Coup de gueule: U Myšáka, Vodičkova 31
Ben voilà, encore un splendide édifice qui ne va pas nous finir l'année si tout va bien. Sans dec, y a vraiment des poings dans leur sale gueule qui se perdent. Le dimanche 16 juillet, très tôt le matin, s'est effondrée la partie arrière d'un bâtiment en chantier, en plein centre ville, Prague 1, dans la rue "Vodičkova" au numéro postal 31, "Nové Město čp. 710" (nouvelle ville, numéro descriptif 710). Les alentours sont en chantier depuis plusieurs mois parce qu'une société néerlandaise (fumiers!) a décidé d'y construire une galerie commerciale et des appartements de luxe (fumiers!). Ben tiens, c'est la seule façon de rentabiliser un tel investissement. Alors ils ont commencé à tout bousiller aux alentours, mais comme le bâtiment dont je vous parle est classé patrimoine architectural, ils étaient sensés le conserver, en apparence du moins. Or dimanche 16 juillet, la partie arrière s'est effondrée (sans faire de victime ni de blessé) dans la cour (et non dans la rue passante), là où justement l'on faisait les travaux. Les Praguois parlèrent de préméditation, d'un acte volontaire, car les circonstances sont quand même troublantes, mais bon, l'enquête est en cours et ne nous dira de toute façon strictement rien. Aujourd'hui il ne reste plus que la façade (cf. mes photos) mais la statique est tellement fragile que les trams roulent à 5 km/h dans la rue avec défense absolue de se croiser à moins de 100 m. Bref, à vue de nez (du mien), ils vont finir par tout faire écrouler parce qu'à ce stade il n'y a plus rien à sauver. C'est d'ailleurs une tactique souvent adoptée par les entreprises, ça s'appelle la tactique du sauciflard: on enlève un petit bout, insignifiant, puis un autre bout, puis encore un bout, tout petit, et à la fin, quand le reste ne s'écroule pas tout seul, on explique que la ruine ne vaut pas le coup d'être sauvée et l'on détruit tout simplement. Ainsi on met les autorités compétentes devant un fait accompli (et irréparable), puis moyennant quelques menues subsides pour les orphelins de l'administration locale, on couvre le crime à jamais (fumiers!). Et le bordel incommensurable dans la ville dû à la poussière? Et la plus grande paralysie des trams depuis les inondations de 2002? Et les désagréments envers les usagers et les riverains? Ils ne vont pas le payer tout ça? Ah bon, c'est dans les fameuses subsides délivrées aux bonnes personnes? Bon, ok, mais moi j'en verrai quoi des ces subsides? Rien? Ah, chuis pas concerné? Ben tiens, forcément, 2 semaines de trajet à pieds cause pas de tram, alors que j'avais payé mon abonnement exprès pour, forcément que je ne suis pas concerné. FUMIERS!
Entre 1881 et 1883, l'un des plus brillants représentants de l'architecture néo-renaissance praguoise, "Otto Ehlen" remanie le bâtiment initial pour en faire un édifice de 3 étages avec commerces en rez-de-chaussé. En 1910, le pâtissier "František Myšák" acquiert le bâtiment et aménage dedans une pâtisserie qui deviendra l'une des plus célèbres de tout Prague, "U Myšáka". Elle fera le bonheur des gourmands pendant 40 ans, jusqu'à l'étatisation par les bolcheviques (fumiers aussi). Une pâtisserie du même nom (mais de tout autre esprit) existera jusque dans les années 90 dans la maison d'à côté. Dans l'originel "U Myšáka", il y avait encore 2 ans de cela une bijouterie (lavage d'argent sale?) et une boutique de fringues archi-ringarde. En 1918, l'édifice sera retapé par l'architecte "Osvald Polívka" mais c'est "Josef Čapek" qui lui donnera son aspect final en 1922, une des rares représentations de l'architecture rondocubiste praguoise d'après première guerre mondiale et d'après naissance de la Tchécoslovaquie. La façade est d'autant plus unique qu'en 1921 le projet initial de "Čapek" fut refusé par les autorités, et notre gaillard s'en est alors allé consulter la crème de la crème pour son second essai: "Josef Gočár" et "Pavel Janák" (je vous ferai une publie complète sur ces 2 génies un jour). Le second essai fut unanimement approuvé en 1922 dans l'enthousiasme et l'alléluia, et cette façade unique (je le répète) tient donc de l'inspiration de 3 des plus grands génies architecturaux que la République ait jamais eu. Bon, puis après 1922 quelques coups de peinture, genre lavage de carreaux, mais rien de vraiment marquant, sinon que tout le monde encore maintenant se souvient de la pâtisserie, mais ni de la façade ni de la maison. De toute façon dans l'état où elle était, la façade comme la maison depuis quelques années... une ruine.
Tout a commencé en 1996 avec la démolition des bâtiments 712, 713 et d'une partie du 710 qui formaient une sorte de carré avec une cour centrale. En 1997, délivrance du permis de détruire-construire par les autorités compétentes sous condition de conserver la totalité restante du bâtiment 710 dont on se cause. Mais rien ne se passait, strictement rien, sinon qu'il y avait un trou béant dans l'une des plus grandes artères de Prague, et que "U Myšáka" se délabrait à vue d'oeil. En 2004, l'on dû refaire la totalité de la canalisation de transport des eaux usées dans la rue "Vodičkova". Super, ça tombait vraiment bien. Bulldozers, marteaux piqueurs, camions lourds... et forcément, la statique de notre bâtiment en fut ébranlée. Sous l'insistance des autorités d'entamer les travaux, les choses se mirent en marche, mais avec quelques changements conséquents dans les plans initialement approuvés: le promoteur souhaitait supprimer la partie habitable du bâtiment historique afin de n'en conserver que la façade (fumiers!). Il y eut des réunions, des négociations, des marchandages, des dessous de tables et des pots de vin, et... on finit par suggérer des plans, des aménagements, pour finalement arriver à ce qui est en cours aujourd'hui, une galerie commerciale avec garages et appartements de luxe sur environ 1/3 des 15.000 m² de surface. Et comme "U Myšáka" emmerdait sacrément les promoteurs, son écroulement partiel (enfin 85% quand même) et soudain tombait à pic. Que va devenir la façade? A mon avis rien, rien parce qu'elle ne va pas rester. Rendons-nous à l'évidence, le pognon de l'immobilier aura de nouveau eu raison d'une partie de la ville, de cette partie qui fait que Prague est unique au monde et qui disparaît petit à petit. C'est révoltant, c'est à vomir, mais c'est comme ça. La population s'en fout, elle n'habite plus à Prague 1 (centre historique), les politiques aussi et surtout ils sont grassement soudoyés pour permettre, autoriser, oublier, ne pas voir... Une répugnante brochette de jean-foutre inconscients (et c'est pas les preuves qui manquent, lisez pour exemple quelques publies précédentes).
Alors hein, après tout, laissons le fric (généralement sale) transformer Prague en un immense merdier commercial où l'autochtone ne peut s'offrir le luxe d'acheter compte tenu des prix exorbitants imposés par les loyers. Oyez oyez braves gens, visitez Prague, le centre commercial de l'Europe avec ses casinos non stop et ses bordels accueillants." Voilà ce que Prague est en train de devenir, le nombril-commercial-ruine-pognon-lupanar de l'Europe, sans dec, ça fout les boules, genre.
Entre 1881 et 1883, l'un des plus brillants représentants de l'architecture néo-renaissance praguoise, "Otto Ehlen" remanie le bâtiment initial pour en faire un édifice de 3 étages avec commerces en rez-de-chaussé. En 1910, le pâtissier "František Myšák" acquiert le bâtiment et aménage dedans une pâtisserie qui deviendra l'une des plus célèbres de tout Prague, "U Myšáka". Elle fera le bonheur des gourmands pendant 40 ans, jusqu'à l'étatisation par les bolcheviques (fumiers aussi). Une pâtisserie du même nom (mais de tout autre esprit) existera jusque dans les années 90 dans la maison d'à côté. Dans l'originel "U Myšáka", il y avait encore 2 ans de cela une bijouterie (lavage d'argent sale?) et une boutique de fringues archi-ringarde. En 1918, l'édifice sera retapé par l'architecte "Osvald Polívka" mais c'est "Josef Čapek" qui lui donnera son aspect final en 1922, une des rares représentations de l'architecture rondocubiste praguoise d'après première guerre mondiale et d'après naissance de la Tchécoslovaquie. La façade est d'autant plus unique qu'en 1921 le projet initial de "Čapek" fut refusé par les autorités, et notre gaillard s'en est alors allé consulter la crème de la crème pour son second essai: "Josef Gočár" et "Pavel Janák" (je vous ferai une publie complète sur ces 2 génies un jour). Le second essai fut unanimement approuvé en 1922 dans l'enthousiasme et l'alléluia, et cette façade unique (je le répète) tient donc de l'inspiration de 3 des plus grands génies architecturaux que la République ait jamais eu. Bon, puis après 1922 quelques coups de peinture, genre lavage de carreaux, mais rien de vraiment marquant, sinon que tout le monde encore maintenant se souvient de la pâtisserie, mais ni de la façade ni de la maison. De toute façon dans l'état où elle était, la façade comme la maison depuis quelques années... une ruine.
Tout a commencé en 1996 avec la démolition des bâtiments 712, 713 et d'une partie du 710 qui formaient une sorte de carré avec une cour centrale. En 1997, délivrance du permis de détruire-construire par les autorités compétentes sous condition de conserver la totalité restante du bâtiment 710 dont on se cause. Mais rien ne se passait, strictement rien, sinon qu'il y avait un trou béant dans l'une des plus grandes artères de Prague, et que "U Myšáka" se délabrait à vue d'oeil. En 2004, l'on dû refaire la totalité de la canalisation de transport des eaux usées dans la rue "Vodičkova". Super, ça tombait vraiment bien. Bulldozers, marteaux piqueurs, camions lourds... et forcément, la statique de notre bâtiment en fut ébranlée. Sous l'insistance des autorités d'entamer les travaux, les choses se mirent en marche, mais avec quelques changements conséquents dans les plans initialement approuvés: le promoteur souhaitait supprimer la partie habitable du bâtiment historique afin de n'en conserver que la façade (fumiers!). Il y eut des réunions, des négociations, des marchandages, des dessous de tables et des pots de vin, et... on finit par suggérer des plans, des aménagements, pour finalement arriver à ce qui est en cours aujourd'hui, une galerie commerciale avec garages et appartements de luxe sur environ 1/3 des 15.000 m² de surface. Et comme "U Myšáka" emmerdait sacrément les promoteurs, son écroulement partiel (enfin 85% quand même) et soudain tombait à pic. Que va devenir la façade? A mon avis rien, rien parce qu'elle ne va pas rester. Rendons-nous à l'évidence, le pognon de l'immobilier aura de nouveau eu raison d'une partie de la ville, de cette partie qui fait que Prague est unique au monde et qui disparaît petit à petit. C'est révoltant, c'est à vomir, mais c'est comme ça. La population s'en fout, elle n'habite plus à Prague 1 (centre historique), les politiques aussi et surtout ils sont grassement soudoyés pour permettre, autoriser, oublier, ne pas voir... Une répugnante brochette de jean-foutre inconscients (et c'est pas les preuves qui manquent, lisez pour exemple quelques publies précédentes).
Alors hein, après tout, laissons le fric (généralement sale) transformer Prague en un immense merdier commercial où l'autochtone ne peut s'offrir le luxe d'acheter compte tenu des prix exorbitants imposés par les loyers. Oyez oyez braves gens, visitez Prague, le centre commercial de l'Europe avec ses casinos non stop et ses bordels accueillants." Voilà ce que Prague est en train de devenir, le nombril-commercial-ruine-pognon-lupanar de l'Europe, sans dec, ça fout les boules, genre.
Cet article contient une suite en date du mercredi 12 mars 2008
Commentaires
>Lorenzo: après Karlovy-Vary, Nice... la mafia russe va à Venise? Remarque ils doivent déjà y être, je serais surpris du contraire. Un métro sous Venise? C'est totalement stupide, la ville n'est pas assez étendue pour ça. Je me souviens avoir traversé Venise de l'Arsenal à la Piazza Roma en quelques 45 min. Alors s'ils mettent un métro, c'est maxi 3 stations. Ca vaut le coup?