Légende: Prague, "Praha", et pourquoi?

Chers lecteurs, peut-être ne vous êtes vous jamais demandés pourquoi Prague s'appelle "Prague"? Peut-être que ça ne vous intéresse d'ailleurs même pas, mais alors peut-être même pas du tout du tout du monde? Ben oui mais tiens, mais c'est vrai, pourquoi Prague s'appelle "Prague", et pas "Ris", pas "Rexemple"? Pas "Razard"? Ben oui mais non, tiens, ben j'vais vous le dire, parce que c'est quand même important depuis le temps que j'en parle (de Prague). Alors oui, bien sûr, j'entends déjà des fâcheux, pisse-vinaigre à l'oeil saumâtre, objecter "oui, alors euh... le Strogoff, il va encore nous parler d'une esbroufe comme ça, genre, parce qu'il n'a même pas de photos qui vont bien avec le sujet, et c'est uniquement pour enfumer le poisson, parce qu'il n'a rien d'autre sous le coude, même pas un sujet qu'on veut nable".
Ben justement c'est pas vrai, aujourd'hui les photos sont en plein avec le thème dont je vais vous parler, à savoir pourquoi que Prague s'appelle "Prague". Et donc je vous ai trouvé quoi? Hum... de magnifiques photos de Prague! Et toc, paf, pan sur le bec, na! "Fais montrer tes oreilles vilain bougre que je m'en aille te les tirer en pointe".

Comme toute antique histoire qui remonte à la nuit des temps immémoriaux, celle-ci est tant peinte de mythes qu'elle est emprunte de légende. Alors lecteur perspicace, lis entre les lignes, abreuve toi du conte de fées, des gnomes, des lutins et de la bonaventure chevaleresque, mais fais la part des choses, prends du recul et considère avec sagesse le vrai du faux. La force est en toi!

A l'instar de la légende du "Golem", permettez-moi avant l'histoire de vous en présenter les protagonistes:

  • "Cech": notre premier souverain, alors qu'il vadrouillait dans les plaines les plus désolées, en haut des montagnes des plus hostiles, à travers les contrées les plus sauvages, habitées par les tribus les plus féroces, à la recherche d'une patrie des plus accueillantes, "Cech" et son peuple s'arrêtèrent quelques minutes pour casser une croûte bien méritée en haut de la colline la plus "Ríp".
    Et tandis qu'il scrutait l'horizon (du haut de la colline) pour savoir s'il devait sortir son K-way de sa besace, il mit sa main droite à plat contre son front pour protéger ses yeux du soleil (comme Sitting Bull quand il était debout) et découvrit stupéfait, au loin, un paysage d'une beauté insoupçonnée, une nature enchanteresse, une contrée splendide, la vallée de la "Vltava". "C'est là que vous planterez ma tente, et c'est là que sera notre patrie" déclarât-il, et ainsi fut fait. Puis mariage, batifolage, descendance, et décès...


  • "Krok": le fils, successeur de "Cech", à la tête du peuple tchèque (ben voilà, maintenant vous savez aussi d'où ça vient "Tchèque") en eut assez après quelques années de dormir sous la tente en peau de Ouille qu'il avait hérité de son papa (situation des plus compréhensibles pour ceux qui ont vécu cette expérience unique en tant qu'adultes et en plein hiver).
    Alors qu'il vadrouillait dans les plaines les plus désolées, en haut des montagnes des plus hostiles, à travers les contrées les plus sauvages, habitées par les tribus les plus féroces, à la recherche de champignons des plus comestibles (activité par ailleurs encore très prisée par les Tchèques, c'est dans les gènes), "Krok" et son cochon truffier "Kvetomil" s'arrêtèrent quelques minutes pour casser une croûte bien méritée en haut de la colline la plus "Vyšehrad". Et tandis qu'il scrutait l'horizon (du haut de la colline) pour savoir s'il devait sortir son K-way de sa besace, il mit sa main droite à plat contre son front pour protéger ses yeux du soleil (comme Sitting Bull quand il était debout) et découvrit stupéfait à ses pieds un rocher d'une beauté insoupçonnée, d'une hauteur satisfaisante, une vue splendide, la vallée de la "Vltava" (oui, mais pas au même endroit). "C'est là que vous construirez mon château et c'est là que sera notre dynastie" déclarât-il, et ainsi fut fait. Puis mariage, batifolage, descendance, et décès...


  • La princesse "Libuše": la fille de "Krok" et petite-fille de "Cech" était une princesse d'une beauté inimaginable, elle était non seulement magnifiquement belle, mais bougrement intelligente de surcroît, velue de bon sens, de sagesse, d'empathie, d'amour et de savoir vivre. C'est bien simple, elle aurait pu être Ambassadrice Avon: "Il vous manque du savon?
    Appelez l'Ambassadrice Avon. Chez Avon nous l'avons le savon qui sent bon"
    . Ah ouais? Non, pas ah ouais, ah bon! Avon, a bon (Banania). Bref, et tout le monde l'adorait notre "Liba" (diminutif de "Libuše"), la vénérait même, sauf une poignée d'andouilles qui... eh mais attends, chuis parti pour vous raconter l'histoire, là, alors stop. L'histoire c'est pour après, quand j'aurais présenté tout le monde...


  • Le laboureur "Přemysl": jeune paysan du village de "Stadice" (Latitude 50° 37' 0N, Longitude 13° 58' 0E, près de "Teplice"), sacré gaillard beau gosse fichtrement bien balancé, et qui, grâce à la princesse "Libuše", deviendra non seulement son mari et époux, mais également le premier roi de la dynastie des "Přemysl" (Premyslides en francais) qui régnât (la dynastie, pas le 1er "Přemysl" des "Přemysl") sur l'empire de Bohême du milieu du IX ème siècle jusqu'au tout début du XIV ème (1306 pour être exact, jusqu'à l'assasinat de "Václav III" qui mourut sans descendance masculine, laissant le trône vacant aux Habsbourg, puis aux Luxembourg, puis aux Habsbourg de nouveau en passant de temps à autres aux Jagellon, aux Wittelsbach... bref une foire sans nom après les "Přemysl" où tout était clair, avant).


  • Le cochon truffier "Kvetomil": bon, d'aucuns diront "ouais, un cochon truffier, c'est pour chercher des truffes, et pas d'autres champignons, parce que selon les spécialistes, il émane de la truffe des effluves identiques aux phéromones sexuelles, et donc ben ça attire naturellement le cochon obscène (truffier uniquement, les autres cochons non truffiers, ils s'en foutent des phéromones, les autres c'est le gland et la châtaigne), et les autres champignons ben ils n'exhalent pas des phéromones".
    Faux! Et c'est là que les d'aucuns se trompent. C'est vrai qu'aujourd'hui, les cochons truffiers ne cherchent, comme leur nom l'indique, que des truffes, mais avant, en leur apprenant bien aux cochons, en truffant la fiâsse de la truie par exemple de cèpes ou de bolets et en la faisant renifler (la fiâsse truffée) régulièrement au goret, ben en grandissant il apprenait à renifler les cèpes ou les bolets, eh ouais. Ce fait a été récemment confirmé par les expériences du professeur Apffelschmitt du département des hautes études porcines appliquées de l'université du Maryland, qui s'est employé avec succès à élever des porcs renifleurs de Channel n°5, de pâté de foie de sanglier (avec morceaux), et de cocaïne péruvienne en provenance de Colombie. A signaler également que cela fonctionne pareillement avec des billets de 500 euros, mais comme les gens en perdent beaucoup moins qu'il ne pousse de champignons, ça n'offre strictement aucun intérêt.


  • Bien, et maintenant la légende, pourquoi Prague s'appelle "Prague"? C'était un de ces magnifiques matins de septembre où le soleil brillait de plein feu, chauffant l'atmosphère de ses rayons ardents, matinée comme l'on peut en vivre à la pelle dans cette merveilleuse contrée de Bohême. Et notre bon roi "Krok" se dit: "quel temps, mais nom d'une pipe en bois quel temps magnifique, mes aïeux, qu'est ce que je vais bien fiche aujourd'hui? Pas de bataille historique à livrer, pas de construction de mon château à surveiller... ben tiens, j'vais m'en aller chercher des champignons avec mon brave et fidèle 'Kvetomil'". Et ce qui fut dit fut fait.
    A son retour, "Krok" déposa son abondante cueillette à la cuisine, demandant aux cuistanciers de bien vouloir préparer pour le dîner familial une bonne poêlée avec de l'ail, du persil, le tout reviendu sur du beurre au sel de Guérande (fin gourmet ce "Krok", c'est comme ça que je les préfère moi aussi, les champignons).

    Le dîner familial en fait commença de manière bien insolite selon les historiens et témoins de l'époque (voir les mémoires du maître queux personnel de "Krok", "Moi qui ai servi le roi de Bohême"). En effet, "Krok" fatigué par sa promenade matinale s'en était allé se coucher sans dîner, "Přemysl" qui n'était pas encore roi à l'époque mais simple paysan et prétendant de la princesse terminait de labourer un lopin de terre au bas du château de "Vyšehrad", bref, la princesse "Libuše" s'était retrouvée à table qu'en compagnie du fidèle "Kvetomil" qui grognait d'impatience de déguster la délicieuse poêlée de champignons.

    Bien que frugal, le dîner n'en fut pas moins savoureux, et ce n'est qu'en fin de repas, qu'à nouveau les historiens et témoins de l'époque rapportent un comportement des plus singuliers de la Princesse comme du pourceau. Attention, à partir de là, "conditionnel" car incertitude et doute persistent sur les faits. "Libuše" se serait mise progressivement à rire sans raison, de plus en plus fort, jusqu'à l'hystérie, se serait assise auprès de "Kvetomil" tout en le saisissant par le cou, et les deux acolytes auraient alors entamé une discussion enflammée mais incompréhensible pour les témoins sur un soi-disant "projet de traité établissant une constitution pour l'Europe".
    A ce stade, les évènements certes curieux ne semblaient à personne invraisemblables, cependant après trois heures d'échange soutenu d'opinions diverses avec le bestiau, les faits prirent une tournure encore plus inattendue. "Kvetomil" serait descendu de sa chaise, et se serait essuyé le groin avec sa serviette après avoir roté plusieurs fois. La princesse, à son tour descendue de sa chaise, aurait alors relevé sa longue jupe jusqu'au niveau des genoux, se serait assise à califourchon sur son râble (au cochon) tel sur un destrier, et les deux diables auraient quitté la salle à manger au triple galop en direction de la cour, aux cris de "vas-y 'Kvetomil', vas-y mon cochon, montre-leur ton nombril, moi j'leur montre mon c...". De là ils auraient fait plusieurs fois le tour des remparts intérieurs du château, la Princesse braillant comme un hussard prussien à la bataille de Waterloo, "Kvetomil" couinant et grognant comme aux cochonnailles de la St Martin, pour finalement s'arrêter tous deux devant le rempart nord, juste sur le rocher d'à partir duquel "Krok" décida de construire "Vyšehrad". Les habitants de la forteresse, réveillés par tant de ramdam baroufesque, seraient sortis dans la cour, les paysans croyant le château en proie aux Suédois auraient accouru, et c'est ainsi qu'ils eussent tous pu contempler la scène qui se serait déroulée sous leurs regards hébétés et qui fut maintes fois représentée par de nombreux artistes tchèques.
    Sous le clair d'une pleine lune absolument parfaite, "Kvetomil" le cochon à bout de souffle haletait et pétait comme un vieux roussin, tandis que la princesse "Libuše", la jambe gauche appuyée en équerre sur les pierres du rempart, les pupilles dilatées comme des boules de cristal, sa main droite à plat contre son front scrutant l'horizon (comme Sitting Bull quand il était debout), et sa main gauche écartant les branches du tilleul sous lequel elle se trouvait, aurait prononcé les paroles suivantes: "Je vois, à 3465m d'ici, à droite, derrière les eaux de la 'Vltava', un immense château dont la gloire infinie monte jusqu'aux confins des étoiles de l'espace galactique interstellaire". Stupéfaction de l'auditoire. Pis d'ajouter sous les regards de plus en plus abasourdis de l’assistance "Et au bas de ce château colossal, je vois une ville splendide, une ville de cent tours bâtie d'or, vous la nommerez 'Praha' et elle sera la capitale de l'empire, la mère des villes, et la couronne du monde". Pour certains historiens et témoins de l'époque, le discours de "Libuše" en serait resté là, mais pour d'autres, elle aurait continué ses divagations prophétiques. "Et dans ma chambre il y aura un chauffage individuel au gaz, une salle de bain privée avec bidet à la française, et une ligne téléphonique directe à haut débit".
    Après quoi, "Krok" serait personnellement intervenu pour coucher sa fille et son cochon, tous deux survoltés comme une belette qui attend qu'une poule ponde. Il aurait également mis un terme définitif à la cueillette des champignons ayant découvert quelques jours plus tard, que "Kvetomil" souffrait d'une importante hyposmie (diminution dramatique de l'odorat), conséquence directe de sa péricoronarite aiguë congestive (infection douloureuse des dents de sagesse). Le malheureux aurait ainsi fortuitement flairé des champignons toxiques responsables du remarquable et historique chambard précédemment évoqué.

    Bref, allez savoir ce qui est la vérité et ce qui est la légende. Quoi qu'il en soit, une chose est sûr, la ville de Prague existe bel et bien, et sa splendeur, sa beauté et sa majesté ont de tout temps subjugué tous ses visiteurs. "Ben vouais" me direz-vous, mais ça n'explique pas pourquoi elle s'appelle "Praha"? Ben si, justement, parmi les nombreuses hypothèses, je vous en ai justement présenté une, les champignons.
    La princesse "Libuše" a dit "Praha" sous l'emprise des champignons alcooliques, elle aurait pu dire "Prahaha", ou "Tralala", enfin n'importe quoi, mais elle a dit "Praha", ben voilà. Bon, il y en a encore une autre de supposition, qui dit que "Prah", qui veut dire "seuil" en francais, aurait été à l'origine du nom de la ville. Toujours en plein délire, la sueur coulant et collant sous ses bras, dans la même position qu'auparavant portraiturée, notre "Libuše" se serait encore exclamée "Parce que tout homme baisse la tête pour franchir le seuil d'une demeure, les souverains de ce monde la baisseront devant 'Praha' et devant mon splendide château". Bon, en français c'est pas aussi exaltant, passionné, mais en tchèque ça le fait bien, vraiment.

    Mais outre la légende, il y a l'histoire, et là les théories ont un peu plus de fondement.
    Avant de s'appeler Prague, la ville s'appelait originellement "Mezigrady", signifiant en tchèque "entre les châteaux" puisque bâtie entre "Vyšehrad" et "Pražský hrad" (château de Prague). Pis en 965, première description de la ville par le marchand arabe "Ibrahim Ibn Jakub" qui parle d'une ville bâtie de pierre et de chaux "Faraga", devenu au fil du temps "Paraga", "Praga" (toujours en italien) puis "Praha".

    Pis y a encore des théories plus linguistiques cette fois. L'une d'elle prétend que "pra" signifiant "ancien, d'avant, originel", comme dans "prababička" (arrière grand-mère), ou "prazdroj" (vieille source, "Urquell" en allemand, dans "Pilsner Urquell") comporterait une notion de "à l'origine de, initial, ancestral, matriarcal", et ceci pourrait expliquer les épithètes latin qu'on donna très vite à la ville "Praga mater urbium" (Prague, mère des villes), "Praga tocius Bohemiae domina" (Prague, la dame de toute la Bohême), qualificatifs dans lesquels les notions "originelles, matriarcales" sont extrêmement présentes. Par contre si on arrive à expliquer tant bien que mal "pra", on n'a pas la moindre idée sur "ha" qui aujourd'hui en tchèque ne signifie rien.
    Autre chose, "Praha" viendrait du mot "pražení" (calcination, rôtissage), ou "pražit" (griller, rôtir) en rapport avec la déforestation par le feu destinée à établir les premiers campements lors de la construction de la ville.

    Bon, ben eh, je vous laisse choisir. Moi personnellement je préfère la version "princesse Libuše", parce qu'à défaut d'être véridiquement garantie authentique, au moins elle me fait sacrément marrer. Ah vouis, et pour terminer, sachez également que le bon roi "Krok", malgré le schproum inouï dont le gruik "Kvetomil" s'était en partie rendu coupable, ne lui en pas voulu le moins du monde. Ils terminèrent leur vie ensemble, main dans la main en fumant la pipe en bon vieux potes fidèles au château de "Vyšehrad", tandis que la princesse et son paysan de mari "Přemysl" s'installèrent au château de Prague pour y régner et engendrer une bonne descendance bien tchèque et bien vigoureuse qui ira, plus de 1200 ans plus tard, botter copieusement le cul des Canadiens aux championnats du monde de Hockey sur glace à Vienne (Autriche).

    Commentaires

    Anonyme a dit…
    Hmmm... Mais le nom de Praha, ne viendrait-il pas de "prah" qui se trouve à l'entrée de chaque maison et de chaque pièce ?
    .
    PS : j'adore les légendes révisitées par tes soins, c'est à mourir de rire ! =)
    Strogoff a dit…
    Vouis, le "Prah" je l'ai lu aussi, mais chais pas, ça ne me semblait trop... comment dire, enfin pas assez crédible. Mais oui, t'as raison, ça fait partie des hypothèses également. Bien que si Praha venait de "prah", alors elle s'appelerait plutôt "sundejte si boty a vemte si pantofle" :-)))

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