Festival: Les journées du patrimoine culturel
Et donc ben si vous n'habitez pas sur Venus, vous n'avez pas pu y échapper, ou vous en avez au moins entendu parler, genre, parce qu'il y a 15 jours (ben oui, déjà, il m'faut bien un peu d'temps pour écrire ces couillonneries et concevoir ces splendides photos), c'étaient les Journées européennes du Patrimoine dans le monde... enfin en Europe c'est sûr, et ici en République Tchèque sans aucun doute, vu qu'on y était, ben tiens. D'abord je me suis dit, bôf, hein, la culture c'est sympa, mais vous savez ce que c'est les week-ends, moi personnellement chuis faignant comme une couleuvre en juillet. "Pis il y aura des queues à n'en plus finir, pis des gens à n'en plus finir, pis il va pleuvoir à n'en plus finir, et tout ça va joyeusement me casser les roupettes à n'en plus finir...". Bref, je me suis trouvé plein d'excuses à n'en plus finir pour surtout ne pas y aller. D'un autre côté, je me suis dit aussi "ben ouais mais hein, dis donc, tu parles de Prague, des machins et des bidules, et t'es même pas fiche une fois par an d'aller prospecter des monuments uniques exceptionnellement ouverts". Et donc ma bonne conscience ayant vaincu le côté obscure de ma paresse, je me suis dressé une liste qui va bien des sites culturels à visiter (car fermés à la plèbe le reste du temps) sur le site officiel du European Heritage Days (EHD). Pis comme il y en avait velu quand même, je me suis restreint au centre ville, bien centre. Eh, faut pas déconner non plus, on allait pas encore y rajouter des transports en commun en week-end en plus, non plus. Donc voilà, de la fameuse liste sont ressortis les monuments ci-dessous. Je vous les livre avec les commentaires du fameux site ainsi que les miens afin que vous puissiez comparer, z'allez voir, il y a vraiment des surprises. Pis là où que j'ai pu faire des photos parce que c'était interdit (fait ch...!), je vous ai mis d'autres photos de Prague, mais vous le verrez bien, ça ne correspond pas au sujet traité. Alors tout a commencé le samedi matin...
Insurance Company complex at the corner of Spálená and Vladislavova Streets:
Donc le commentaire en dit "Monumental palace designed by Osvald Polívka boasts exquisite artistic elements. The intact interiors include an Art Deco salon. Following extensive reconstruction it again serves the insurance company for which it was originally built". Signalons d'entrée de jeu que le quidam qui a écrit ça est une pâteuse andouille, car les rues "Spálená" et "Vladislavova" sont parallèles, donc même sans avoir fait de math (ni matique), tout le monde sait qu'il n'y a pas plus de croisement (et donc de coin) entre 2 parallèles qu'il n'y a de parachute dans un sous-marin (même belge). Par contre et c'est vrai, le bâtiment relie les 2 rues par un passage... Enfin bref, c'est pas essentiel, sauf si on cherche le bâtiment. Alors forcément, moi qui suis furieux mordu de l'art nouveau, je me suis dit "ouah super top moumoune, c'est trop top méga cool, ouah lala, ouah lala!" car je connais ce bâtiment de l'extérieur, on ne peut pas le louper, pis j'y passe souvent devant. C'est d'une splendeur... Eh hop, je me dis que c'est le premier des pas très moines (patrimoines :-) qu'on va aller voir parce que celui-ci, je ne voudrais vraiment pas le louper. Surtout qu'avec la foule de badauds qui vont y faire la queue, autant y aller au plus vite si je ne veux pas louper ma petite bière vespérale. A l'entrée, 2 jolis drapeaux indiquent que l'édifice est bien le bon, et donc je me précipite enthousiaste (suivi de ma louloutte haletante), je suis (du verbe "suivre", pas "être", je le sais que je être puisque je penser, enfin j'essaye... de penser...) bref, on suit le petit bout de papier collé avec un scotch sur les piliers mentionnant EHD avec une flèche qui va bien, une entrée des artistes, dans le fond, petite, genre bizarre, descente du rez-de-chaussée vers une sorte de cave, et hop, après quelques marches, là devant, 3 personnes assises dont l'une qui nous donne une brochure!?!? Ah, la visite guidée n'a pas encore commencé me dis-je, et donc c'est certainement le point de rassemblement. Puis happé par le doute de l'incertitude, je me dis que je vais quand même poser la question, hein, on ne sait jamais des fois que l'excursion vient de partir et que la suivante n'ait lieu que dans 1 heure ce qui nous laisserait le temps d'aller nous en jeter une ou deux rapidement au bistroquet du coin. "Non non, il n'y a pas d'excursion ni de visite, la seule chose visible c'est cette magnifique pièce de style art nouveau, et elle vaut le coup d'oeil" me dit une des braves dames. Sidéré comme un peigne sur la tête d'un chauve j'étais. "Quoi? Mais c'est pas possible du tout" me dis-je, "c'est indubitablement une erreur, je rêve debout les yeux ouverts, il doit y avoir un malentendu, assurément". Eh ben non, nenni du tout, c'était bien la triste réalité, il n'y avait que cette pièce là à voir, vide et funeste comme le vestibule d'un crématorium après la cérémonie d'adieu. Bon, déjà qu'on était viendu, alors on a regardu, j'ai photographiu, un pu... un peu, puis on est repartu, déçu, se disant que la suite sera assurément meilleure.
Neuberg Palace ("Neubergovský palace"):
Et donc d'abord le commentaire qui va bien (du fameux site): "Baroque palace on Gothic foundations, designed by František Maxmilián Kaňka, has been sensitively reconstructed to serve commercial purposes. The architecture was preserved, and all historical elements, including the staircase, were restored. The occupants include the Brazilian embassy". D'avec ça, on s'est dit naïvement "tiens, restauré avec sensibilité, goût, v'là un truc qui va intéresser mes lecteurs avides d'inédit, hop, allons-y prestement jeter un oeil curieux", d'autant plus que la précédente couillonnerie nous laissait sur notre faim en travers de la gorge. Ben j'vous dis pas, encore mieux que la fumisterie passée, le pinacle de la mystification. La seule chose qui était ouverte et donc à voir, c'était la cour. Si si, une belle cour, vraiment, genre préau, le truc totalement inintéressant, car refait à neuf, dans le style début du XXI ème siècle (ou XXX ème millénaire, au choix), et de surcroît accessible au premier couillon venu à peine culotté, pour peu qu'il sonne sur une des nombreuses sonnettes des sociétés ou des particuliers qui y vivent en permanence. Bref, il n'y avait rigoureusement rien à voir, c'était proprement à ch... (enfin littéralement, bien que l'on puisse ch… proprement). Dis-donc Lula, c'est pas pour dire, mais ta représentation à Prague, elle est franchement consternante. Hein, ça leur aurait coûté beaucoup d'ouvrir leurs portes une journée dans l'année à tes empotés de sous-fifres? Tiens, si t'as quelques minutes, jette voir un peu un oeil à l'ambassade de France, et prends z'en de la graine à leçon, sans dec, c'te honte. J'aurais dû me méfier en fait, d'abord à cause du "to serve commercial purposes", ça ne présage rien de bon en terme culturel ce genre de phrase, et ensuite ce palace n'est nullement évoqué dans mes nombreuses sources historiques (le grimoire de Gutenberg et le zévir de Comenius - "Jan Amos Komenský" - entres autres), alors ben ma faute, j'aurais dû me méfier.
School at St Henry ("Škola u sv. Jindřicha"):
"The school from 1588 has Renaissance vaulting and roof timberwork. It was reconstructed and now provides modern lessons". Oui, bon, enfin déjà mieux, c'est à dire qu'il y avait déjà plus à voir, genre on pouvait aller dedans, mais bon, pareil, pas de quoi marcher au plafond en sautant à cloche-pied. D'abord ça a été entièrement refait ce qui n'est évidemment pas une surprise, vu que c'est précisé dans le commentaire, mais c'est refait à neuf, j'veux dire à neuf neuf, presque dix, ils n'ont pas vraiment conservé des trucs d'origine, ni respecté l'architecture intérieure de l'époque. Sûr, c'est destiné à l'enseignement des petits zenfants du primaire, et donc ben dedans, c'était comme dans n'importe quelle école en béton (c'est con) avec des néons au plafond (c'est aussi con), pis tous les trucs normés pour répondre aux règles de sécurité des établissements scolaires. Mais quand même, chais pas, un truc qui du dehors fait réellement XVI ème siècle, ils auraient pu aménager l'intérieur adéquatement non? Et si ça ne répondait pas aux normes pour petits zenfants, z'avaient qu'à en faire un hospice pour petits vieux, ça y aurait répondu aux normes du XVI ème siècle, hein? Le seul truc qui semblait d'époque, c'était le joli dessin à la craie de "Křemílek & Vochomurka" (pouvez pas connaître si vous n'avez pas vécu ici) sur le tableau en ardoise de la classe. Pareil, cet édifice n'est nullement évoqué dans mes nombreuses sources historiques.
Church of St Simon and Jude ("Kostel svatého Šimona a Judy"):
Il en disent "After 1989, the Church of St Simon and Jude was restituted to the Hospitaller Order of St John of God - Brothers Hospitallers. It is now managed and used as concert hall by the Prague Symphony Orchestra FOK". Alors évidemment, la première question, c'est bien pourquoi? Pourquoi le Prague Symphony Orchestra qui se dit en Tchèque "Symfonický orchestr hl. m. Prahy" soit orchestre symphonique de la capitale Prague s'abrévie FOK, alors que n'importe quel anglophone même débutant fera de suite le rapprochement avec le terme grossier (qui soit dit en passant non seulement se prononce pareil selon l'accent, mais s'écrit même parfois pareil, comme dans "Oh fock me! Holy cow!")? En fait, au tout début, en 1934, le FOK fut créé par le chef d'orchestre "Rudolf Pekárek" qui en définit ses activités par les termes "Film–Opera–Koncert" (je ne vous le traduis pas en Français?) pis le nom est resté. Voilà, bon, pour la petite histoire. Et l'église? Oui, ben sans réelle valeur, enfin sympa, mais rien de plus. Wolfgang et Zeppy (Haydn) y auraient joué de l'orgue (d'église, ben tiens), bon, ok, pis dehors, sur le fronton ouest, signalons les 3 statues de "Ferdinand Maximilien Brokoff" (à ne pas confondre avec son père "Jan Brokoff", ni avec son frère Michel, "Brokoff" aussi. Un jour je vous en parlerai plus en détail de cette famille de prodigieux sculpteurs qui ont laissé une empreinte immuable sur la ville). Le dedans était visitable, mais pas photographiable, forcement, comme toujours (fait ch...!). Alors j'ai fait mon petit tour discrètement, bien exploré partout, devant, derrière, sur les côtés, me suis même fait houspiller par l'argousin anti-clichés parce que je suis monté sur la première marche de l'hôtel pour en admirer la riche plastique. Il avait sans doute peur que j'aille célébrer la messe, mais ça risquait rien, j'avais pas ma soutane avec, elle était au pressing. "Ouais z'y va l'aut' eh, tête de moine, j'y ai même pas touché à rien, chuis scié, à peine que j'y matte le fourbi qu'il me traite ma race c'bouffon!". Pis comme on était juste à côté, on s'est dit comme ça qu'on allait le pousser jusque là...
Na Frantisku Hospital ("Nemocnice na Františku"):
"Complex of a convent and a hospital from the 17th century included the first anatomy lecture hall in Bohemia. The refectory and original pharmacy have been preserved. Reconstruction into a "hospital of the 21st century" is now in progress". Superbe édifice dont il est déjà fait mention en 1354. C'est l'un des plus anciens hôpitaux d'Europe à n'avoir jamais interrompu sa vocation (d'hôpital). Aujourd'hui encore, il est toujours en fonction avec des services de chirurgie, neurologie, orthopédie... A signaler dedans le réfectoire qui était ouvert au public, les fresques du plafond de la fin du XVII ème siècle, et l'évier en marbre massif d'environ la même époque. Autre curiosité, mais bon, je n'ai pas réussi à vérifier, les escaliers en bois. Je vous raconte rapidement. Alors au début (début du XV ème siècle) il y avait "Jan Hus" (lisez-voir ma publi pour plus de détail)... pis les guerres hussites... pis 200 ans s'écoulèrent avec le développement du protestantisme, du Martin Luther, des Habsbourg... pis les Tchèques étaient plutôt protestants, avec le droit de culte (protestant) par décret du bon Rudolf II (Habsbourg)... pis Ferdinand II (Habsbourg) succède à Matthias (Habsbourg), et lui, il est gravement catholique chronique, alors soucis d'avec les tchèques plutôt protestants... pis contestations en Bohême, pis défenestration (à Prague, la deuxième) des envoyés de l'empereur (23 mai 1618)... pis entre temps Friedrich V (von der Pfalz, dynastie des Wittelsbach, on a changé de marque car on était pas satisfait de la précédente) prend la place de Ferdinand, déposé par les Tchèques... pis début de la guerre de trente ans... pis bataille de la montagne blanche (8 novembre 1620), grosse raclée prise par les troupes tchèques face aux troupes de la ligue catholique sous les ordres des comtes Tilly et Buquoy (Charles Bonaventure de Longueval, dont un descendant prendra possession du fameux palais, aujourd'hui ambassade de France à Prague) et donc retour aux commandes de la Bohême de Ferdinand II qui aurait prononcé les paroles suivantes "Ach meine Schweinen, !#*&]/!}{+_)(*&^%$£!" (en Français, "Ach mes kochons, z'affez pas foulu de moi? Z'allez foir, tas de fermine, za fa chier des bulles de plomb zur fos têtes de frondeurs, et pas plus tard ke toute zuite, ach ja!"). Et ce qui fut dit, fut fait dans les plus brefs délais: suppression de toute autonomie des états tchèques, bannissement des élites protestantes, confiscation des biens et des propriétés (une habitude en Tchéquie), et recatholisation musclée du pays à grand renfort de jésuites intégristes au cul. Et pour bien prouver à tout le peuple qu'il ne plaisantait vraiment pas (ce dont par ailleurs personne n'aurait douté, rappelons qu'il était Allemand, Ferdinand), il fit décapiter 27 notables le 21 juin 1621 devant la mairie de la vieille place. Leurs corps furent soigneusement découpés en morceaux et suspendus sur divers édifices de la ville pendant plusieurs semaines à la vue des citoyens. Signalons que cette tradition consistant à exhiber de la viande aux façades des maisons se perpétuent encore en Allemagne, principalement à l'occasion de l'Oktoberfest à Munich, sur les stands, mais plus avec du réfractaire séditieux mais de la saucisse fumée, du poulet grillé et autre genou de porc rôti. Aujourd'hui encore, 27 croix sur le pavé marquent l'emplacement de l'exécution, qui augurait le début de 300 ans de domination habsbourgeoise et de quasi disparition des états du royaume de Bohême de la scène politique mondiale. Ah oui, et pourquoi je vous dis tout ça me direz-vous... Et bien parce qu'il semblerait que les vieux escaliers de l'hôpital na Františku aient été construits avec les planches de l'échafaud sur lequel furent exécutés les 27 pauvres diables. C'était pour pas gâcher, eh...
Ensuite on s'est naturellement octroyé une petite pause car il commençait à faire fatigue, soif et besoin. Alors hop, on s'est campé dans une petite taverne de coin de rue, sympa. Une bière pour moi, un coca pour elle, un caca pour moi, un pipi pour elle, belote, rebelote et dix de der, et nous rev'là repartis à l'assaut du patrimoine culturel, wouad'nom di diou. "Bon, et maintenant?" qu'on se dit. Qu'est-ce qu'on va voir, vu qu'il nous reste du temps? Allez, hop, ok, c'est sur notre chemin...
Clementinum, Baroque jewel of Prague, former Jesuit college, now the seat of the National Library of CR ("Klementinum"):
Et comme il restait du temps donc, on s'est dit qu'on allait encore voir ce qu'il pouvait bien y avoir de plus au Clementinum que ce qu'il y a d'habitude. Ils en disaient "the second biggest historic architectural complex in the city, known as the Baroque jewel of Prague. A two-hour guided tour begins every hour on the hour, maximum 50 persons. Visitors meet outside the CR National Library main entrance - in the courtyard within the complex". Ah ouais? Sauf que ce qu'ils ne disaient pas ces bestiaux breneux de cours de ferme, c'est que ce n'était pas toutes les heures, tas d'affligeantes andouilles, mais toutes les 2 heures. Et comme la dernière tournée avait lieu à 15h, ben nous on a tout loupé à cause de certaines stupides nullités précédentes qui nous ont fait perdre notre temps, je vous jure, tiens! Bon, de toutes façons chuis sûr qu'il aurait été interdit de photographier, alors bon, ben y a pas trop de quoi regretter... enfin quand même, si, parce que je n'y suis encore jamais allé au Clementinum, flûte alors. Bon ben la suite, hein, je vous l'ai déjà dite, on est arrivé trop tard, pis une brave dame devant l'entrée nous a informé que c'était plein bondé comme un charter de clandestins pour l'Afrique, et que si l'on voulait avoir une infime chance de faire partie des 50 heureux élus, fallait être là pour la visite de 9h avec une bonne demi-heure d'avance. "Ouais, bon, et t'en penses quoi?", "ben pareil, comme toi", "alors tant pis!". Non, parce que se lever un dimanche matin avant 8h, c'est tout de même assez incompatible avec notre confession.
Samedi soir on est allé enterrer des vies de célibataires, moi avec eux, elle avec elles. On s'est couché plutôt raisonnablement, c'est à dire avant le lever du soleil, si bien que le dimanche matin... enfin matin pour nous, mais début d'après-midi pour d'autres... bref, et donc après la douche, après un chiche repas, après les exigences intestinales, nous sommes repartis en quête d'histoire et de culture.
Michna Palace or Tyrš House ("Michnův palác nebot Tyršův dům"):
"The large complex is again used by the Sokol physical training organization. The western part was built by Oldřich Avostalis in the 16th century, and the eastern part in the direction of the Vltava river was added by the Michnas of Vacínov in 1625-1650. The 20th century reconstruction to serve physical training purposes was designed by F. Krásný". Oui, donc c'est sûr que si l'on commence à donner plusieurs noms aux mêmes bâtiments on ne va pas s'en sortir. Alors "Pavel Michna z Vacínova" était le premier propriétaire du palais, d'où une partie du nom du palais. Cet ignoble escroc lèche-cul des Habsbourg après 1620 (voir ci-dessus la bataille de la montagne blanche) l'acquiert en 1624 après qu'il ait fait fortune suite à confiscation de biens tchèques et malversations financières (décidemment ces agissements malhonnêtes, corruption, détournement, fraude et prévarication encore en vigueur et largement rependus dans toutes les couches socio-politico-économiques du pays ont des origines bougrement anciennes). Et comme propriété malhonnêtement obtenue ne se conserve pas longtemps (bien mal acquis ne profite jamais), le palais fut revendu en 1684 pour cause d'endettement, et paf. Pis la providence s'acharnant sur la lignée de "Michnové z Vacínova", ceux-ci disparurent naturellement (par manque d'héritiers) en fin de XIX ème siècle. L'édifice passant de propriétaire en propriétaire, il fut finalement racheté en 1921 par l'Organisation Tchèque des Sokol (sorte de Scouts promouvant des valeurs de bonne morale et de bonne condition physique) qui en est encore aujourd'hui propriétaire. Et comme l'organisation fut fondée (en grande partie) par "Miroslav Tyrš", la propriété porte naturellement le nom de "Tyršův dům", soit maison de "Tyrš". A signaler que l'édifice fut énormément remanié après cette acquisition, mais qu'il reste néanmoins quelques traces de renaissance à l'intérieur ainsi que certaines peintures murales conservées. Autrement dit, ouais, bôf, c'est sympa en passant, mais ne vous y déplacez pas exprès, de toute façon c'est fermé au public sauf lorsqu'il se passe dedans des évènements sympas, style l'organisation de tournois de "jeux de table" (dans le sens jeux de société sur table, échecs, dames, go, trivial poursuit, risk, monopoly...). Pis après ça, ok, on s'est dit qu'on allait attaquer quelque chose de sérieux (quand même) avant la mousse de l'après-midi, alors on est allé au...
Le Palais Buquoy (accessoirement ambassade France à Prague):
Alors là, ils n'en disent rien, le fameux site a même dû avoir des problèmes car il n'y a pas de nom à l'emplacement où il devrait normalement en y avoir un, sinon la lettre "K"(?!). Signalons pour la petite histoire que le nom "Buquoy" existe sous plusieurs orthographes, ainsi en dehors de celle que j'ai personnellement choisie, il existe encore "Boucquoi" et "Bucquoy", juste pour que vous sachiez qu'on se parle de la même chose. Tiens, c'est comme l'autre empoté de "Friedrich V" (de chez Pfalz), vous le trouverez aussi sous "Frederik", "Frédéric", "Fridrich"... mais c'est toujours le même monsieur "Vé". Bref, pour vous ôter toute frustration quand à l'absence de commentaire "officiel", je vous ai trouvé un article qui en parle avant l'évènement, pis un qui en parle après. Ben voilà, et donc pour résumer en un mot: admirable. C'était admirable dans l'idée même d'ouvrir au public un bâtiment sensible, c'était admirable dans le nombre de pièces accessibles, c'était admirable dans la décoration des pièces, c'était admirable dans l'organisation et l'accueil du public, et c'était admirable de part la documentation mise à disposition. En fait on est arrivé sur la place "Velkopřevorské", pis on s'est sagement mis dans la queue, avec les autres, pis on a attendu 20 minutes, ce qui somme toute n'est pas pire qu'aux guichets d'une banque locale dont je tairai le nom, pis contrôle de sécurité, comme à l'aéroport, normal, pis visite libre. Si si, l'on pouvait se promener librement dans les salons de l'ambassade de France, sérieux. Certes, il y avait du personnel pour surveiller qu'un malfaisant n'aille dégrader les objets de valeur, mais sinon l'on circulait à sa vitesse dans le salon Richelieu, le salon des Dames, le salon de musique, le salon jaune, le salon bleu, le salon marron (WC), la terrasse surélevée, au premier étage faisant un L avec les autres pièces aussi en L mais à l'envers, pour finalement former un O carré, enfin un rectangle quoi. Pis sortie par le jardin, avec musique (oui, bôf, pas mon genre et surtout trop fort), herbes, fleurs et plantes... Ah, et par contre à propos du jardin, il faut que je vous dise quelque chose Monsieur l'Ambassadeur. Ca risque de vous faire grand peine, et peut être même plonger votre chancellerie dans un regrettable embarra, désolé, mais je ne puis me taire maintenant, après avoir découvert la fourbe supercherie. Monsieur l'Ambassadeur, les arbres de votre jardin... enfin pas tous, je vous rassure, mais certains arbres de votre jardin... eh bien ils sont faux. Eh oui, d'abjectes baudruches en matière plastique gonflée "made in China" comme la bouée-canard à mon neveu Zozo qu'il a pour aller dans l'eau et qui fait coin-coin-pouet-pouet quand on lui pince le bec (au canard, pas à mon neveu). Croyez-moi, ce n'était pas flagrant au premier abord, et je vous assure qu'il fallait y regarder de près d'un oeil expert pour s'en rendre compte car l'astucieux imposteur les a malicieusement disposés au milieu d'autres arbres, vrais ceux-là. Mais c'est malheureusement indéniable, certains arbres de votre jardin sont faux, en plastique blanc et parfaitement identiques de forme comme de taille. Alors voilà, s'ils sont encore sous garantie, je vous invite à formuler rapidement une réclamation auprès de votre fournisseur, mais dans tous les cas, déposez une plainte auprès des instances compétentes pour "faux et plantage de faux en arboriculture", et changez prestement de jardinier. Vous trouverez dans cette publi les photos que j'ai prises sur les lieux et qui attestent de façon flagrante et sans le moindre doute de la malhonnête escroquerie (photos que je tiens bien entendu à la disposition de la justice le cas échéant). Ben voilà Monsieur de Zorzi, malgré cette contrariante tracasserie, sachez que j'ai sincèrement apprécié la visite de votre splendide palais, qu'à mon avis ce fut une incontestable réussite et que je classe cette excursion au sommet de l'échelle d'intérêt des monuments visités durant ces 2 jours.
Voilà, alors il nous restait encore un truc à voir, mais comme on avait pris de l'avance, on s'est arrêté à une petite terrasse, juste en face de notre prochain objectif à quelques pas du précédent. Et le truc top rigolo, c'était de voir toutes ces personnes qui passaient devant nous, tenant dans leur main la brochure distribuée à l'entrée de l'ambassade, brochure bleue en Tchèque, et brochure rouge en Français, trop bien fait c'était.
Nostický Palace:
"The palace originated in 1623 under Kryštof of Nostic by the linkage of two houses. Other houses and a part of the garden were added in 1658-60. Rococo and neo-Classical adaptations were made in the 18th century, and minor changes in the 1st half of the 19th century. The palace houses the Czech Ministry of Culture, and a part serves cultural purposes". Premièrement, signalons pour la petite histoire, qu'une fois de plus, l'orthographe de ce nom n'est pas écrite dans le marbre, et vous trouverez donc aussi bien "Nostitz" que "Nostic", voire "Nostits", qui soit en dit en passant, se prononce exactement pareil en Tchèque puisque le son "tz" se prononce "ts" (soit "c") car il y a assourdissement de la consonne finale, soit du "z" en "s" (comme par ailleurs du "b" en "p", du "d" en "t", du "v" en "f" etc...). Deuxièmement, c'est à "František Antonín Nostic" que l'on doit le théâtre originellement "Nosticovo divadlo", devenu "Tylovo divadlo" et aujourd'hui connu sous "Stavovské divadlo" (et si c'est pas le bordel ça, ben ça y ressemble 'achement) qui se trouve sur la place du marché aux fruits et dans lequel eu lieu la première de Don Giovanni en 1787. Bon, puis ceci dit, retour au palais Nostic retapé en 2003 (avec nos impôts) et qui aujourd'hui a vocation de ministère de la culture (confiture à cochons). Donc je ne vais pas vous le décrire en détail parce que c'est dans vos guides touristiques, mais je me permets toutefois d'insister sur quelques points qui me semblent importants. Premièrement vous y trouverez la magnifique bibliothèque de "Josef Dobrovský" (linguiste, slaviste, historien, père de la philologie tchèque, défenseur de la culture au sein de l'empire, homme de bien et brillant lettré, accessoirement précepteur des mouflets du comte "František Antonín Nostic") contenant plus de 15.000 ouvrages, dont des manuscrits uniques du XIII ème siècle. Elle est malheureusement inaccessible au public et les photos que j'ai prises au travers de la glace protectrice sont totalement impubliables, désolé. Deuxièmement, il y a la galerie de peintures qui bien qu'appartenant au musée national se trouve dans ce palais inaccessible. Entres autres des quelques 1400 oeuvres, se trouvent des Rembrandt et des Rubens. Pareil, j'ai essayé de photographier, mais j'ai pas pu à cause de ce tas d'andouilles d'ânes bâtés de stupides visiteurs qui se collaient aux peintures comme la chierie à la semelle, désolé. Et pêle-mêle, signalons encore les imposants poêles en faïence rococo, la marqueterie au sol baroque, ainsi que divers secrétaires, commodes et armoires en essences rares (genre de bureau dans lequel il fait bon travailler).
Pis voilà, alors il se faisait dimanche fin d'aprèm, et il commençait à faire soif, alors on en est resté là avec la culture. 2 jours, 8 édifices, faut pas déconner non plus, ça commençait à suffire. Globalement c'était bien, l'idée est absolument géniale, par contre dans la réalisation, c'était pas toujours top. Et au sommet des reproches, c'est (parfois) le manque flagrant d'information fiable et crédible sur ce qu'il y a réellement à voir (même sur le site Internet officiel). Mais ça sera mieux l'année prochaine, à coup sûr, eh, Prague ne s'est pas construite en un jour.
Insurance Company complex at the corner of Spálená and Vladislavova Streets:
Donc le commentaire en dit "Monumental palace designed by Osvald Polívka boasts exquisite artistic elements. The intact interiors include an Art Deco salon. Following extensive reconstruction it again serves the insurance company for which it was originally built". Signalons d'entrée de jeu que le quidam qui a écrit ça est une pâteuse andouille, car les rues "Spálená" et "Vladislavova" sont parallèles, donc même sans avoir fait de math (ni matique), tout le monde sait qu'il n'y a pas plus de croisement (et donc de coin) entre 2 parallèles qu'il n'y a de parachute dans un sous-marin (même belge). Par contre et c'est vrai, le bâtiment relie les 2 rues par un passage... Enfin bref, c'est pas essentiel, sauf si on cherche le bâtiment. Alors forcément, moi qui suis furieux mordu de l'art nouveau, je me suis dit "ouah super top moumoune, c'est trop top méga cool, ouah lala, ouah lala!" car je connais ce bâtiment de l'extérieur, on ne peut pas le louper, pis j'y passe souvent devant. C'est d'une splendeur... Eh hop, je me dis que c'est le premier des pas très moines (patrimoines :-) qu'on va aller voir parce que celui-ci, je ne voudrais vraiment pas le louper. Surtout qu'avec la foule de badauds qui vont y faire la queue, autant y aller au plus vite si je ne veux pas louper ma petite bière vespérale. A l'entrée, 2 jolis drapeaux indiquent que l'édifice est bien le bon, et donc je me précipite enthousiaste (suivi de ma louloutte haletante), je suis (du verbe "suivre", pas "être", je le sais que je être puisque je penser, enfin j'essaye... de penser...) bref, on suit le petit bout de papier collé avec un scotch sur les piliers mentionnant EHD avec une flèche qui va bien, une entrée des artistes, dans le fond, petite, genre bizarre, descente du rez-de-chaussée vers une sorte de cave, et hop, après quelques marches, là devant, 3 personnes assises dont l'une qui nous donne une brochure!?!? Ah, la visite guidée n'a pas encore commencé me dis-je, et donc c'est certainement le point de rassemblement. Puis happé par le doute de l'incertitude, je me dis que je vais quand même poser la question, hein, on ne sait jamais des fois que l'excursion vient de partir et que la suivante n'ait lieu que dans 1 heure ce qui nous laisserait le temps d'aller nous en jeter une ou deux rapidement au bistroquet du coin. "Non non, il n'y a pas d'excursion ni de visite, la seule chose visible c'est cette magnifique pièce de style art nouveau, et elle vaut le coup d'oeil" me dit une des braves dames. Sidéré comme un peigne sur la tête d'un chauve j'étais. "Quoi? Mais c'est pas possible du tout" me dis-je, "c'est indubitablement une erreur, je rêve debout les yeux ouverts, il doit y avoir un malentendu, assurément". Eh ben non, nenni du tout, c'était bien la triste réalité, il n'y avait que cette pièce là à voir, vide et funeste comme le vestibule d'un crématorium après la cérémonie d'adieu. Bon, déjà qu'on était viendu, alors on a regardu, j'ai photographiu, un pu... un peu, puis on est repartu, déçu, se disant que la suite sera assurément meilleure.
Neuberg Palace ("Neubergovský palace"):
Et donc d'abord le commentaire qui va bien (du fameux site): "Baroque palace on Gothic foundations, designed by František Maxmilián Kaňka, has been sensitively reconstructed to serve commercial purposes. The architecture was preserved, and all historical elements, including the staircase, were restored. The occupants include the Brazilian embassy". D'avec ça, on s'est dit naïvement "tiens, restauré avec sensibilité, goût, v'là un truc qui va intéresser mes lecteurs avides d'inédit, hop, allons-y prestement jeter un oeil curieux", d'autant plus que la précédente couillonnerie nous laissait sur notre faim en travers de la gorge. Ben j'vous dis pas, encore mieux que la fumisterie passée, le pinacle de la mystification. La seule chose qui était ouverte et donc à voir, c'était la cour. Si si, une belle cour, vraiment, genre préau, le truc totalement inintéressant, car refait à neuf, dans le style début du XXI ème siècle (ou XXX ème millénaire, au choix), et de surcroît accessible au premier couillon venu à peine culotté, pour peu qu'il sonne sur une des nombreuses sonnettes des sociétés ou des particuliers qui y vivent en permanence. Bref, il n'y avait rigoureusement rien à voir, c'était proprement à ch... (enfin littéralement, bien que l'on puisse ch… proprement). Dis-donc Lula, c'est pas pour dire, mais ta représentation à Prague, elle est franchement consternante. Hein, ça leur aurait coûté beaucoup d'ouvrir leurs portes une journée dans l'année à tes empotés de sous-fifres? Tiens, si t'as quelques minutes, jette voir un peu un oeil à l'ambassade de France, et prends z'en de la graine à leçon, sans dec, c'te honte. J'aurais dû me méfier en fait, d'abord à cause du "to serve commercial purposes", ça ne présage rien de bon en terme culturel ce genre de phrase, et ensuite ce palace n'est nullement évoqué dans mes nombreuses sources historiques (le grimoire de Gutenberg et le zévir de Comenius - "Jan Amos Komenský" - entres autres), alors ben ma faute, j'aurais dû me méfier.
School at St Henry ("Škola u sv. Jindřicha"):
"The school from 1588 has Renaissance vaulting and roof timberwork. It was reconstructed and now provides modern lessons". Oui, bon, enfin déjà mieux, c'est à dire qu'il y avait déjà plus à voir, genre on pouvait aller dedans, mais bon, pareil, pas de quoi marcher au plafond en sautant à cloche-pied. D'abord ça a été entièrement refait ce qui n'est évidemment pas une surprise, vu que c'est précisé dans le commentaire, mais c'est refait à neuf, j'veux dire à neuf neuf, presque dix, ils n'ont pas vraiment conservé des trucs d'origine, ni respecté l'architecture intérieure de l'époque. Sûr, c'est destiné à l'enseignement des petits zenfants du primaire, et donc ben dedans, c'était comme dans n'importe quelle école en béton (c'est con) avec des néons au plafond (c'est aussi con), pis tous les trucs normés pour répondre aux règles de sécurité des établissements scolaires. Mais quand même, chais pas, un truc qui du dehors fait réellement XVI ème siècle, ils auraient pu aménager l'intérieur adéquatement non? Et si ça ne répondait pas aux normes pour petits zenfants, z'avaient qu'à en faire un hospice pour petits vieux, ça y aurait répondu aux normes du XVI ème siècle, hein? Le seul truc qui semblait d'époque, c'était le joli dessin à la craie de "Křemílek & Vochomurka" (pouvez pas connaître si vous n'avez pas vécu ici) sur le tableau en ardoise de la classe. Pareil, cet édifice n'est nullement évoqué dans mes nombreuses sources historiques.
Church of St Simon and Jude ("Kostel svatého Šimona a Judy"):
Il en disent "After 1989, the Church of St Simon and Jude was restituted to the Hospitaller Order of St John of God - Brothers Hospitallers. It is now managed and used as concert hall by the Prague Symphony Orchestra FOK". Alors évidemment, la première question, c'est bien pourquoi? Pourquoi le Prague Symphony Orchestra qui se dit en Tchèque "Symfonický orchestr hl. m. Prahy" soit orchestre symphonique de la capitale Prague s'abrévie FOK, alors que n'importe quel anglophone même débutant fera de suite le rapprochement avec le terme grossier (qui soit dit en passant non seulement se prononce pareil selon l'accent, mais s'écrit même parfois pareil, comme dans "Oh fock me! Holy cow!")? En fait, au tout début, en 1934, le FOK fut créé par le chef d'orchestre "Rudolf Pekárek" qui en définit ses activités par les termes "Film–Opera–Koncert" (je ne vous le traduis pas en Français?) pis le nom est resté. Voilà, bon, pour la petite histoire. Et l'église? Oui, ben sans réelle valeur, enfin sympa, mais rien de plus. Wolfgang et Zeppy (Haydn) y auraient joué de l'orgue (d'église, ben tiens), bon, ok, pis dehors, sur le fronton ouest, signalons les 3 statues de "Ferdinand Maximilien Brokoff" (à ne pas confondre avec son père "Jan Brokoff", ni avec son frère Michel, "Brokoff" aussi. Un jour je vous en parlerai plus en détail de cette famille de prodigieux sculpteurs qui ont laissé une empreinte immuable sur la ville). Le dedans était visitable, mais pas photographiable, forcement, comme toujours (fait ch...!). Alors j'ai fait mon petit tour discrètement, bien exploré partout, devant, derrière, sur les côtés, me suis même fait houspiller par l'argousin anti-clichés parce que je suis monté sur la première marche de l'hôtel pour en admirer la riche plastique. Il avait sans doute peur que j'aille célébrer la messe, mais ça risquait rien, j'avais pas ma soutane avec, elle était au pressing. "Ouais z'y va l'aut' eh, tête de moine, j'y ai même pas touché à rien, chuis scié, à peine que j'y matte le fourbi qu'il me traite ma race c'bouffon!". Pis comme on était juste à côté, on s'est dit comme ça qu'on allait le pousser jusque là...
Na Frantisku Hospital ("Nemocnice na Františku"):
"Complex of a convent and a hospital from the 17th century included the first anatomy lecture hall in Bohemia. The refectory and original pharmacy have been preserved. Reconstruction into a "hospital of the 21st century" is now in progress". Superbe édifice dont il est déjà fait mention en 1354. C'est l'un des plus anciens hôpitaux d'Europe à n'avoir jamais interrompu sa vocation (d'hôpital). Aujourd'hui encore, il est toujours en fonction avec des services de chirurgie, neurologie, orthopédie... A signaler dedans le réfectoire qui était ouvert au public, les fresques du plafond de la fin du XVII ème siècle, et l'évier en marbre massif d'environ la même époque. Autre curiosité, mais bon, je n'ai pas réussi à vérifier, les escaliers en bois. Je vous raconte rapidement. Alors au début (début du XV ème siècle) il y avait "Jan Hus" (lisez-voir ma publi pour plus de détail)... pis les guerres hussites... pis 200 ans s'écoulèrent avec le développement du protestantisme, du Martin Luther, des Habsbourg... pis les Tchèques étaient plutôt protestants, avec le droit de culte (protestant) par décret du bon Rudolf II (Habsbourg)... pis Ferdinand II (Habsbourg) succède à Matthias (Habsbourg), et lui, il est gravement catholique chronique, alors soucis d'avec les tchèques plutôt protestants... pis contestations en Bohême, pis défenestration (à Prague, la deuxième) des envoyés de l'empereur (23 mai 1618)... pis entre temps Friedrich V (von der Pfalz, dynastie des Wittelsbach, on a changé de marque car on était pas satisfait de la précédente) prend la place de Ferdinand, déposé par les Tchèques... pis début de la guerre de trente ans... pis bataille de la montagne blanche (8 novembre 1620), grosse raclée prise par les troupes tchèques face aux troupes de la ligue catholique sous les ordres des comtes Tilly et Buquoy (Charles Bonaventure de Longueval, dont un descendant prendra possession du fameux palais, aujourd'hui ambassade de France à Prague) et donc retour aux commandes de la Bohême de Ferdinand II qui aurait prononcé les paroles suivantes "Ach meine Schweinen, !#*&]/!}{+_)(*&^%$£!" (en Français, "Ach mes kochons, z'affez pas foulu de moi? Z'allez foir, tas de fermine, za fa chier des bulles de plomb zur fos têtes de frondeurs, et pas plus tard ke toute zuite, ach ja!"). Et ce qui fut dit, fut fait dans les plus brefs délais: suppression de toute autonomie des états tchèques, bannissement des élites protestantes, confiscation des biens et des propriétés (une habitude en Tchéquie), et recatholisation musclée du pays à grand renfort de jésuites intégristes au cul. Et pour bien prouver à tout le peuple qu'il ne plaisantait vraiment pas (ce dont par ailleurs personne n'aurait douté, rappelons qu'il était Allemand, Ferdinand), il fit décapiter 27 notables le 21 juin 1621 devant la mairie de la vieille place. Leurs corps furent soigneusement découpés en morceaux et suspendus sur divers édifices de la ville pendant plusieurs semaines à la vue des citoyens. Signalons que cette tradition consistant à exhiber de la viande aux façades des maisons se perpétuent encore en Allemagne, principalement à l'occasion de l'Oktoberfest à Munich, sur les stands, mais plus avec du réfractaire séditieux mais de la saucisse fumée, du poulet grillé et autre genou de porc rôti. Aujourd'hui encore, 27 croix sur le pavé marquent l'emplacement de l'exécution, qui augurait le début de 300 ans de domination habsbourgeoise et de quasi disparition des états du royaume de Bohême de la scène politique mondiale. Ah oui, et pourquoi je vous dis tout ça me direz-vous... Et bien parce qu'il semblerait que les vieux escaliers de l'hôpital na Františku aient été construits avec les planches de l'échafaud sur lequel furent exécutés les 27 pauvres diables. C'était pour pas gâcher, eh...
Ensuite on s'est naturellement octroyé une petite pause car il commençait à faire fatigue, soif et besoin. Alors hop, on s'est campé dans une petite taverne de coin de rue, sympa. Une bière pour moi, un coca pour elle, un caca pour moi, un pipi pour elle, belote, rebelote et dix de der, et nous rev'là repartis à l'assaut du patrimoine culturel, wouad'nom di diou. "Bon, et maintenant?" qu'on se dit. Qu'est-ce qu'on va voir, vu qu'il nous reste du temps? Allez, hop, ok, c'est sur notre chemin...
Clementinum, Baroque jewel of Prague, former Jesuit college, now the seat of the National Library of CR ("Klementinum"):
Et comme il restait du temps donc, on s'est dit qu'on allait encore voir ce qu'il pouvait bien y avoir de plus au Clementinum que ce qu'il y a d'habitude. Ils en disaient "the second biggest historic architectural complex in the city, known as the Baroque jewel of Prague. A two-hour guided tour begins every hour on the hour, maximum 50 persons. Visitors meet outside the CR National Library main entrance - in the courtyard within the complex". Ah ouais? Sauf que ce qu'ils ne disaient pas ces bestiaux breneux de cours de ferme, c'est que ce n'était pas toutes les heures, tas d'affligeantes andouilles, mais toutes les 2 heures. Et comme la dernière tournée avait lieu à 15h, ben nous on a tout loupé à cause de certaines stupides nullités précédentes qui nous ont fait perdre notre temps, je vous jure, tiens! Bon, de toutes façons chuis sûr qu'il aurait été interdit de photographier, alors bon, ben y a pas trop de quoi regretter... enfin quand même, si, parce que je n'y suis encore jamais allé au Clementinum, flûte alors. Bon ben la suite, hein, je vous l'ai déjà dite, on est arrivé trop tard, pis une brave dame devant l'entrée nous a informé que c'était plein bondé comme un charter de clandestins pour l'Afrique, et que si l'on voulait avoir une infime chance de faire partie des 50 heureux élus, fallait être là pour la visite de 9h avec une bonne demi-heure d'avance. "Ouais, bon, et t'en penses quoi?", "ben pareil, comme toi", "alors tant pis!". Non, parce que se lever un dimanche matin avant 8h, c'est tout de même assez incompatible avec notre confession.
Samedi soir on est allé enterrer des vies de célibataires, moi avec eux, elle avec elles. On s'est couché plutôt raisonnablement, c'est à dire avant le lever du soleil, si bien que le dimanche matin... enfin matin pour nous, mais début d'après-midi pour d'autres... bref, et donc après la douche, après un chiche repas, après les exigences intestinales, nous sommes repartis en quête d'histoire et de culture.
Michna Palace or Tyrš House ("Michnův palác nebot Tyršův dům"):
"The large complex is again used by the Sokol physical training organization. The western part was built by Oldřich Avostalis in the 16th century, and the eastern part in the direction of the Vltava river was added by the Michnas of Vacínov in 1625-1650. The 20th century reconstruction to serve physical training purposes was designed by F. Krásný". Oui, donc c'est sûr que si l'on commence à donner plusieurs noms aux mêmes bâtiments on ne va pas s'en sortir. Alors "Pavel Michna z Vacínova" était le premier propriétaire du palais, d'où une partie du nom du palais. Cet ignoble escroc lèche-cul des Habsbourg après 1620 (voir ci-dessus la bataille de la montagne blanche) l'acquiert en 1624 après qu'il ait fait fortune suite à confiscation de biens tchèques et malversations financières (décidemment ces agissements malhonnêtes, corruption, détournement, fraude et prévarication encore en vigueur et largement rependus dans toutes les couches socio-politico-économiques du pays ont des origines bougrement anciennes). Et comme propriété malhonnêtement obtenue ne se conserve pas longtemps (bien mal acquis ne profite jamais), le palais fut revendu en 1684 pour cause d'endettement, et paf. Pis la providence s'acharnant sur la lignée de "Michnové z Vacínova", ceux-ci disparurent naturellement (par manque d'héritiers) en fin de XIX ème siècle. L'édifice passant de propriétaire en propriétaire, il fut finalement racheté en 1921 par l'Organisation Tchèque des Sokol (sorte de Scouts promouvant des valeurs de bonne morale et de bonne condition physique) qui en est encore aujourd'hui propriétaire. Et comme l'organisation fut fondée (en grande partie) par "Miroslav Tyrš", la propriété porte naturellement le nom de "Tyršův dům", soit maison de "Tyrš". A signaler que l'édifice fut énormément remanié après cette acquisition, mais qu'il reste néanmoins quelques traces de renaissance à l'intérieur ainsi que certaines peintures murales conservées. Autrement dit, ouais, bôf, c'est sympa en passant, mais ne vous y déplacez pas exprès, de toute façon c'est fermé au public sauf lorsqu'il se passe dedans des évènements sympas, style l'organisation de tournois de "jeux de table" (dans le sens jeux de société sur table, échecs, dames, go, trivial poursuit, risk, monopoly...). Pis après ça, ok, on s'est dit qu'on allait attaquer quelque chose de sérieux (quand même) avant la mousse de l'après-midi, alors on est allé au...
Le Palais Buquoy (accessoirement ambassade France à Prague):
Alors là, ils n'en disent rien, le fameux site a même dû avoir des problèmes car il n'y a pas de nom à l'emplacement où il devrait normalement en y avoir un, sinon la lettre "K"(?!). Signalons pour la petite histoire que le nom "Buquoy" existe sous plusieurs orthographes, ainsi en dehors de celle que j'ai personnellement choisie, il existe encore "Boucquoi" et "Bucquoy", juste pour que vous sachiez qu'on se parle de la même chose. Tiens, c'est comme l'autre empoté de "Friedrich V" (de chez Pfalz), vous le trouverez aussi sous "Frederik", "Frédéric", "Fridrich"... mais c'est toujours le même monsieur "Vé". Bref, pour vous ôter toute frustration quand à l'absence de commentaire "officiel", je vous ai trouvé un article qui en parle avant l'évènement, pis un qui en parle après. Ben voilà, et donc pour résumer en un mot: admirable. C'était admirable dans l'idée même d'ouvrir au public un bâtiment sensible, c'était admirable dans le nombre de pièces accessibles, c'était admirable dans la décoration des pièces, c'était admirable dans l'organisation et l'accueil du public, et c'était admirable de part la documentation mise à disposition. En fait on est arrivé sur la place "Velkopřevorské", pis on s'est sagement mis dans la queue, avec les autres, pis on a attendu 20 minutes, ce qui somme toute n'est pas pire qu'aux guichets d'une banque locale dont je tairai le nom, pis contrôle de sécurité, comme à l'aéroport, normal, pis visite libre. Si si, l'on pouvait se promener librement dans les salons de l'ambassade de France, sérieux. Certes, il y avait du personnel pour surveiller qu'un malfaisant n'aille dégrader les objets de valeur, mais sinon l'on circulait à sa vitesse dans le salon Richelieu, le salon des Dames, le salon de musique, le salon jaune, le salon bleu, le salon marron (WC), la terrasse surélevée, au premier étage faisant un L avec les autres pièces aussi en L mais à l'envers, pour finalement former un O carré, enfin un rectangle quoi. Pis sortie par le jardin, avec musique (oui, bôf, pas mon genre et surtout trop fort), herbes, fleurs et plantes... Ah, et par contre à propos du jardin, il faut que je vous dise quelque chose Monsieur l'Ambassadeur. Ca risque de vous faire grand peine, et peut être même plonger votre chancellerie dans un regrettable embarra, désolé, mais je ne puis me taire maintenant, après avoir découvert la fourbe supercherie. Monsieur l'Ambassadeur, les arbres de votre jardin... enfin pas tous, je vous rassure, mais certains arbres de votre jardin... eh bien ils sont faux. Eh oui, d'abjectes baudruches en matière plastique gonflée "made in China" comme la bouée-canard à mon neveu Zozo qu'il a pour aller dans l'eau et qui fait coin-coin-pouet-pouet quand on lui pince le bec (au canard, pas à mon neveu). Croyez-moi, ce n'était pas flagrant au premier abord, et je vous assure qu'il fallait y regarder de près d'un oeil expert pour s'en rendre compte car l'astucieux imposteur les a malicieusement disposés au milieu d'autres arbres, vrais ceux-là. Mais c'est malheureusement indéniable, certains arbres de votre jardin sont faux, en plastique blanc et parfaitement identiques de forme comme de taille. Alors voilà, s'ils sont encore sous garantie, je vous invite à formuler rapidement une réclamation auprès de votre fournisseur, mais dans tous les cas, déposez une plainte auprès des instances compétentes pour "faux et plantage de faux en arboriculture", et changez prestement de jardinier. Vous trouverez dans cette publi les photos que j'ai prises sur les lieux et qui attestent de façon flagrante et sans le moindre doute de la malhonnête escroquerie (photos que je tiens bien entendu à la disposition de la justice le cas échéant). Ben voilà Monsieur de Zorzi, malgré cette contrariante tracasserie, sachez que j'ai sincèrement apprécié la visite de votre splendide palais, qu'à mon avis ce fut une incontestable réussite et que je classe cette excursion au sommet de l'échelle d'intérêt des monuments visités durant ces 2 jours.
Voilà, alors il nous restait encore un truc à voir, mais comme on avait pris de l'avance, on s'est arrêté à une petite terrasse, juste en face de notre prochain objectif à quelques pas du précédent. Et le truc top rigolo, c'était de voir toutes ces personnes qui passaient devant nous, tenant dans leur main la brochure distribuée à l'entrée de l'ambassade, brochure bleue en Tchèque, et brochure rouge en Français, trop bien fait c'était.
Nostický Palace:
"The palace originated in 1623 under Kryštof of Nostic by the linkage of two houses. Other houses and a part of the garden were added in 1658-60. Rococo and neo-Classical adaptations were made in the 18th century, and minor changes in the 1st half of the 19th century. The palace houses the Czech Ministry of Culture, and a part serves cultural purposes". Premièrement, signalons pour la petite histoire, qu'une fois de plus, l'orthographe de ce nom n'est pas écrite dans le marbre, et vous trouverez donc aussi bien "Nostitz" que "Nostic", voire "Nostits", qui soit en dit en passant, se prononce exactement pareil en Tchèque puisque le son "tz" se prononce "ts" (soit "c") car il y a assourdissement de la consonne finale, soit du "z" en "s" (comme par ailleurs du "b" en "p", du "d" en "t", du "v" en "f" etc...). Deuxièmement, c'est à "František Antonín Nostic" que l'on doit le théâtre originellement "Nosticovo divadlo", devenu "Tylovo divadlo" et aujourd'hui connu sous "Stavovské divadlo" (et si c'est pas le bordel ça, ben ça y ressemble 'achement) qui se trouve sur la place du marché aux fruits et dans lequel eu lieu la première de Don Giovanni en 1787. Bon, puis ceci dit, retour au palais Nostic retapé en 2003 (avec nos impôts) et qui aujourd'hui a vocation de ministère de la culture (confiture à cochons). Donc je ne vais pas vous le décrire en détail parce que c'est dans vos guides touristiques, mais je me permets toutefois d'insister sur quelques points qui me semblent importants. Premièrement vous y trouverez la magnifique bibliothèque de "Josef Dobrovský" (linguiste, slaviste, historien, père de la philologie tchèque, défenseur de la culture au sein de l'empire, homme de bien et brillant lettré, accessoirement précepteur des mouflets du comte "František Antonín Nostic") contenant plus de 15.000 ouvrages, dont des manuscrits uniques du XIII ème siècle. Elle est malheureusement inaccessible au public et les photos que j'ai prises au travers de la glace protectrice sont totalement impubliables, désolé. Deuxièmement, il y a la galerie de peintures qui bien qu'appartenant au musée national se trouve dans ce palais inaccessible. Entres autres des quelques 1400 oeuvres, se trouvent des Rembrandt et des Rubens. Pareil, j'ai essayé de photographier, mais j'ai pas pu à cause de ce tas d'andouilles d'ânes bâtés de stupides visiteurs qui se collaient aux peintures comme la chierie à la semelle, désolé. Et pêle-mêle, signalons encore les imposants poêles en faïence rococo, la marqueterie au sol baroque, ainsi que divers secrétaires, commodes et armoires en essences rares (genre de bureau dans lequel il fait bon travailler).
Pis voilà, alors il se faisait dimanche fin d'aprèm, et il commençait à faire soif, alors on en est resté là avec la culture. 2 jours, 8 édifices, faut pas déconner non plus, ça commençait à suffire. Globalement c'était bien, l'idée est absolument géniale, par contre dans la réalisation, c'était pas toujours top. Et au sommet des reproches, c'est (parfois) le manque flagrant d'information fiable et crédible sur ce qu'il y a réellement à voir (même sur le site Internet officiel). Mais ça sera mieux l'année prochaine, à coup sûr, eh, Prague ne s'est pas construite en un jour.
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