh Bali-Balo...) Tiens, en 1203 St Procope apparut à l'abbé "Blažej", lui commanda d'écrire tout sur sa vie (à St Procope), sur ses miracles, en couleur et avec des images pour les imbéciles, puis d'apporter tout ce lourd fourbi au papàrome (Innocent III) afin qu'il le canonise (toujours St Procope). L'abbé s'exécuta, et même prestement, puisque dans la même année il acheva son devoir, s'assit sur le dos d'un âne et trottina ainsi jusqu'à Rome. Par contre le pape lui n'était pas pressé, l'avait tout son temps ce faignant pontifical, et surtout il n'avait pas encore terminé le dernier Paul-Loup Sulitzer alors les couillonneries de St Procope, même avec des images... pour vous dire comme il s'en frictionnait le coquillard à l'aide du coude de la main droite. Au bout d'un an d'attente, St Procope prit personnellement les choses en main (celles du pape), et apparut au saint-père: "Comment te permets-tu [...] sac à péchés ("nádobo hříchu") [...] fissa-fissa dare-dare [...] sinon je te fiche ta crosse en travers du groin." Et de rajouter "i, missa est" avant de lui raccrocher le téléphone au nez. Et du coup, ben le pape nous le canonisa le lendemain matin dès le réveil, le 4 juillet 1204 entre la prime et les matines, avant même les muslis et le café au lait. Dis-donc, je me demande si je ne devrais pas m'inspirer de ce viril langage pour négocier mon augmentation de salaire? Sans dec, Procope c'est autrement plus fort que Clark Kent.
Après les légendes, les faits, car on sait quand même deschaussures... choses sûres à propos de notre bougre. La première biographie de St Procope contenant les légendes sur la base desquelles il fut canonisé a été écrite sous la régence de l'abbé "Vít" (Guy), entre 1061 et 1067, au retour des vacances en Hongrie et au monastère (écrite) fort probablement. Il s'agit de la "vita minor" dont l'original (en glagolitique) n'est plus, mais des copies (en latin) du XIII ème et XIV ème siècle sont en vente dans les bonnes librairies. D'ailleurs vous retrouverez également ces textes dans la chronique du "Monachi Sazaviensis Continuatio Cosmae" (susmentionnée). Sous le bon roi Charles IV, l'on écrivit encore la "vita major" (sans doute au couvent "na Slovanech", aussi appelé "Emauzy") augmentée d'autres légendes et miracles comme s'il en pleuvait. Et du coup en factuel... On sait qu'il prit part à la procession de 1039 qui, sous le commandement du prince "Břetislav I", rapatria de "Gniezno" (Pologne) les restes de St Adalbert. On sait qu'il prit part en 1045 à la mise en bière de St Gunther ("sv. Vintíř") au couvent de "Břevnov". On sait également qu'il aimait bien son pote "Břetislav I" avec qui il jouait aux cartes chez Georgette et qu'il n'aimait pas les vilains diables qu'il ridiculisait à la première occasion. Et globalement c'est tout, parce que tout le reste n'est que légende, mythe et folklore sans le moindre fondement ni preuve formelle.
Iconographie, eh oui, aussi. Au tout début, au moyen-âge, on représentait St Procope en moine bénédictin, parfois glabre, parfois barbu, habillé en robe de bure avec capuche et larges manches, accompagné d'une crosse dans la main, ou/et d'un livre, et parfois d'une biche à ses pieds qui lui donnait son lait à boire (comme à St Ivan de Bohême, pareil). Il était filmé comme ça jusqu'au XIV ème siècle où il commença à évoluer. D'abord on lui mit une mitre sur la tête pour faire plus abbé (ah bon?), et avec toutes ces légendes liées au diable apprivoisé par St Procope, on le représenta très souvent (à partir du baroque) en compagnie de son faire-valoir enchaîné à (voire sous) ses pieds. Sur les tableaux, eaux fortes, gravures... on aperçoit parfois en arrière plan le monastère de "Sázava", et parfois pas. A partir du XVII ème siècle, on commença à illustrer les biographies et les légendes de St Procope par des images nombreuses, cependant pauvres iconographiquement (industrialisation, production de masse, médinechaillenatisation). Au XVII ème siècle, on rajouta aux gravures de l'ermite d'autres ermites comme St Ivan de Bohême, St Gunther ou St Adalbert. Finalement en période romantique (XIX ème siècle), l'ermite Procope devint un sujet fréquent d'inspiration pour les artistes d'alors ("Josef Václav Myslbek", "Mikoláš Aleš"...) de par son aspect contemplatif, détaché du matériel, quasi-hippie mais aussi pour son symbolisme national et son authenticité slave.
Le culte de St Procope s'est particulièrement développé à partir du XVI ème siècle sous la forme de sculptures (innombrables), d'églises consacrées (innombrables aussi), mais encore sous la forme de poèmes (Šimon Lomnický z Budče), de textes ("Bedřich Bridel, Sláva Svatoprokopská" i.e. "Fridrich Bridelius, Die Herrlichkeit des Heiligen Prokop"), mais aussi sous la forme musicale ("Josef Bohuslav Foerster"). L'importance de St Procope et de son monastère fut énorme pour le monde slave tout entier. Dès ses origines, "Sázava" fut un centre religieux, de pratique comme d'enseignement, mais également un centre de développement intellectuel et culturel, car on y enseignait aussi la musique, la peinture, l'architecture, et les lettres (glagolitiques). Les contacts entre les divers monastères étaient fréquents, avec la Hongrie, la Slovaquie, les Balkans mais aussi avec la "Kyjevská Rus" (empire slave à l'origine de la Russie, Biélorussie et de l'Ukraine) par l'intermédiaire du monastère "kyjevo-pečerská lávra" (que l'on traduit bizarrement en Français par la Laure des Grottes de Kiev!?). Vers 1071, les moines de "Sázava" reçurent par exemples des évêques russes quelques bouts de reliques archi-saintes des premiers saints russes Boris et Gleb. Ces bouts de reliques furent saintement placés en des chapelles adéquates lors de la consécration de l'église en 1095 par le grand Cosmas, alors évêque de Prague, en présence du dernier abbé slave de "Sázava", "Božetěch": "1095. Eodem anno II Idus Octobris consecratum est oratorium in Zazoa a venerabili sanctae Pragensis ecclesiae octavo episcopo Cosma, quod Bozetech, eiusdem loci abbas [...] Deinde tertia die, quod est XVII Kal. Novembris, consecrata sunt duo altaria, unum a dextris, in quo continentur reliquiae [...] sancti Glebii et socii eius [...]" Lecture: "Roman Jakobson, The Czech Part in Church Slavonic Culture".
Et tiens, quelques oeuvres littéraires grandioses du monastère de "Sázava". Ici furent traduites dans la seconde moitié du XI ème siècle les 40 homélies de Grégoire le grand ("XL homiliarum in evangelia libri duo") du Latin en Slavon. Outre que ce texte est considéré comme un exemple de simplicité stylistique et d'enseignement moral (euh...), il est le plus long jamais écrit dans la période des princes Prémyslides. Lorsque nos moines slaves furent définitivement chassés du monastère (en 1097), la traduction arriva en Kievorus où curieusement, elle conserva durant les siècles ses caractéristiques ouest-slaves en particulier lexicographiques et paléographiques. La version originelle a certes disparue, mais on compte encore 16 copies fidèles (en cyrillique majuscule) et complètes (grâce à la tradition russe du manuscrit), qui s'étalent entre le XIII ème et le XVIII ème siècle. Parenthèse. Bien que le cyrillique soit à l'origine de l'alphabet russe (qu'on appelle "azbuka" de par les premières lettres de son alphabet "А - azъ" et "Б - buky", comme l'abcédé), il n'est pas identique, et surtout il n'a plus évolué (hors Croatie) contrairement à l'azbuka. Et ce qui est fantastique dans notre traduction slave des 40 homélies, c'est que les 16 copies made in CCCP s'étalant sur 5 siècles, ont conservé leurs spécificités calligraphiques sans céder à l'azbukisation. Fin de parenthèse. Est également née à "Sázava" la version slavonne de la seconde légende de St Venceslas (originellement latine). Parenthèse. Des légendes sur St Venceslas, il en existe officiellement 2, mais selon les personnes, les périodes... Le premier texte (et le plus crédible) est apparu vers 950, juste après la mort du prince Venceslas. Il est factuel, détaillé, écrit originellement en glagolitique. Aujourd'hui il n'existe plus que des copies en cyrillique. Ensuite il y eut la fameuse version latine "Crescente fide christiana" que l'on appelle officiellement "la première légende", apparue vers 980 (liée fort probablement à la naissance de l'évêché de Prague, en 947) et qui reprend des éléments du texte originel. Il existe une version "tchèque" et une version "bavaroise" (écrite à Ratisbonne au couvent de St Emmeram) mais aucune des 2 n'est complète. Dans la même période, et probablement dans la même année (980) est apparue "Passio sancti Vencezlavi martiris" par "Gumpold", l'évêque de Mantoue, sur commande de l'empereur du St empire romain-germanique Otto II, qui n'arrivait pas à s'endormir la nuit sans lecture. Cette oeuvre contient beaucoup de miracles, peu de faits, et se distance ainsi des chroniques/annales dignes de foi. Ajoutez à ce roman quelques autres textes en Latin sur la vie du prince (Venceslas), et vous obtenez ce que l'on nomme officiellement "la seconde légende de St Venceslas", et c'est cette seconde légende qui fut traduite en slavon au monastère de "Sázava". Les écrits de "Gumpold" seront encore suivis par la légende de Christian, "Legenda Christiani, Vita et passio sancti Venceslai et sanctae Ludmilae aviae eius" écrite en toute fin du X ème siècle. Cette même verve épique et romancée amènera certains historiens à douter de son authenticité, genre qu'il s'agirait d'un texte du XIII ème, voire du XIV ème siècle, mais aujourd'hui on sait qu'il n'en est rien, que la "Legenda Christiani" est bien de la fin du X ème. Fin de parenthèse. Evidemment, je ne peux pas faire l'impasse sur l'ouvrage appelé l'évangéliaire de Reims, ou encore le texte du sacre qui se trouve à la bibliothèque municipale de Reims (aux dernières nouvelles) et sur lequel les rois de France prêtaient serment lors de leur sacrement (apparemment). A propos de ce curieux ouvrage, vous trouverez des kilomètres d'hypothèses dont certaines totalement loufoques. D'abord qu'est-ce que c'est? C'est un manuscrit sur parchemin-vélin de 47 pages et en 2 parties. Les 16 premières pages écrites en cyrillique sont des extraits des évangiles. La seconde partie de 31 pages écrites en glagolitique proviennent des saintes écritures, épîtres et vangiles principalement. L'histoire en gros, est qu'au XIV ème siècle, le bon roi Charles IV fit don aux moines du couvent "na Slovanech" (aussi appelé "Emauzy", Prague, seul couvent dans toute l'Europe centrale -hors Croatie- à perpétuer la liturgie en langue slavonne) des premières feuilles (en cyrillique, contenant apparemment la marque, le nom, la signature ou je ne sais quoi d'ADN de St Procope). Les moines les complétèrent de feuillets en glagolitique, et rajoutèrent en fin de livre que les premières pages (cyrilliques) furent entièrement écrites de la propre main de St Procope (autographe). Le manuscrit complet se retrouva à Constantinople, d'où il arriva en France au XVI ème siècle par l'intermédiaire de Charles de Lorraine, archevêque de Reims (en mission au concile de Trente) qui le croyait alors écrit de la main même de St Jérôme (on lui attribuait l'invention de l'alphabet glagolitique). Les rois de France furent ensuite supposés prêter serment la main sur ce livre lors de leur couronnement jusqu'à la révolution française (enfin un peu avant). Début XVIII ème siècle, le tsar Pierre Ier (dit le grand) visita Reims, informa les intéressés que la première partie (cyrillique) était slave (ben tiens) quant à la seconde (glagolitique), qu'il n'en savait rien (ben tiens aussi). On oublia l'ouvrage jusqu'à la fin du XVIII ème siècle (considéré même un temps comme perdu/détruit), lorsque les slavonistes commencèrent à s'y intéresser d'un point de vue historico-linguistique (retrouvé dans la bibliothèque municipale de Reims, qu'il fut l'ouvrage, mais soulagé des pierres précieuses qui se trouvaient sur la couverture). A ce propos, je vous invite à lire la fantastique étude de "Korwin Jan Jastrzębski", notice sur le texte du sacre, qui vous donnera tous les détails. Je n'ai rien trouvé de plus récent à ce propos, et donc les questions demeurent: la partie cyrillique est-elle vraiment écrite par St Procope (sinon on présume un moine du monastère de "Sázava", ou même une origine kievorus)? La date d'écriture (s'il est de "Sázava", alors il est fort probable qu'il soit encore plus ancien que l'évangile d'Ostromir précisément daté de 1056-1057, le plus ancien manuscrit en cyrillique)? Comment est-il parvenu dans les mains de Charles IV (c.f. "Korwin Jan Jastrzębski")? Les rois de France ont-il vraiment prêté serment dessus (c.f. "Korwin Jan Jastrzębski"), etc...
Maintenant parlons un peu du monastère. Créé donc en 1032, ou n'importe quand vers cette époque, il devint rapidement un lieu d'importance (déjà dit). Au début, les experts pensent que le monastère était en bois, pour être reconstruit en pierres dans le courant du XI ème siècle (c'est de l'info ça). En 1095, lorsque l'église romane (et donc en pierres) fut goupillonnée à l'eau bénite, elle se composait alors d'une seule nef et de 2 tours à cloches, cependant elle n'était pas totalement terminée, l'église, du coup les moines latins durent s'atteler à la tâche de la terminaison. Mais à court de finances, ben ça n'avançait pas. Par contre, ailleurs ça avançait rapidement. Les premières maisons civiles (non religieuses) furent construites à l'est du monastère, de l'autre côté de la rivière et donnèrent naissance au village de "Sázava" (mentionné pour la première fois en 1436). Et pour ne pas laisser la brebis égarée perdue, les moines construisirent aux pauvres bougres villageois l'église de la Ste croix dont vous pouvez voir les fondations dans le jardin de derrière (j'y reviendrai). Pis au milieu du XII ème siècle, on mit les bouchées doubles, et l'église mono-nef devait se transformer en basilique à 3 vaisseaux richement peinte dans le dedans. Mais elle ne fut jamais terminée, seul le vaisseau sud, la tour et le presbytère (qui deviendra l'église d'aujourd'hui) furent érigés. Le cloître, la piaule de l'abbé et l'hospice à pèlerins alors encore en bois furent remplacés par de la bonne pierre. On construisit tout autour du jardin intérieur donc le fameux cloître qui se composait des cellules à moines, de la salle du chapitre (pour les réunions), d'un réfectoire (la foi ne nourrit pas son homme), d'une cuisine, et d'un calefactorium (rare pièce chauffée où les moines pouvaient se dégeler la couenne transie et sécher la frusque humide). Le talent architectural des moines bâtisseurs de l'époque se répercuta même au delà de notre monastère, par exemple en l'église "sv. Prokopa v Záboří nad Labem" qui est aujourd'hui un des plus fantastiques exemples de construction romane en Bohême.
Dans le gothique, on distingue 2 périodes: vers 1340 (parfois 1315), ce sont les augustins du couvent de "Roudnice" qui se mirent à la tâche, parce qu'ils avaient fini le leur, de couvent, et qu'il leur restait du plâtre en rab. Puis vers les années 1360, ce sont les compagnons de Matthieu d'Arras qui remplacèrent les moines et changèrent les plans d'origine, ce qui ne se voit absolument pas. Nos gaillards s'activèrent ainsi jusqu'aux guerres hussites qui finirent par les rattraper. De fait, la fantastique église en grès rose que vous pouvez encore voir aujourd'hui n'est pas en ruine, mais simplement non terminée, laissée en l'état qu'elle était en 1421, lorsque les armées hussites envahirent le domaine pour en prendre possession. Note positive tout de même sur cette période, contrairement à d'autres monastères, couvents et abbayes, "Sázava" ne fut pas détruit brulé. En 1427 est mentionné propriétaire le sieur hussite et morave "Boček z Jevišovic a Kunštátu" (attention, parfois "Boček z Kunštátu a Jevišovic", c'est le même), mais pas plus lui que les autres ne manifestèrent un profond intérêt pour les bâtiments qui, sans entretien, tombèrent doucettement en ruine. En 1547, Ferdinand Ier confisqua le domaine à son propriétaire d'alors ("Diviš Slavata z Chlumu") pour avoir pris part à la révolte des Etats. Mais l'empereur ne s'occupa pas plus du domaine que les hussites. Le choeur de l'église et la crypte finirent par s'effondrer, et le 29 mai 1588, une procession de fervents supporters menée par l'archevêque de Prague "Martin Medek z Mohelnice" (il introduisit le calendrier grégorien en Bohême), assisté (l'archevêque) du fantasque empereur Rudolf II en tête de cortège, une pancarte dans les mains portant mention de "Procope, c'est trop top"... donc une procession vint carrément déterrer la dépouille du saint d'en dessous des débris éboulés pour la ramener à Prague. Pas de bol, St Procope n'habitait pas seul dans la crypte, et comme la sainteté n'est pas marquée sur le front (ni sur les os), ben ils mirent tous les restes de tous les macchabs dans un grand sac, et hop, dans l'église de tous les saints d'au château de Prague. Ceci-dit, c'est pas la première fois qu'on pourrait émettre des doutes sur l'authenticité d'une relique. Encore que l'authenticité dans notre cas est garantie, y a juste qu'elle n'est pas exclusive, genre que le St Procope est un peu mélangé avec d'autres carcasses non sanctifiées. D'ailleurs selon le fameux anthropologue "Emanuel Vlček", qui est à l'os ce que l'andouille est à la ficelle, et qui analysa en 1987 les ossements de la tombe de St Procope en la chapelle de tous les saints, ben ils (les os) appartiendraient à 4 personnes différentes: 2 hommes adultes, une femme adulte et un enfant en bas-âge. Dans son rapport, il rajouta encore que la présence d'un tibia de diplodocus de 2,75 m était soit une plaisanterie de collégien, soit la preuve d'un désordre manifeste dans les affaires de l'église, mais qu'il n'y avait pas besoin d'être anthropologue pour affirmer que cet os là n'appartenait certainement pas à un humain, donc à un saint de surcroît en plus. En 1611, le Rudolf II fit don du domaine à "Adam z Valdštejna" (junior, 1570 - 1638) pour service rendu à la couronne. Pis arriva la guerre de 30 ans, pis la fin de la guerre, pis la recatholisation, pis la remise en état baroque du monastère alors rendu aux moines à partir de 1664. A cet effet, on fit appel à l'architecte "Vít Václav Kaňka" (1650 - 1727, père du fabuleux "František Maxmilian Kaňka"), dont on peut encore lire la signature ainsi que la date de début des travaux (25 décembre 1671) sur le bas de l'encadrement d'une fenêtre de la crypte. En 1687, les travaux les plus urgents furent terminés et l'on en resta là, sans réel achèvement complet. Il semblerait qu'il y eut dissension entre les moines, d'où démotivation, manque d'intérêt, paresse...
En 1746... allez, tiens, devinez-voir, qu'est-ce qui n'est pas encore arrivé au couvent? Eh ouais, un incendie, un vrai qui détruisit tout, l'église, le cloître et les dépendances. Du coup, l'abbé "Slančovský" se décida pour une complète réfection de l'église comme du monastère, et fit appel au plus grand de tous, "Kilián Ignác Dientzenhofer", lequel s'y colla grave dessus, sur l'église, le cloître, le réfectoire... enfin sur la plupart des édifices tout en conservant l'aspect intérieur d'origine (ce qui restait). Quant à la déco picturale, hop on l'a filée à "Jan Karel Kovář". Pas spécialement connu, ce bon bougre s'est pourtant distingué sur la chapelle St Laurent de "Kladno" ("kaple sv. Vavřince"), l'église St Venceslas du couvent de "Broumov", le palais de "Smečno" ou encore sur le couvent de "Břevnov". Bref... donc ce que l'on peut voir aujourd'hui de lui, ce sont les fresques du réfectoire ou encore l'horloge solaire dans le jardin intérieur, mais sur les murs et le plafond du cloître... (j'y reviendrai). En 1785, le monastère fut sécularisé par les réformes de Joseph II et passa dans le privé. L'église monacale quant à elle fut transformée en église paroissiale pour les besoins spirituels du village (en 1788, et devint St Procope à la place Ste Marie de l'assomption et St Jean-Baptiste) et le reste des dépendances (domaine y compris) fut vendu aux enchères en 1804. L'apparence néo-renaissance actuelle du monastère (hors église) date du XIX ème siècle, lorsque le propriétaire voulut donner à sa demeure une forme de palais en supprimant toute trace de religieux (il fit en particulier crépir en blanc les murs intérieurs du cloître, mais j'y reviendrai). En 1948, le domaine fut étatisé, et en 1962 déclaré patrimoine culturel parce que quand même, ce domaine concentre à lui seul un millénaire d'architecture. Tiens, aujourd'hui en style "tout en bois" se trouvent des restes (de bois) sous les planchers des ailes sud du monastère comme de l'église (ben ouais, je sais, on ne voit rien, mais ça s'y trouve, c'est sur des photos). En roman sont les fondations de l'église de la Ste croix. En gothique vous pouvez admirer le gros oeuvre (murs et fondations) de la basilique inachevée de la vierge-Marie (en grès rose), la tour accolée, ainsi qu'une partie de la salle du chapitre d'avec les peintures du XIV ème siècle (j'y reviendrai). Le baroque est représenté par l'église St Procope, comme par le réfectoire (dedans). Et il y a même du néo-renaissance, en entrant, avec les bâtiments du monastère. Et même mieux, selon les spécialistes, le fronton de l'église avec sa vierge Marie serait rococo, en y regardant bien de plus près.
Quelques mots du parc où que les fondations de la Ste croix s'y trouvent. D'abord il est à signaler que ces fondations furent mises à jour seulement dans les années 1970 lors de vastes fouilles (bon courage :-) et qu'il fut également trouvé moult fourbis (outils, poteries, restes de cassoulet...) qui attestent de la présence humaine laïque en ce parc lors du tout premier peuplement vers 1061 (au retour de moines de Hongrie). A partir de la fin du XIII ème siècle, l'endroit devenant exigu, nos laïcs commencèrent à s'installer de l'autre côté de la rivière. Au XIV ème siècle (peut-être même avant) un mur d'enceinte protégeait le monastère comme les moines, et encore aujourd'hui on peut en voir des restes sous la forme des murs entourant le parc. La tonnelle (gloriette) était avant la tour (gothique) d'entrée dans le site par la route de Prague. Après la désacralisation du monastère (en 1785), les nouveaux propriétaires transformèrent le parc en jardin à la française dont tout le monde finit par ne plus s'occuper. Ce n'est qu'après les fouilles (curieuses), dans les années 1980, que l'on redonna un visage humain à toute cette flore hirsute. Parenthèse sur l'église de la Ste croix donc. Elle fut consacrée par l'évêque de Prague "Gebhart" en 1070 comme indiqué dans les susmentionnées annales du moine inconnu du monastère: "1070. Indictione IV, epacta VI, concurrente II, III Kal. Julii praesul Gebehardus consecravit ecclesiam in Zazoa in honore sanctae crucis [...]" (le terme "praesul" signifiant directeur, protecteur... pour designer "l'évêque" fut souvent employé au moyen-âge, comme pour l'évêque de Rouen Raginfridus, "Raginfridus praesul aecclesiae Ratumagensis", mais vous trouverez également "pontifex", "antistes" ou plus classiquement "episcopus" voire "biscopus". Idem pour le nom "Sázava", vous trouverez "Zazoa", "Zazava" comme "Sassava"). Et donc ces fondations sont pour le moins inhabituelles pour la Bohême. D'aucuns affirment qu'elles seraient d'origine byzantine (influence des églises orthodoxes sur nos moines lors de leur séjour hongrois), en croix grecque (mais alors avec des bouts arrondis), ou plutôt en trèfle à 4 feuilles symétriques, et même certains vont jusqu'à dire que le modèle serait carrément l'église du St Sépulcre de Jésuralem. Z'ont fumé les certains ou quoi? C'est totalement différent, ouais. Bref, et c'est tout ce que l'on sait sur cette église. J'ai même pas trouvé une date de début de délabrement, ni de ruine.
Retour au cloître. Vous vous souvenez que l'abbé "Slančovský" demanda à "Jan Karel Kovář" de faire quelques gribouillis dans l'édifice reconstruit en baroque, et qu'au XIX ème siècle les murs (comme les voûtes) furent crépis en blanc, vous vous souvenez? Ben tenez-vous bien, car c'est un scoop. En août 2007, quelques semaines avant ma visite, les restaurateurs mirent quelques coups de scalpel sur la chaux, enlevèrent une couche de crépi, une seconde couche de crépi... et sous la neuvième couche, ils découvrirent une dixième qui contient les fresques murales et baroques de "Jan Karel Kovář". C'est énorme, et c'est partout dans le cloître à en croire les sondes (c.f. mes photos). Selon les documents d'époque, on y verrait des scènes de la vie de St Procope, la fondation du monastère sous les bons auspices des princes "Oldřich" et "Břetislav", le labourage de la terre avec le diable attelé à la charrue, apparition de St Procope au pape Innocent III (qui le sanctifia), et encore 15 autres scènes... énorme vous dis-je. Maintenant il reste à analyser l'état de la couche peinturlurée afin de savoir si elle peut être découverte à l'air libre, et restaurer un minimum les oeuvres, en particulier les saignées pratiquées par les électriciens con-munistes dans le "mou" (plâtre) des murs afin de tirer des câbles et poser des prises électriques dans tout l'édifice. Alors ne vous précipitez pas pour voir ces chefs-d'oeuvre, car la durée des travaux de restauration est estimée à une bonne dizaine d'années :-( Ca fout les boules. Pis comme on parle restauration, z'aurez sans aucun doute remarqué les échafaudages sur la tour gothique de mes photos. Ben ouais, désolé, mais pareil, les gars masticoplastiquaient centimètre par centimètre chaque pierre de l'édifice qui s'effritait, afin de le protéger des gaz polluants et de l'humidité.
Parlons maintenant de la salle du chapitre, et plus particulièrement des fresques gothiques d'environ 1340 (1370 selon une autre source) tout à fait exceptionnelles (selon la guide), de peintre inconnu mais fort probablement issu de l'école de Giotto. Le thème est des plus classiques, la vie de la vierge (Marie). Bon rien d'original jusque là. Sauf qu'une des fresques représente la vierge Marieen sainte... enceinte, et selon la guide il s'agirait d'une représentation exceptionnelle. Ah ouais? Alors déjà on ne dit pas enceinte, mais en terme iconographique on parle de "vierge parturiente", ce qui est totalement erroné. Erroné parce qu'elle ne met pas encore bas, mais ne fait que porter, ensuite parce que j'ai le fort sentiment que la vierge Marie est nullipare, car je ne me souviens pas avoir lu/entendu parler de parturition chez la vierge Marie, et pour cause, puisque le Christ fut incarné, aucunement né. Bref... et donc des vierges parturientes, j'en connais au moins 3, la petite statuette de la fameuse église de Cucugnan (dont le curé a les...), celle polémique du fronton du portail central de la cathédrale de Reims dite "le couronnement de la vierge", et la plus connue de toutes, la vierge de l'espérance par "Piero della Francesca". Alors exceptionnelle celle de "Sázava"? La seconde, dite "Madona Sázavská" (la madone de "Sázava") représente la vierge admonestant son gnard d'une main, le tenant par la main de l'autre (main). Je ne connais aucun équivalent, sinon la fameuse raclée par "Max Ernst" au musée Ludwig de Cologne, mais c'est un peu différent (gronder versus fesser). Et donc si vous connaissez une représentation semblable d'une telle scène de grondage, écrivez-moi please. Admirez également les 16 anges de la voûte, et leurs différentes gestuelles. Pis n'oublions pas encore le pilier central (appelé l'arbre de vie) de cette salle (du chapitre) qui supporte toute la voûte. Il est richement décoré de basilics, de serpents, et d'autres sales bêtes vénéneuses vivant dans les enfers.
Bon, encore un mot sur le miraculeux tableau de St Procope qui se trouve dans l'église du monastère. Il aurait été peint vers 1600, bien après la mort du saint (ce qui explique qu'il ait les yeux fermés) et se trouvait alors dans le cloître. En 1638, une jeune fille aurait vu le visage de St Procope sur le tableau se mouvoir, comme vivant, ouvrant les yeux et regardant autour de lui. Elle collapsa (d'abord qu'est-ce qu'une jeune fille foutait dans un cloître de moines abstinents?). Rebelote en 1660 sous les yeux des sieurs "z Louňovic" et "ze Šternberka" (à nouveau que foutaient ces 2 bougres dans un cloître de moines?). Du coup on mit le tableau en l'église, plus appropriée aux miracles qu'un cloître aspirant au calme et à la sérénité. Mais ça continuait tout plein, en 1710, devant des témoins avérés comme "František Maxmilian Kaňka" (ce dont on peut grandement douter car c'est son père "Vít Václav" qui s'occupa de la reconstruction du monastère), devant le prêtre en pleine messe, et même des bus entiers de touristes japonais virent le St Procope faire l'andouille au tableau (mais pas une photo témoin, c'est interdit). Devant tant de témoignages irréfutables, l'archevêque de Prague envoya une commission d'enquête enquêter. Et paf, même devant eux, Procope leur faisait des clins d'oeil. En 1711, le tableau fut déclaré "vénérable". En 1746 le tableau survécut par miracle à l'incendie. En 1764 quelques 85 témoins affirmèrent par écrit sous la foi du serment qu'ils virent St Procope ouvrir les yeux, changer d'expression du visage, et se gratter les roubignoles de sa crosse. Les derniers témoins d'un miracle (daté du 20 juillet 2006) seraient des guides et administrateurs du monastère qui, aux dires de l'abbé, ne seraient même pas croyants (ce qui amplifie leur crédibilité, pour sûr). Et tout ça jusqu'en 2007, où Strogoff visita le monastère, l'église, regarda le tableau et rien. Il ne se passa strictement rien.
Encore un miracle, un vrai. Au monastère se trouveraient encore la tasse et la cuillère en bois de St Procope (mais je ne me souviens pas de les avoir vues), qu'étant petit, il aurait adroitement sculptées de ses mimines à l'atelier de travaux manuels de la garderie de "Sázava". Cette vaisselle est miraculeuse, et a le pouvoir de guérir (les malades, de nombreuses preuves existent). Mais encore plus miraculeux, est l'histoire de ces objets, telle qu'elle nous est rapportée par le webmaster de la paroisse romaine-catholique dudit village. "Lors des guerres hussites, la tasse fut volée, mais dieu veilla à ce qu'elle ne se perdit point. Ceux qui la volèrent, la jetèrent sur le chemin qui mène du monastère par le mont Veletín vers Prague. Quelques temps plus tard, une femme de Sázava la trouva, et l'apporta aux sieurs z Valdštejna à Komorní Hrádek. Durant la guerre de 30 ans, la tasse fut également protégée de la destruction voire du vol, et en l'an 1669 rendue au monastère. Après la désacralisation par Joseph II, la tasse se perdit à nouveau pour être retrouvée avec la cuillère en 1811 à Broumov. Le propriétaire de l'église Vilém Tiegel ainsi que le curé de Sázava Jan Chmel réussirent à rapatrier les souvenirs au monastère où ils se trouvent encore, dans la sacristie." S'en suivent quelques descriptions de miracles dont furent gratifiés les bienheureux qui burent à la Ste tasse. Sans dec, à la lecture de ce texte, comment ne pas croire fermement en St Procope et aux miracles, à moins d'être comme moi aveuglincrédulidiot? Et si vous croyez aux miracles, alors regardez les 56 mètres de la tour gothique, cherchez et trouvez toutes les étoiles en pierre qui se trouvent dessus, sur les murs extérieurs de la tour. Celui qui les trouve toutes, les étoiles, et qui fait une 'tite prière à St Procope, ben il verra son rêve le plus cher se réaliser. Il me semble qu'il y en a 3 des étoiles à trouver, mais chuis plus sûr, demandez à la guide si vous voulez gagner. Moi j'ai trouvé une étoile, comme ça, par hasard, mais je ne me souviens même plus où elle est.
En conclusion, le monastère de "Sázava" est à voir et à visiter sans aucun doute. Il est à voir et à visiter pour son architecture, pour son histoire, et pour tout ce qu'il représente dans la culture tchèque (voire slave), religieuse comme laïque. Remerciements spéciaux à Madame la conservatrice qui fut non seulement accueillante, charmante, mais compréhensive de surcroît puisqu'à la question du photographiage, elle répondit en souriant "goupillez ça discrètement avec la guide, mais chuis sûr qu'elle vous laissera prendre quelques photos." Remerciements spéciaux à la jeune guide qui fut non seulement accueillante, charmante, mais compréhensive de surcroît puisqu'à la question du photographiage, elle répondit en souriant "discrètement et rapidement, mais attendez que les autres touristes quittent la salle." Griefs spéciaux aux imbéciles visitant comme nous et qui non seulement moisissaient bêtement dans toutes les salles afin que je ne puisse pas photographier, mais surveillaient ma conduite de surcroît (je finis par ne pas faire la moindre photo afin de ne pas mettre la petite dans l'embarras vis-à-vis de cette bande de misérables peigne-culs au comportement de collabos sous l'occupation con-muniste, les sales cons indécrottables). Et mention toute spéciale à l'empereur des imbéciles, qui non seulement notait soigneusement au crayon à mine sur son bloc-notes de psychopathe toutes les inexactitudes et carences des allocutions de la pauv' petite afin de les lui faire amèrement remarquer, mais se ventousait à elle comme l'haleine fétide au gingivitard chronique m'empêchant de prendre la moindre photo (n'étant pas le dernier sorti). Et pour terminer, je livre à votre réflexion ces fameux aphorismes typiquement slaves, pluie à la St Procope, virus dans l'microscope, et à la St Procope, souffle les cierges et brûle un clope.
St Procope serait né à "Chotouň" (bled près de "Český Brod") vers les années 970 à 990 après
Des centaines de légendes se rapportent à St Procope, et donc je ne peux m'empêcher de vous familiariser avec les plus connues. Encore gamin, les parents du petit Procope cherchaient vainement une source d'eau afin de creuser un puits sur leur domaine. Ben hop, le petit Procope creusa un petit trou de ses adroites mimines et hop, l'eau jaillit du sol et coule encore aujourd'hui (c.f. "studánka Vosovka"). Bon, l'eau me direz-vous ok, mais savait-il faire autre chose. Ben ouais, tiens, lors de sa rencontre avec "Oldřich", il tendit au prince assoiffé une outre pleine d'eau. Lorsqu'il eut goulotté la première lampée qu'il recracha, l'assoiffé s'esclaffa "ha ha ha, mais sais-tu qui nous sommes le moine? Nous donner de l'eau à nous? Cours-nous chercher du vin crénom di diou avant que nous ne t'assenions au séant nos augustes arpions." Procope tendit alors la même outre au même prince "Oldřich", qui eut alors la surprise de s'apercevoir que l'eau fut changée en vin. Et pas en n'importe quelle piquette comme celle du célèbre barbu lors des noces de Cana, non, un Château Lafite Rothschild 1945 s'il vous plaît. Cette scène est représentée dans le réfectoire (c.f. les peintures baroques de "Jan Karel Kovář"). Et attends, encore... Alors qu'il s'en revenait des champs, une roue du chariot se brisa sous le poids des cultures transgéniques. Ben hop, une prière, et le Procope obligea le diable en personne à se rouler en boule autour de l'essieu. Mais ça c'est rien, selon le grand "Jaroslav Vrchlický" ("Legenda o sv. Prokopu"), St Procope aurait carrément attelé le diable à sa charrue pour lui faire creuser le fameux sillon du diable ("Čertova brázda"). Et même après sa mort, il miraculait encore (oooh Bali-Balo...) Tiens, en 1203 St Procope apparut à l'abbé "Blažej", lui commanda d'écrire tout sur sa vie (à St Procope), sur ses miracles, en couleur et avec des images pour les imbéciles, puis d'apporter tout ce lourd fourbi au papàrome (Innocent III) afin qu'il le canonise (toujours St Procope). L'abbé s'exécuta, et même prestement, puisque dans la même année il acheva son devoir, s'assit sur le dos d'un âne et trottina ainsi jusqu'à Rome. Par contre le pape lui n'était pas pressé, l'avait tout son temps ce faignant pontifical, et surtout il n'avait pas encore terminé le dernier Paul-Loup Sulitzer alors les couillonneries de St Procope, même avec des images... pour vous dire comme il s'en frictionnait le coquillard à l'aide du coude de la main droite. Au bout d'un an d'attente, St Procope prit personnellement les choses en main (celles du pape), et apparut au saint-père: "Comment te permets-tu [...] sac à péchés ("nádobo hříchu") [...] fissa-fissa dare-dare [...] sinon je te fiche ta crosse en travers du groin." Et de rajouter "i, missa est" avant de lui raccrocher le téléphone au nez. Et du coup, ben le pape nous le canonisa le lendemain matin dès le réveil, le 4 juillet 1204 entre la prime et les matines, avant même les muslis et le café au lait. Dis-donc, je me demande si je ne devrais pas m'inspirer de ce viril langage pour négocier mon augmentation de salaire? Sans dec, Procope c'est autrement plus fort que Clark Kent.
Après les légendes, les faits, car on sait quand même des
Iconographie, eh oui, aussi. Au tout début, au moyen-âge, on représentait St Procope en moine bénédictin, parfois glabre, parfois barbu, habillé en robe de bure avec capuche et larges manches, accompagné d'une crosse dans la main, ou/et d'un livre, et parfois d'une biche à ses pieds qui lui donnait son lait à boire (comme à St Ivan de Bohême, pareil). Il était filmé comme ça jusqu'au XIV ème siècle où il commença à évoluer. D'abord on lui mit une mitre sur la tête pour faire plus abbé (ah bon?), et avec toutes ces légendes liées au diable apprivoisé par St Procope, on le représenta très souvent (à partir du baroque) en compagnie de son faire-valoir enchaîné à (voire sous) ses pieds. Sur les tableaux, eaux fortes, gravures... on aperçoit parfois en arrière plan le monastère de "Sázava", et parfois pas. A partir du XVII ème siècle, on commença à illustrer les biographies et les légendes de St Procope par des images nombreuses, cependant pauvres iconographiquement (industrialisation, production de masse, médinechaillenatisation). Au XVII ème siècle, on rajouta aux gravures de l'ermite d'autres ermites comme St Ivan de Bohême, St Gunther ou St Adalbert. Finalement en période romantique (XIX ème siècle), l'ermite Procope devint un sujet fréquent d'inspiration pour les artistes d'alors ("Josef Václav Myslbek", "Mikoláš Aleš"...) de par son aspect contemplatif, détaché du matériel, quasi-hippie mais aussi pour son symbolisme national et son authenticité slave.
Le culte de St Procope s'est particulièrement développé à partir du XVI ème siècle sous la forme de sculptures (innombrables), d'églises consacrées (innombrables aussi), mais encore sous la forme de poèmes (Šimon Lomnický z Budče), de textes ("Bedřich Bridel, Sláva Svatoprokopská" i.e. "Fridrich Bridelius, Die Herrlichkeit des Heiligen Prokop"), mais aussi sous la forme musicale ("Josef Bohuslav Foerster"). L'importance de St Procope et de son monastère fut énorme pour le monde slave tout entier. Dès ses origines, "Sázava" fut un centre religieux, de pratique comme d'enseignement, mais également un centre de développement intellectuel et culturel, car on y enseignait aussi la musique, la peinture, l'architecture, et les lettres (glagolitiques). Les contacts entre les divers monastères étaient fréquents, avec la Hongrie, la Slovaquie, les Balkans mais aussi avec la "Kyjevská Rus" (empire slave à l'origine de la Russie, Biélorussie et de l'Ukraine) par l'intermédiaire du monastère "kyjevo-pečerská lávra" (que l'on traduit bizarrement en Français par la Laure des Grottes de Kiev!?). Vers 1071, les moines de "Sázava" reçurent par exemples des évêques russes quelques bouts de reliques archi-saintes des premiers saints russes Boris et Gleb. Ces bouts de reliques furent saintement placés en des chapelles adéquates lors de la consécration de l'église en 1095 par le grand Cosmas, alors évêque de Prague, en présence du dernier abbé slave de "Sázava", "Božetěch": "1095. Eodem anno II Idus Octobris consecratum est oratorium in Zazoa a venerabili sanctae Pragensis ecclesiae octavo episcopo Cosma, quod Bozetech, eiusdem loci abbas [...] Deinde tertia die, quod est XVII Kal. Novembris, consecrata sunt duo altaria, unum a dextris, in quo continentur reliquiae [...] sancti Glebii et socii eius [...]" Lecture: "Roman Jakobson, The Czech Part in Church Slavonic Culture".
Et tiens, quelques oeuvres littéraires grandioses du monastère de "Sázava". Ici furent traduites dans la seconde moitié du XI ème siècle les 40 homélies de Grégoire le grand ("XL homiliarum in evangelia libri duo") du Latin en Slavon. Outre que ce texte est considéré comme un exemple de simplicité stylistique et d'enseignement moral (euh...), il est le plus long jamais écrit dans la période des princes Prémyslides. Lorsque nos moines slaves furent définitivement chassés du monastère (en 1097), la traduction arriva en Kievorus où curieusement, elle conserva durant les siècles ses caractéristiques ouest-slaves en particulier lexicographiques et paléographiques. La version originelle a certes disparue, mais on compte encore 16 copies fidèles (en cyrillique majuscule) et complètes (grâce à la tradition russe du manuscrit), qui s'étalent entre le XIII ème et le XVIII ème siècle. Parenthèse. Bien que le cyrillique soit à l'origine de l'alphabet russe (qu'on appelle "azbuka" de par les premières lettres de son alphabet "А - azъ" et "Б - buky", comme l'abcédé), il n'est pas identique, et surtout il n'a plus évolué (hors Croatie) contrairement à l'azbuka. Et ce qui est fantastique dans notre traduction slave des 40 homélies, c'est que les 16 copies made in CCCP s'étalant sur 5 siècles, ont conservé leurs spécificités calligraphiques sans céder à l'azbukisation. Fin de parenthèse. Est également née à "Sázava" la version slavonne de la seconde légende de St Venceslas (originellement latine). Parenthèse. Des légendes sur St Venceslas, il en existe officiellement 2, mais selon les personnes, les périodes... Le premier texte (et le plus crédible) est apparu vers 950, juste après la mort du prince Venceslas. Il est factuel, détaillé, écrit originellement en glagolitique. Aujourd'hui il n'existe plus que des copies en cyrillique. Ensuite il y eut la fameuse version latine "Crescente fide christiana" que l'on appelle officiellement "la première légende", apparue vers 980 (liée fort probablement à la naissance de l'évêché de Prague, en 947) et qui reprend des éléments du texte originel. Il existe une version "tchèque" et une version "bavaroise" (écrite à Ratisbonne au couvent de St Emmeram) mais aucune des 2 n'est complète. Dans la même période, et probablement dans la même année (980) est apparue "Passio sancti Vencezlavi martiris" par "Gumpold", l'évêque de Mantoue, sur commande de l'empereur du St empire romain-germanique Otto II, qui n'arrivait pas à s'endormir la nuit sans lecture. Cette oeuvre contient beaucoup de miracles, peu de faits, et se distance ainsi des chroniques/annales dignes de foi. Ajoutez à ce roman quelques autres textes en Latin sur la vie du prince (Venceslas), et vous obtenez ce que l'on nomme officiellement "la seconde légende de St Venceslas", et c'est cette seconde légende qui fut traduite en slavon au monastère de "Sázava". Les écrits de "Gumpold" seront encore suivis par la légende de Christian, "Legenda Christiani, Vita et passio sancti Venceslai et sanctae Ludmilae aviae eius" écrite en toute fin du X ème siècle. Cette même verve épique et romancée amènera certains historiens à douter de son authenticité, genre qu'il s'agirait d'un texte du XIII ème, voire du XIV ème siècle, mais aujourd'hui on sait qu'il n'en est rien, que la "Legenda Christiani" est bien de la fin du X ème. Fin de parenthèse. Evidemment, je ne peux pas faire l'impasse sur l'ouvrage appelé l'évangéliaire de Reims, ou encore le texte du sacre qui se trouve à la bibliothèque municipale de Reims (aux dernières nouvelles) et sur lequel les rois de France prêtaient serment lors de leur sacrement (apparemment). A propos de ce curieux ouvrage, vous trouverez des kilomètres d'hypothèses dont certaines totalement loufoques. D'abord qu'est-ce que c'est? C'est un manuscrit sur parchemin-vélin de 47 pages et en 2 parties. Les 16 premières pages écrites en cyrillique sont des extraits des évangiles. La seconde partie de 31 pages écrites en glagolitique proviennent des saintes écritures, épîtres et vangiles principalement. L'histoire en gros, est qu'au XIV ème siècle, le bon roi Charles IV fit don aux moines du couvent "na Slovanech" (aussi appelé "Emauzy", Prague, seul couvent dans toute l'Europe centrale -hors Croatie- à perpétuer la liturgie en langue slavonne) des premières feuilles (en cyrillique, contenant apparemment la marque, le nom, la signature ou je ne sais quoi d'ADN de St Procope). Les moines les complétèrent de feuillets en glagolitique, et rajoutèrent en fin de livre que les premières pages (cyrilliques) furent entièrement écrites de la propre main de St Procope (autographe). Le manuscrit complet se retrouva à Constantinople, d'où il arriva en France au XVI ème siècle par l'intermédiaire de Charles de Lorraine, archevêque de Reims (en mission au concile de Trente) qui le croyait alors écrit de la main même de St Jérôme (on lui attribuait l'invention de l'alphabet glagolitique). Les rois de France furent ensuite supposés prêter serment la main sur ce livre lors de leur couronnement jusqu'à la révolution française (enfin un peu avant). Début XVIII ème siècle, le tsar Pierre Ier (dit le grand) visita Reims, informa les intéressés que la première partie (cyrillique) était slave (ben tiens) quant à la seconde (glagolitique), qu'il n'en savait rien (ben tiens aussi). On oublia l'ouvrage jusqu'à la fin du XVIII ème siècle (considéré même un temps comme perdu/détruit), lorsque les slavonistes commencèrent à s'y intéresser d'un point de vue historico-linguistique (retrouvé dans la bibliothèque municipale de Reims, qu'il fut l'ouvrage, mais soulagé des pierres précieuses qui se trouvaient sur la couverture). A ce propos, je vous invite à lire la fantastique étude de "Korwin Jan Jastrzębski", notice sur le texte du sacre, qui vous donnera tous les détails. Je n'ai rien trouvé de plus récent à ce propos, et donc les questions demeurent: la partie cyrillique est-elle vraiment écrite par St Procope (sinon on présume un moine du monastère de "Sázava", ou même une origine kievorus)? La date d'écriture (s'il est de "Sázava", alors il est fort probable qu'il soit encore plus ancien que l'évangile d'Ostromir précisément daté de 1056-1057, le plus ancien manuscrit en cyrillique)? Comment est-il parvenu dans les mains de Charles IV (c.f. "Korwin Jan Jastrzębski")? Les rois de France ont-il vraiment prêté serment dessus (c.f. "Korwin Jan Jastrzębski"), etc...
Maintenant parlons un peu du monastère. Créé donc en 1032, ou n'importe quand vers cette époque, il devint rapidement un lieu d'importance (déjà dit). Au début, les experts pensent que le monastère était en bois, pour être reconstruit en pierres dans le courant du XI ème siècle (c'est de l'info ça). En 1095, lorsque l'église romane (et donc en pierres) fut goupillonnée à l'eau bénite, elle se composait alors d'une seule nef et de 2 tours à cloches, cependant elle n'était pas totalement terminée, l'église, du coup les moines latins durent s'atteler à la tâche de la terminaison. Mais à court de finances, ben ça n'avançait pas. Par contre, ailleurs ça avançait rapidement. Les premières maisons civiles (non religieuses) furent construites à l'est du monastère, de l'autre côté de la rivière et donnèrent naissance au village de "Sázava" (mentionné pour la première fois en 1436). Et pour ne pas laisser la brebis égarée perdue, les moines construisirent aux pauvres bougres villageois l'église de la Ste croix dont vous pouvez voir les fondations dans le jardin de derrière (j'y reviendrai). Pis au milieu du XII ème siècle, on mit les bouchées doubles, et l'église mono-nef devait se transformer en basilique à 3 vaisseaux richement peinte dans le dedans. Mais elle ne fut jamais terminée, seul le vaisseau sud, la tour et le presbytère (qui deviendra l'église d'aujourd'hui) furent érigés. Le cloître, la piaule de l'abbé et l'hospice à pèlerins alors encore en bois furent remplacés par de la bonne pierre. On construisit tout autour du jardin intérieur donc le fameux cloître qui se composait des cellules à moines, de la salle du chapitre (pour les réunions), d'un réfectoire (la foi ne nourrit pas son homme), d'une cuisine, et d'un calefactorium (rare pièce chauffée où les moines pouvaient se dégeler la couenne transie et sécher la frusque humide). Le talent architectural des moines bâtisseurs de l'époque se répercuta même au delà de notre monastère, par exemple en l'église "sv. Prokopa v Záboří nad Labem" qui est aujourd'hui un des plus fantastiques exemples de construction romane en Bohême.
Dans le gothique, on distingue 2 périodes: vers 1340 (parfois 1315), ce sont les augustins du couvent de "Roudnice" qui se mirent à la tâche, parce qu'ils avaient fini le leur, de couvent, et qu'il leur restait du plâtre en rab. Puis vers les années 1360, ce sont les compagnons de Matthieu d'Arras qui remplacèrent les moines et changèrent les plans d'origine, ce qui ne se voit absolument pas. Nos gaillards s'activèrent ainsi jusqu'aux guerres hussites qui finirent par les rattraper. De fait, la fantastique église en grès rose que vous pouvez encore voir aujourd'hui n'est pas en ruine, mais simplement non terminée, laissée en l'état qu'elle était en 1421, lorsque les armées hussites envahirent le domaine pour en prendre possession. Note positive tout de même sur cette période, contrairement à d'autres monastères, couvents et abbayes, "Sázava" ne fut pas détruit brulé. En 1427 est mentionné propriétaire le sieur hussite et morave "Boček z Jevišovic a Kunštátu" (attention, parfois "Boček z Kunštátu a Jevišovic", c'est le même), mais pas plus lui que les autres ne manifestèrent un profond intérêt pour les bâtiments qui, sans entretien, tombèrent doucettement en ruine. En 1547, Ferdinand Ier confisqua le domaine à son propriétaire d'alors ("Diviš Slavata z Chlumu") pour avoir pris part à la révolte des Etats. Mais l'empereur ne s'occupa pas plus du domaine que les hussites. Le choeur de l'église et la crypte finirent par s'effondrer, et le 29 mai 1588, une procession de fervents supporters menée par l'archevêque de Prague "Martin Medek z Mohelnice" (il introduisit le calendrier grégorien en Bohême), assisté (l'archevêque) du fantasque empereur Rudolf II en tête de cortège, une pancarte dans les mains portant mention de "Procope, c'est trop top"... donc une procession vint carrément déterrer la dépouille du saint d'en dessous des débris éboulés pour la ramener à Prague. Pas de bol, St Procope n'habitait pas seul dans la crypte, et comme la sainteté n'est pas marquée sur le front (ni sur les os), ben ils mirent tous les restes de tous les macchabs dans un grand sac, et hop, dans l'église de tous les saints d'au château de Prague. Ceci-dit, c'est pas la première fois qu'on pourrait émettre des doutes sur l'authenticité d'une relique. Encore que l'authenticité dans notre cas est garantie, y a juste qu'elle n'est pas exclusive, genre que le St Procope est un peu mélangé avec d'autres carcasses non sanctifiées. D'ailleurs selon le fameux anthropologue "Emanuel Vlček", qui est à l'os ce que l'andouille est à la ficelle, et qui analysa en 1987 les ossements de la tombe de St Procope en la chapelle de tous les saints, ben ils (les os) appartiendraient à 4 personnes différentes: 2 hommes adultes, une femme adulte et un enfant en bas-âge. Dans son rapport, il rajouta encore que la présence d'un tibia de diplodocus de 2,75 m était soit une plaisanterie de collégien, soit la preuve d'un désordre manifeste dans les affaires de l'église, mais qu'il n'y avait pas besoin d'être anthropologue pour affirmer que cet os là n'appartenait certainement pas à un humain, donc à un saint de surcroît en plus. En 1611, le Rudolf II fit don du domaine à "Adam z Valdštejna" (junior, 1570 - 1638) pour service rendu à la couronne. Pis arriva la guerre de 30 ans, pis la fin de la guerre, pis la recatholisation, pis la remise en état baroque du monastère alors rendu aux moines à partir de 1664. A cet effet, on fit appel à l'architecte "Vít Václav Kaňka" (1650 - 1727, père du fabuleux "František Maxmilian Kaňka"), dont on peut encore lire la signature ainsi que la date de début des travaux (25 décembre 1671) sur le bas de l'encadrement d'une fenêtre de la crypte. En 1687, les travaux les plus urgents furent terminés et l'on en resta là, sans réel achèvement complet. Il semblerait qu'il y eut dissension entre les moines, d'où démotivation, manque d'intérêt, paresse...
En 1746... allez, tiens, devinez-voir, qu'est-ce qui n'est pas encore arrivé au couvent? Eh ouais, un incendie, un vrai qui détruisit tout, l'église, le cloître et les dépendances. Du coup, l'abbé "Slančovský" se décida pour une complète réfection de l'église comme du monastère, et fit appel au plus grand de tous, "Kilián Ignác Dientzenhofer", lequel s'y colla grave dessus, sur l'église, le cloître, le réfectoire... enfin sur la plupart des édifices tout en conservant l'aspect intérieur d'origine (ce qui restait). Quant à la déco picturale, hop on l'a filée à "Jan Karel Kovář". Pas spécialement connu, ce bon bougre s'est pourtant distingué sur la chapelle St Laurent de "Kladno" ("kaple sv. Vavřince"), l'église St Venceslas du couvent de "Broumov", le palais de "Smečno" ou encore sur le couvent de "Břevnov". Bref... donc ce que l'on peut voir aujourd'hui de lui, ce sont les fresques du réfectoire ou encore l'horloge solaire dans le jardin intérieur, mais sur les murs et le plafond du cloître... (j'y reviendrai). En 1785, le monastère fut sécularisé par les réformes de Joseph II et passa dans le privé. L'église monacale quant à elle fut transformée en église paroissiale pour les besoins spirituels du village (en 1788, et devint St Procope à la place Ste Marie de l'assomption et St Jean-Baptiste) et le reste des dépendances (domaine y compris) fut vendu aux enchères en 1804. L'apparence néo-renaissance actuelle du monastère (hors église) date du XIX ème siècle, lorsque le propriétaire voulut donner à sa demeure une forme de palais en supprimant toute trace de religieux (il fit en particulier crépir en blanc les murs intérieurs du cloître, mais j'y reviendrai). En 1948, le domaine fut étatisé, et en 1962 déclaré patrimoine culturel parce que quand même, ce domaine concentre à lui seul un millénaire d'architecture. Tiens, aujourd'hui en style "tout en bois" se trouvent des restes (de bois) sous les planchers des ailes sud du monastère comme de l'église (ben ouais, je sais, on ne voit rien, mais ça s'y trouve, c'est sur des photos). En roman sont les fondations de l'église de la Ste croix. En gothique vous pouvez admirer le gros oeuvre (murs et fondations) de la basilique inachevée de la vierge-Marie (en grès rose), la tour accolée, ainsi qu'une partie de la salle du chapitre d'avec les peintures du XIV ème siècle (j'y reviendrai). Le baroque est représenté par l'église St Procope, comme par le réfectoire (dedans). Et il y a même du néo-renaissance, en entrant, avec les bâtiments du monastère. Et même mieux, selon les spécialistes, le fronton de l'église avec sa vierge Marie serait rococo, en y regardant bien de plus près.
Quelques mots du parc où que les fondations de la Ste croix s'y trouvent. D'abord il est à signaler que ces fondations furent mises à jour seulement dans les années 1970 lors de vastes fouilles (bon courage :-) et qu'il fut également trouvé moult fourbis (outils, poteries, restes de cassoulet...) qui attestent de la présence humaine laïque en ce parc lors du tout premier peuplement vers 1061 (au retour de moines de Hongrie). A partir de la fin du XIII ème siècle, l'endroit devenant exigu, nos laïcs commencèrent à s'installer de l'autre côté de la rivière. Au XIV ème siècle (peut-être même avant) un mur d'enceinte protégeait le monastère comme les moines, et encore aujourd'hui on peut en voir des restes sous la forme des murs entourant le parc. La tonnelle (gloriette) était avant la tour (gothique) d'entrée dans le site par la route de Prague. Après la désacralisation du monastère (en 1785), les nouveaux propriétaires transformèrent le parc en jardin à la française dont tout le monde finit par ne plus s'occuper. Ce n'est qu'après les fouilles (curieuses), dans les années 1980, que l'on redonna un visage humain à toute cette flore hirsute. Parenthèse sur l'église de la Ste croix donc. Elle fut consacrée par l'évêque de Prague "Gebhart" en 1070 comme indiqué dans les susmentionnées annales du moine inconnu du monastère: "1070. Indictione IV, epacta VI, concurrente II, III Kal. Julii praesul Gebehardus consecravit ecclesiam in Zazoa in honore sanctae crucis [...]" (le terme "praesul" signifiant directeur, protecteur... pour designer "l'évêque" fut souvent employé au moyen-âge, comme pour l'évêque de Rouen Raginfridus, "Raginfridus praesul aecclesiae Ratumagensis", mais vous trouverez également "pontifex", "antistes" ou plus classiquement "episcopus" voire "biscopus". Idem pour le nom "Sázava", vous trouverez "Zazoa", "Zazava" comme "Sassava"). Et donc ces fondations sont pour le moins inhabituelles pour la Bohême. D'aucuns affirment qu'elles seraient d'origine byzantine (influence des églises orthodoxes sur nos moines lors de leur séjour hongrois), en croix grecque (mais alors avec des bouts arrondis), ou plutôt en trèfle à 4 feuilles symétriques, et même certains vont jusqu'à dire que le modèle serait carrément l'église du St Sépulcre de Jésuralem. Z'ont fumé les certains ou quoi? C'est totalement différent, ouais. Bref, et c'est tout ce que l'on sait sur cette église. J'ai même pas trouvé une date de début de délabrement, ni de ruine.
Retour au cloître. Vous vous souvenez que l'abbé "Slančovský" demanda à "Jan Karel Kovář" de faire quelques gribouillis dans l'édifice reconstruit en baroque, et qu'au XIX ème siècle les murs (comme les voûtes) furent crépis en blanc, vous vous souvenez? Ben tenez-vous bien, car c'est un scoop. En août 2007, quelques semaines avant ma visite, les restaurateurs mirent quelques coups de scalpel sur la chaux, enlevèrent une couche de crépi, une seconde couche de crépi... et sous la neuvième couche, ils découvrirent une dixième qui contient les fresques murales et baroques de "Jan Karel Kovář". C'est énorme, et c'est partout dans le cloître à en croire les sondes (c.f. mes photos). Selon les documents d'époque, on y verrait des scènes de la vie de St Procope, la fondation du monastère sous les bons auspices des princes "Oldřich" et "Břetislav", le labourage de la terre avec le diable attelé à la charrue, apparition de St Procope au pape Innocent III (qui le sanctifia), et encore 15 autres scènes... énorme vous dis-je. Maintenant il reste à analyser l'état de la couche peinturlurée afin de savoir si elle peut être découverte à l'air libre, et restaurer un minimum les oeuvres, en particulier les saignées pratiquées par les électriciens con-munistes dans le "mou" (plâtre) des murs afin de tirer des câbles et poser des prises électriques dans tout l'édifice. Alors ne vous précipitez pas pour voir ces chefs-d'oeuvre, car la durée des travaux de restauration est estimée à une bonne dizaine d'années :-( Ca fout les boules. Pis comme on parle restauration, z'aurez sans aucun doute remarqué les échafaudages sur la tour gothique de mes photos. Ben ouais, désolé, mais pareil, les gars masticoplastiquaient centimètre par centimètre chaque pierre de l'édifice qui s'effritait, afin de le protéger des gaz polluants et de l'humidité.
Parlons maintenant de la salle du chapitre, et plus particulièrement des fresques gothiques d'environ 1340 (1370 selon une autre source) tout à fait exceptionnelles (selon la guide), de peintre inconnu mais fort probablement issu de l'école de Giotto. Le thème est des plus classiques, la vie de la vierge (Marie). Bon rien d'original jusque là. Sauf qu'une des fresques représente la vierge Marie
Bon, encore un mot sur le miraculeux tableau de St Procope qui se trouve dans l'église du monastère. Il aurait été peint vers 1600, bien après la mort du saint (ce qui explique qu'il ait les yeux fermés) et se trouvait alors dans le cloître. En 1638, une jeune fille aurait vu le visage de St Procope sur le tableau se mouvoir, comme vivant, ouvrant les yeux et regardant autour de lui. Elle collapsa (d'abord qu'est-ce qu'une jeune fille foutait dans un cloître de moines abstinents?). Rebelote en 1660 sous les yeux des sieurs "z Louňovic" et "ze Šternberka" (à nouveau que foutaient ces 2 bougres dans un cloître de moines?). Du coup on mit le tableau en l'église, plus appropriée aux miracles qu'un cloître aspirant au calme et à la sérénité. Mais ça continuait tout plein, en 1710, devant des témoins avérés comme "František Maxmilian Kaňka" (ce dont on peut grandement douter car c'est son père "Vít Václav" qui s'occupa de la reconstruction du monastère), devant le prêtre en pleine messe, et même des bus entiers de touristes japonais virent le St Procope faire l'andouille au tableau (mais pas une photo témoin, c'est interdit). Devant tant de témoignages irréfutables, l'archevêque de Prague envoya une commission d'enquête enquêter. Et paf, même devant eux, Procope leur faisait des clins d'oeil. En 1711, le tableau fut déclaré "vénérable". En 1746 le tableau survécut par miracle à l'incendie. En 1764 quelques 85 témoins affirmèrent par écrit sous la foi du serment qu'ils virent St Procope ouvrir les yeux, changer d'expression du visage, et se gratter les roubignoles de sa crosse. Les derniers témoins d'un miracle (daté du 20 juillet 2006) seraient des guides et administrateurs du monastère qui, aux dires de l'abbé, ne seraient même pas croyants (ce qui amplifie leur crédibilité, pour sûr). Et tout ça jusqu'en 2007, où Strogoff visita le monastère, l'église, regarda le tableau et rien. Il ne se passa strictement rien.
Encore un miracle, un vrai. Au monastère se trouveraient encore la tasse et la cuillère en bois de St Procope (mais je ne me souviens pas de les avoir vues), qu'étant petit, il aurait adroitement sculptées de ses mimines à l'atelier de travaux manuels de la garderie de "Sázava". Cette vaisselle est miraculeuse, et a le pouvoir de guérir (les malades, de nombreuses preuves existent). Mais encore plus miraculeux, est l'histoire de ces objets, telle qu'elle nous est rapportée par le webmaster de la paroisse romaine-catholique dudit village. "Lors des guerres hussites, la tasse fut volée, mais dieu veilla à ce qu'elle ne se perdit point. Ceux qui la volèrent, la jetèrent sur le chemin qui mène du monastère par le mont Veletín vers Prague. Quelques temps plus tard, une femme de Sázava la trouva, et l'apporta aux sieurs z Valdštejna à Komorní Hrádek. Durant la guerre de 30 ans, la tasse fut également protégée de la destruction voire du vol, et en l'an 1669 rendue au monastère. Après la désacralisation par Joseph II, la tasse se perdit à nouveau pour être retrouvée avec la cuillère en 1811 à Broumov. Le propriétaire de l'église Vilém Tiegel ainsi que le curé de Sázava Jan Chmel réussirent à rapatrier les souvenirs au monastère où ils se trouvent encore, dans la sacristie." S'en suivent quelques descriptions de miracles dont furent gratifiés les bienheureux qui burent à la Ste tasse. Sans dec, à la lecture de ce texte, comment ne pas croire fermement en St Procope et aux miracles, à moins d'être comme moi aveuglincrédulidiot? Et si vous croyez aux miracles, alors regardez les 56 mètres de la tour gothique, cherchez et trouvez toutes les étoiles en pierre qui se trouvent dessus, sur les murs extérieurs de la tour. Celui qui les trouve toutes, les étoiles, et qui fait une 'tite prière à St Procope, ben il verra son rêve le plus cher se réaliser. Il me semble qu'il y en a 3 des étoiles à trouver, mais chuis plus sûr, demandez à la guide si vous voulez gagner. Moi j'ai trouvé une étoile, comme ça, par hasard, mais je ne me souviens même plus où elle est.
En conclusion, le monastère de "Sázava" est à voir et à visiter sans aucun doute. Il est à voir et à visiter pour son architecture, pour son histoire, et pour tout ce qu'il représente dans la culture tchèque (voire slave), religieuse comme laïque. Remerciements spéciaux à Madame la conservatrice qui fut non seulement accueillante, charmante, mais compréhensive de surcroît puisqu'à la question du photographiage, elle répondit en souriant "goupillez ça discrètement avec la guide, mais chuis sûr qu'elle vous laissera prendre quelques photos." Remerciements spéciaux à la jeune guide qui fut non seulement accueillante, charmante, mais compréhensive de surcroît puisqu'à la question du photographiage, elle répondit en souriant "discrètement et rapidement, mais attendez que les autres touristes quittent la salle." Griefs spéciaux aux imbéciles visitant comme nous et qui non seulement moisissaient bêtement dans toutes les salles afin que je ne puisse pas photographier, mais surveillaient ma conduite de surcroît (je finis par ne pas faire la moindre photo afin de ne pas mettre la petite dans l'embarras vis-à-vis de cette bande de misérables peigne-culs au comportement de collabos sous l'occupation con-muniste, les sales cons indécrottables). Et mention toute spéciale à l'empereur des imbéciles, qui non seulement notait soigneusement au crayon à mine sur son bloc-notes de psychopathe toutes les inexactitudes et carences des allocutions de la pauv' petite afin de les lui faire amèrement remarquer, mais se ventousait à elle comme l'haleine fétide au gingivitard chronique m'empêchant de prendre la moindre photo (n'étant pas le dernier sorti). Et pour terminer, je livre à votre réflexion ces fameux aphorismes typiquement slaves, pluie à la St Procope, virus dans l'microscope, et à la St Procope, souffle les cierges et brûle un clope.
Commentaires