Ailleurs: Mariánská Týnice de Mariánský Týnec
C'est en allant à Plasy que l'on passa par ici, Félicie... aussi. Une sorte de pur hasard, qui faisandait le lézard, Félicie... Bref, hasard coïncidant avec un inattendu aléa, parce qu'on voulait prendre un raccourci afin d'éviter "Plzeň", et pour ainsi dire, l'on se perdit un peu parce qu'on n'aurait jamais dû passer par céans. Hein? Le GPS? Ben oui, ben justement, on l'avait bien ce jour-là, mais cette fichue bougre sotte de machine nous fit sortir de l'autoroute trop tôt, trop loin, et passer par des chemins que j'vous dis même pas qu'ils existent. Faut dire que c'est de la faute des cartes tchèques, parce que ces couillons vous déclarent en route cantonale des chemins agricoles que même les tracteurs n'y roulent plus d'sus. Pis sans dec, en termes de configuration aussi, c'est pas vraiment encore au point complet c'te histoire de navigation. L'avantage quand même du GPS c'est que vous n'êtes jamais complètement perdu, l'inconvénient toutefois du GPS c'est que vous n'êtes jamais assuré d'être sur la meilleure route optimale. Bref, et donc on s'en roulait peinard vers Plasy, et quelle ne fut pas ma surprise lorsque soudainement au fond d'un champ en bout d'horizon j'aperçus une splendeur baroque? "Ouah chérie d'amour d'à moi, mais qu'est-ce que c'est? T'as vu comme c'est beau?" Et ben c'était l'abbaye de "Mariánská Týnice" du bourg de "Mariánský Týnec". Parenthèse. Alors jusqu'il n'y a pas plus tard qu'il n'y a pas longtemps, j'ignorais complètement l'étymologie du mot "týn" (i.e. "týnec") particulièrement utilisé dans les noms de villes, villages, hameaux, églises, veaux, vaches, cochons... ("Týnec nad Sázavou, Týnec nad Labem, Velký Týnec, Panenský Týnec, Horšovský Týn, Chrám Matky boží před Týnem"). Et c'est justement cette fréquente utilisation qui aurait dû conduire ma curiosité à une fouille étymologique minutieuse, car j'aurais de ce fait découvert grâce à la fabuleuse encyclopédie d'Otto qu'il s'agit d'un mot provenant du vieux slave, et qui se traduirait aujourd'hui par "fortin", "place forte", et mieux, "ferté", puisque ce mot a lui même donné de nombreux noms en Français: la Ferté-Alais, la Ferté-sous-Jouarre, la Ferté-Macé, la Ferté-Saint-Aubin, la Ferté-Conneries-Ailleurs... Et curieusement, notre abbaye (substantif féminin) porte exactement le même nom que notre bourg (substantif masculin) décliné en genre, parce que "Mariánský Týnec" est à "Mariánská Týnice" ce que "IL somnole dans LE fauteuil du salon" est à "ELLE fait LA vaisselle dans LA cuisine".
En termes de première mention de notre ferté, on a diverses versions. Selon une source, l'on aurait fait mention d'un "Týnec" en 1186 à propos de commerçants voyageant de chais pas où par "Kralovice" vers Prague. C'est plutôt douteux, d'abord parce que je n'ai trouvé aucune trace dans mes grimoires d'un tel texte, mais de surcroît il n'existait aucun chemin, aucune route commerciale vers Prague passant par "Kralovice". Le seul chemin était celui dit "Blšanská stezka" qui partait de "Plzeň", passait par "Kralovice", "Blšany" ("Floehau, Flöhau" en Allemand) et continuait vers "Žatec" vers le Nord, aucunement vers Prague. Une seconde source, nettement plus fiable bien que pourrie également (cf. les "Acta spuria, Codex diplomaticus et epistolaris Regni Bohemiae" à propose de l'abbaye de Broumov) nous parle du 10 novembre 1230, lorsque le roi "Přemysl Otakar I", alors à 1 mois seulement du dépôt de bilan devant St Pierre, confirma la donation par un certain Romain de "Týnec" ("Romanus de Týnec") de plusieurs bourgs (dont "Týnec" justement) à l'abbaye de Plasy. Et c'est ce que j'ai de plus ancien d'écrit concernant "Týnec" (i.e. "Teintz", puis "Maria-Teinitz" en Allemand), bien que "Kralovice" ("Cralouiz" originellement en Latin, puis "Crelowitz") appartenait déjà aux cisterciens de plasy depuis 1183 (cf. la donation par le prince "Bedřich", "Acta spuria, Codex diplomaticus et epistolaris Regni Bohemiae"). Pis comme en "Týnec", il s'y trouvait une chapelle consacrée à la Ste vierge, on commença à appeler le bourg "Mariánský Týnec" (genre la ferté-Marie). Bon, mais pareil, je n'ai pas trouvé trace écrite d'une telle chapelle. Ensuite on n'a que peu d'éléments, alors ce que je vous livre est sans certitude. Les moines y auraient construit une église gothique (ou agrandi la chapelle), et l'endroit serait devenu lieu de pèlerinage. Puis vinrent les guerres hussites, et le bourg comme la ferté furent pillés, dévastés et en partie détruits. Ce n'est que vers la fin du XV ème siècle, que l'abbé Adam de l'abbaye de Plasy recolla les morceaux. Au début du XVI ème siècle (en 1518 même) l'église fut volée... enfin on vola dans l'église, et depuis, l'on consigna sur place un moine (de l'abbaye de Plasy, aussi) armé d'une kalachnikov afin de prévenir toute nouvelle récidive. Et ça tombait fichtrement bien, la montée de la garde, puisqu'en cette première moitié du XVI ème siècle, nos moines installèrent dans l'église une statue de la vierge saluée par l'ange Gabriel (cf. Luc 1:28, et soit-dit en passant, Gabriel est un archange et pas un ange tout simple, mais ne compliquons pas). Seconde moitié du XVI ème siècle, les terres du domaine étaient alors en partie cultivées par les cisterciens, en partie louées. Et parmi les locataires, il y eut le "Florián Gryspek z Gryspachu" (cf. l'abbaye de Plasy) qui finit carrément par rattacher "Mariánský Týnec" à son domaine de "Kralovice". Il y fit même construire un moulin considérant le domaine comme sien, le malappris, et les moines dépossédés durent attendre 1613 afin qu'une décision de la cours internationale de justice leur rende les terres spoliées.
Au début du XVII ème siècle, la statue mariale attirait proprettement son pèlerin, les glaces et les frittes se vendaient bien, et de par sa notoriété, "Mariánská Týnice" de "Mariánský Týnec" commençait à devenir rentable. Mais pas pour longtemps, la guerre de trente ans passa par là, et l'église fut mise à bas. Lorsque la paix revint enfin, et que les cisterciens de "Plasy" récupérèrent à nouveau une partie du fourbi spolié, l'abbé "Jakub Vrchota z Rosenwertu" décida que ça ne pouvait pas rester en ruine comme ça, et qu'il fallait en faire quelque chose. Après avoir étudié différent business case, les moines décidèrent d'en faire un lieu de pèlerinage parce que somme toute, en ce coin perdu, un casino ou un strip-bar ne seraient pas viables. On retapa donc l'église dès 1640 en baroque et en plus grand, puis l'on remit une couche entre 1648 et 1651. Mais ce n'était rien par rapport à ce qui allait suivre. Et ce qui allait suivre fut instigué par "Ondřej Trojer" (cf. l'abbaye de Plasy). Vous vous souvenez qu'en 1680, l'abbé "Benedikt Engelken" préféra coller les gueux mutins à la corvée plutôt que de les punir financièrement (cf. l'abbaye de Plasy). Ben le "Ondřej Trojer" continua sur la même lancée. En 1699, l'abbé mit en route la construction d'une prévôté, d'un cloître, d'une tour à cloches entre les 2, et comme le trimard avait déjà les mains dans le plâtre et la sueur dans le dos, le prélat en profita aussi pour faire agrandir l'église. L'acte de fondation signé de la main abbatiale indique que la fonction du nouveau domaine devait être "la prolifération de l'adoration mariale" et "l'assurance matérielle des cisterciens retraités" (il avait anticipé ses vieux jours l'astucieux bougre). Mais l'André (ah oui, "Ondřej" c'est André en Françé) n'eut pas le temps d'en profiter, de sa maison de vieux, parce qu'il décéda dans l'année, en 1699.
Pis entra en scène l'abbé 2T, "Evžen Tyttl", avec dans ses manches le joker Jean-Blaise Santini. "Dis-donc Jean-Blaise, non seulement tout ce fourbi n'avance pas vite, mais de surcroît ça ne me plaît pas velu, alors tu regardes c'que tu peux en faire, tu me fais un joli croquis en couleur sur papier vélin, et si tu fais montre de talent, je te certifie du business pour une bonne paire de semaines" qu'il lui dit l'abbé comme ça. Et Santini épata son monde avec ses plans fabuleux de 1709. L'abbé fut scié, stupéfait comme un caméléon à cheval sur une boîte de Smarties. Et il lui confia dans la foulée "Mariánská Týnice", et lui confia l'abbaye de Plasy, et il lui confia... "Stop! Attends-voir l'abbé, c'est pas d'la mauvaise volonté, mais tu comprends, j'aimerais bien me finir un lièvre avant d'en couvrir un autre". Le 2 juillet 1711, l'on posa donc la première pierre de la ferté mariale à la Santini. Et fabuleux ils l'étaient les plans d'à Jean-Blaise, pour cause: l'abbé cistercien l'avait sommé d'attirer dupigeon... pèlerin à la pelle, afin de concurrencer la "Sainte Montagne de Příbram" administrée par les jésuites rivaux. La chasse aux culs-bénits que c'était. Le génial architecte proposa alors une fantastique église Ste Marie de la non-sciation (chuis scié :-) en forme de croix grecque ("Crux immissa quadrata", qui n'est autre qu'un gros "+", cf. le drapeau suisse), une toute nouvelle prévôté d'un seul étage en forme de T (comme "Tyttl"), 2 tours à cloches et horloges de 40 m de haut, et 2 cloîtres pour les moines en retraite. Mais les plans étaient pour le moins ambitieux, et ni l'architecte ni l'abbé ne survécurent à l'achèvement du chef-d'oeuvre qui du reste n'a jamais été achevé selon les plans d'origine. Santini mourut en 1723, "Evžen Tyttl" en 1738, l'église Ste Marie de l'annonciation fut terminée en 1751, consacrée en 1764 (parfois 1762), le cloître Ouest date de 1777 et le second (cloître) ne fut même pas entamé. A la mort de Santini, c'est le constructeur "Matěj Ondřej Kondel" (cf. l'abbaye de Plasy) qui termina les travaux, ce qui n'enlève rien à la splendeur du tout: admirez les formes des toits superposés, la toiture de la façade de la prévôté qui suit la ligne du tympan, l'agencement des masses (moyen cube, petit cube, gros cube), les angles droits biseautés des murs de l'église, les moulures aux fenêtres, les colonnes ioniques encastrées dont les volutes soutiennent l'attique... L'intérieur de l'église fut décoré (vers 1750) par "Siard (František) Nosecký" (curieusement un prémontré de "Strahov", église Ste Marie de l'assomption, le cadran solaire côté Sud du réfectoire visible du jardin, le prolongement de la salle Théologique de la bibliothèque, "Černínský palác"...), tandis que le cloître, comme à Plasy, fut confié à "Josef Kramolín" (il est également l'auteur de la monumentale fresque en trompe l'oeil derrière l'autel de l'église, vers 1783) mais également à "František Julius Lux" qui oeuvra dans tout l'Ouest de la Bohême, en l'abbaye de "Chotěšov" (publie sous le coude), comme en l'église de la nativité de la Ste vierge (les voûtes de la nef) à "Domažlice" (ville où naquit ma chérie d'amour d'à moi). Les fresques "luxueuses" représentent des scènes de la vie de Marie, des scènes de la vie des cisterciens, et y a même un St Bernard de Clairvaux si je me souviens bien. Quant à l'autel principal avec sa statue de la vierge Marie du début XVI ème siècle, ben on n'en sait plus rien de qui qu'il est. Dans l'ancien réfectoire se trouve une fresque représentant "l'offrande de la ferté mariale aux moines cisterciens" (en 1230), une autre représente "un dîner de moines en compagnie de la vierge" (c'qu'ils doivent rigoler dis-donc), et s'y trouvent encore dans ce réfectoire quelques portraits d'abbés, mais chais pas lesquels.
Bon, pis arriva le Joseph II, et comme l'abbaye de Plasy, et comme une bonne partie des domaines religieux, "Mariánská Týnice" fut désacralisée, mise en gérance auprès du "fond religieux national" ("státní náboženský fond", cf. l'abbaye de Plasy), en in fine fut vendue aux Metternich (en 1826). Mais ces derniers n'en avaient rien à fout' (encore moins que de Plasy), aussi ils en firent un grenier (dépôt), et doucettement mais sûrement les édifices se délabrèrent. Ils se délabrèrent même si bien, qu'en 1920 (parfois 1922), la coupole centrale de l'église s'effondra, et ce n'est que miracle qu'on y construisit une toiture provisoire en bois, en attendant que quelqu'un veuille bien commencer à s'occuper enfin des splendides bâtisses. Pour info, et parmi les sauveteurs de l'abbaye, il y eut l'architecte "Hanuš Zápal", qui, en dehors d'avoir été l'élève du fantastique "Josef Schulz" (reconstructeur du théâtre national, constructeur du musée national, du Rudolfinum, ou à sa droite de l'autre côté de la rue, du "Uměleckoprůmyslové muzeum"), fut le remarquable concepteur de nombreux édifices archi-connus de la ville de "Plzeň" que je connais particulièrement bien pour y avoir longtemps flâné mes guêtres étant mouflet apprenti bièrophile. Et pour info toujours, la coupole s'effondra parce que lors de la première guerre mondiale, l'on descendit le cuivre du toit afin d'en faire des cuves à bière pour la brasserie de Plasy laissant à nu la charpente offerte aux pluies, aux neiges, aux gels et aux vents (et aux fientes de pigeons, qui mine de rien pèsent des tonnes, véridique).
Au début des années cinquante du siècle passé, se créa alors une association pour la sauvegarde de la ferté mariale, laquelle commença avec des fonds minimaux à restaurer le domaine, et à y installer un musée. Ce n'est cependant qu'après la révolution de velours que l'on injecta suffisamment d'argent dans le chantier afin de retaper le tout convenablement, commençant d'abord par la prévôté, continuant par l'église, et terminant par chais pas quoi parce que c'est toujours pas terminé au point que ça continue encore aujourd'hui. Ce n'est par exemple qu'en 2000 que l'on remplaça la faramineuse coupole centrale de l'église (alors en bois provisoire parce qu'effondrée, la coupole), haute de 60 m et chapeautée par une lanterne ajourée (petite construction octogonale trouée de petites fenêtres permettant à la petite lumière de pénétrer dans l'énorme église) en son faîte. Et tiens, puisqu'on parle de lumière, si vous avez de la chance, s'il fait soleil genre, alors l'église s'emplira d'un éclairage naturel et coloré des plus fantastiques, conçu par le génial Santini, en situant atypiquement l'autel au Sud-ouest (plutôt qu'en Est) afin de mieux faire pénétrer la lumière toute la journée dans la nef. Bon, et après le dedans, n'oubliez surtout pas d'en faire le tour du dehors, parce que l'extérieur des édifices est splendide.
Pis sinon comme dit, aujourd'hui il y a dedans un musée. Un musée qui ne mérite même pas qu'on en parle tellement il y est interdit d'y photographier, et même pire, d'y entrer en sac à dos. Alors moi par exemple, qui ai tout mon barda dans ma besace, boisson, écriture, photo, lunettes, peigne, chouingommes, etc... ben je n'ai rien pu emmener, ni voulu d'ailleurs puisque si c'est comme ça, ben tant pis pour vous, administrateurs du musée. Vous n'aurez pas droit à la bonne pub qui va bien et que les cultureux s'arrachent auprès de moi. De fait aussi, ce que je vous livre là est de mémoire, et d'aucun sait qu'icelle, en dehors de mémoriser les couillonneries, est plutôt trouée. Le musée donc se trouve dans l'édifice de l'ancienne prévôté. Au rez-de-chaussée se trouvent des artefacts issus de fouilles récentes s'étalant (les artefacts, pas les fouilles) depuis la préhistoire jusqu'à nos jours et relatifs à la région (autour de "Plzeň", Bohême de l'Ouest). Au premier étage se trouve une exposition sur l'art chrétien du gothique jusqu'au baroque, et il s'y trouve surtout une fabuleuse sculpture sur bois représentant St Chaipluqui (pas pu noter, ni photographier). Les proportions corporelles de l'oeuvre sont splendidement bancales (petite tête par rapport au corps, cf. le bougre de Vitruve) mais l'expression du visage (les sourcils), le geste, la représentation des doigts (mains et pieds) sont absolument sublimes d'émotion et de dynamisme. Une autre expo présente l'artisanat du XIX ème siècle, de splendides armoires polychrome (je pensais que l'on disait une "armoire polie chromée", et en fait non, on dit une "armoire polychrome"), des costumes brodés, etc... Une autre expo exhibe des objets sur le thème de la première guerre mondiale, et encore une autre vous montrera des objets en fonte de Plasy ("Plaská litina", cf. ma publie sur l'abbaye de Plasy). S'y trouvent des outils à gris cols comme relis Gieux (crucifix), des poêles à mazout comme à bois. Les dames pourront apprécier des cuisines équipées d'entre 2 guerres (et comparer qui du meuble et qui de la ménagère a le plus changé depuis), les enfants y verront des joujoux (des idées pour Noël), et rien de tout cela ne pourra être photographié au motif d'espionnage culturel.
Bon, et du coup je vous ai tout dit sur la ferté mariale de "Mariánská Týnice". Oui, ça mérite vraiment un jet d'oeil, mais ils m'ont agacé franchement avec leur empêchement de photographier, leur dépôt du sac à fourbi dans un casier, leur tout juste si on peut se gratter les prunes quand on a envie de péter un doigt dans l'nez. Alors pour cette raison je ne vais pas leur faire plus de pub que ça. Sinon selon l'intérêt que vous y porterez, vous pourrez y passer une heure comme une demi-journée. Pis comme c'est à côté de Plasy, ben du coup, vous pourrez combiner les 2 visites. C'est là: 49°59'7"N, 13°27'46"E
En termes de première mention de notre ferté, on a diverses versions. Selon une source, l'on aurait fait mention d'un "Týnec" en 1186 à propos de commerçants voyageant de chais pas où par "Kralovice" vers Prague. C'est plutôt douteux, d'abord parce que je n'ai trouvé aucune trace dans mes grimoires d'un tel texte, mais de surcroît il n'existait aucun chemin, aucune route commerciale vers Prague passant par "Kralovice". Le seul chemin était celui dit "Blšanská stezka" qui partait de "Plzeň", passait par "Kralovice", "Blšany" ("Floehau, Flöhau" en Allemand) et continuait vers "Žatec" vers le Nord, aucunement vers Prague. Une seconde source, nettement plus fiable bien que pourrie également (cf. les "Acta spuria, Codex diplomaticus et epistolaris Regni Bohemiae" à propose de l'abbaye de Broumov) nous parle du 10 novembre 1230, lorsque le roi "Přemysl Otakar I", alors à 1 mois seulement du dépôt de bilan devant St Pierre, confirma la donation par un certain Romain de "Týnec" ("Romanus de Týnec") de plusieurs bourgs (dont "Týnec" justement) à l'abbaye de Plasy. Et c'est ce que j'ai de plus ancien d'écrit concernant "Týnec" (i.e. "Teintz", puis "Maria-Teinitz" en Allemand), bien que "Kralovice" ("Cralouiz" originellement en Latin, puis "Crelowitz") appartenait déjà aux cisterciens de plasy depuis 1183 (cf. la donation par le prince "Bedřich", "Acta spuria, Codex diplomaticus et epistolaris Regni Bohemiae"). Pis comme en "Týnec", il s'y trouvait une chapelle consacrée à la Ste vierge, on commença à appeler le bourg "Mariánský Týnec" (genre la ferté-Marie). Bon, mais pareil, je n'ai pas trouvé trace écrite d'une telle chapelle. Ensuite on n'a que peu d'éléments, alors ce que je vous livre est sans certitude. Les moines y auraient construit une église gothique (ou agrandi la chapelle), et l'endroit serait devenu lieu de pèlerinage. Puis vinrent les guerres hussites, et le bourg comme la ferté furent pillés, dévastés et en partie détruits. Ce n'est que vers la fin du XV ème siècle, que l'abbé Adam de l'abbaye de Plasy recolla les morceaux. Au début du XVI ème siècle (en 1518 même) l'église fut volée... enfin on vola dans l'église, et depuis, l'on consigna sur place un moine (de l'abbaye de Plasy, aussi) armé d'une kalachnikov afin de prévenir toute nouvelle récidive. Et ça tombait fichtrement bien, la montée de la garde, puisqu'en cette première moitié du XVI ème siècle, nos moines installèrent dans l'église une statue de la vierge saluée par l'ange Gabriel (cf. Luc 1:28, et soit-dit en passant, Gabriel est un archange et pas un ange tout simple, mais ne compliquons pas). Seconde moitié du XVI ème siècle, les terres du domaine étaient alors en partie cultivées par les cisterciens, en partie louées. Et parmi les locataires, il y eut le "Florián Gryspek z Gryspachu" (cf. l'abbaye de Plasy) qui finit carrément par rattacher "Mariánský Týnec" à son domaine de "Kralovice". Il y fit même construire un moulin considérant le domaine comme sien, le malappris, et les moines dépossédés durent attendre 1613 afin qu'une décision de la cours internationale de justice leur rende les terres spoliées.
Au début du XVII ème siècle, la statue mariale attirait proprettement son pèlerin, les glaces et les frittes se vendaient bien, et de par sa notoriété, "Mariánská Týnice" de "Mariánský Týnec" commençait à devenir rentable. Mais pas pour longtemps, la guerre de trente ans passa par là, et l'église fut mise à bas. Lorsque la paix revint enfin, et que les cisterciens de "Plasy" récupérèrent à nouveau une partie du fourbi spolié, l'abbé "Jakub Vrchota z Rosenwertu" décida que ça ne pouvait pas rester en ruine comme ça, et qu'il fallait en faire quelque chose. Après avoir étudié différent business case, les moines décidèrent d'en faire un lieu de pèlerinage parce que somme toute, en ce coin perdu, un casino ou un strip-bar ne seraient pas viables. On retapa donc l'église dès 1640 en baroque et en plus grand, puis l'on remit une couche entre 1648 et 1651. Mais ce n'était rien par rapport à ce qui allait suivre. Et ce qui allait suivre fut instigué par "Ondřej Trojer" (cf. l'abbaye de Plasy). Vous vous souvenez qu'en 1680, l'abbé "Benedikt Engelken" préféra coller les gueux mutins à la corvée plutôt que de les punir financièrement (cf. l'abbaye de Plasy). Ben le "Ondřej Trojer" continua sur la même lancée. En 1699, l'abbé mit en route la construction d'une prévôté, d'un cloître, d'une tour à cloches entre les 2, et comme le trimard avait déjà les mains dans le plâtre et la sueur dans le dos, le prélat en profita aussi pour faire agrandir l'église. L'acte de fondation signé de la main abbatiale indique que la fonction du nouveau domaine devait être "la prolifération de l'adoration mariale" et "l'assurance matérielle des cisterciens retraités" (il avait anticipé ses vieux jours l'astucieux bougre). Mais l'André (ah oui, "Ondřej" c'est André en Françé) n'eut pas le temps d'en profiter, de sa maison de vieux, parce qu'il décéda dans l'année, en 1699.
Pis entra en scène l'abbé 2T, "Evžen Tyttl", avec dans ses manches le joker Jean-Blaise Santini. "Dis-donc Jean-Blaise, non seulement tout ce fourbi n'avance pas vite, mais de surcroît ça ne me plaît pas velu, alors tu regardes c'que tu peux en faire, tu me fais un joli croquis en couleur sur papier vélin, et si tu fais montre de talent, je te certifie du business pour une bonne paire de semaines" qu'il lui dit l'abbé comme ça. Et Santini épata son monde avec ses plans fabuleux de 1709. L'abbé fut scié, stupéfait comme un caméléon à cheval sur une boîte de Smarties. Et il lui confia dans la foulée "Mariánská Týnice", et lui confia l'abbaye de Plasy, et il lui confia... "Stop! Attends-voir l'abbé, c'est pas d'la mauvaise volonté, mais tu comprends, j'aimerais bien me finir un lièvre avant d'en couvrir un autre". Le 2 juillet 1711, l'on posa donc la première pierre de la ferté mariale à la Santini. Et fabuleux ils l'étaient les plans d'à Jean-Blaise, pour cause: l'abbé cistercien l'avait sommé d'attirer du
Bon, pis arriva le Joseph II, et comme l'abbaye de Plasy, et comme une bonne partie des domaines religieux, "Mariánská Týnice" fut désacralisée, mise en gérance auprès du "fond religieux national" ("státní náboženský fond", cf. l'abbaye de Plasy), en in fine fut vendue aux Metternich (en 1826). Mais ces derniers n'en avaient rien à fout' (encore moins que de Plasy), aussi ils en firent un grenier (dépôt), et doucettement mais sûrement les édifices se délabrèrent. Ils se délabrèrent même si bien, qu'en 1920 (parfois 1922), la coupole centrale de l'église s'effondra, et ce n'est que miracle qu'on y construisit une toiture provisoire en bois, en attendant que quelqu'un veuille bien commencer à s'occuper enfin des splendides bâtisses. Pour info, et parmi les sauveteurs de l'abbaye, il y eut l'architecte "Hanuš Zápal", qui, en dehors d'avoir été l'élève du fantastique "Josef Schulz" (reconstructeur du théâtre national, constructeur du musée national, du Rudolfinum, ou à sa droite de l'autre côté de la rue, du "Uměleckoprůmyslové muzeum"), fut le remarquable concepteur de nombreux édifices archi-connus de la ville de "Plzeň" que je connais particulièrement bien pour y avoir longtemps flâné mes guêtres étant mouflet apprenti bièrophile. Et pour info toujours, la coupole s'effondra parce que lors de la première guerre mondiale, l'on descendit le cuivre du toit afin d'en faire des cuves à bière pour la brasserie de Plasy laissant à nu la charpente offerte aux pluies, aux neiges, aux gels et aux vents (et aux fientes de pigeons, qui mine de rien pèsent des tonnes, véridique).
Au début des années cinquante du siècle passé, se créa alors une association pour la sauvegarde de la ferté mariale, laquelle commença avec des fonds minimaux à restaurer le domaine, et à y installer un musée. Ce n'est cependant qu'après la révolution de velours que l'on injecta suffisamment d'argent dans le chantier afin de retaper le tout convenablement, commençant d'abord par la prévôté, continuant par l'église, et terminant par chais pas quoi parce que c'est toujours pas terminé au point que ça continue encore aujourd'hui. Ce n'est par exemple qu'en 2000 que l'on remplaça la faramineuse coupole centrale de l'église (alors en bois provisoire parce qu'effondrée, la coupole), haute de 60 m et chapeautée par une lanterne ajourée (petite construction octogonale trouée de petites fenêtres permettant à la petite lumière de pénétrer dans l'énorme église) en son faîte. Et tiens, puisqu'on parle de lumière, si vous avez de la chance, s'il fait soleil genre, alors l'église s'emplira d'un éclairage naturel et coloré des plus fantastiques, conçu par le génial Santini, en situant atypiquement l'autel au Sud-ouest (plutôt qu'en Est) afin de mieux faire pénétrer la lumière toute la journée dans la nef. Bon, et après le dedans, n'oubliez surtout pas d'en faire le tour du dehors, parce que l'extérieur des édifices est splendide.
Pis sinon comme dit, aujourd'hui il y a dedans un musée. Un musée qui ne mérite même pas qu'on en parle tellement il y est interdit d'y photographier, et même pire, d'y entrer en sac à dos. Alors moi par exemple, qui ai tout mon barda dans ma besace, boisson, écriture, photo, lunettes, peigne, chouingommes, etc... ben je n'ai rien pu emmener, ni voulu d'ailleurs puisque si c'est comme ça, ben tant pis pour vous, administrateurs du musée. Vous n'aurez pas droit à la bonne pub qui va bien et que les cultureux s'arrachent auprès de moi. De fait aussi, ce que je vous livre là est de mémoire, et d'aucun sait qu'icelle, en dehors de mémoriser les couillonneries, est plutôt trouée. Le musée donc se trouve dans l'édifice de l'ancienne prévôté. Au rez-de-chaussée se trouvent des artefacts issus de fouilles récentes s'étalant (les artefacts, pas les fouilles) depuis la préhistoire jusqu'à nos jours et relatifs à la région (autour de "Plzeň", Bohême de l'Ouest). Au premier étage se trouve une exposition sur l'art chrétien du gothique jusqu'au baroque, et il s'y trouve surtout une fabuleuse sculpture sur bois représentant St Chaipluqui (pas pu noter, ni photographier). Les proportions corporelles de l'oeuvre sont splendidement bancales (petite tête par rapport au corps, cf. le bougre de Vitruve) mais l'expression du visage (les sourcils), le geste, la représentation des doigts (mains et pieds) sont absolument sublimes d'émotion et de dynamisme. Une autre expo présente l'artisanat du XIX ème siècle, de splendides armoires polychrome (je pensais que l'on disait une "armoire polie chromée", et en fait non, on dit une "armoire polychrome"), des costumes brodés, etc... Une autre expo exhibe des objets sur le thème de la première guerre mondiale, et encore une autre vous montrera des objets en fonte de Plasy ("Plaská litina", cf. ma publie sur l'abbaye de Plasy). S'y trouvent des outils à gris cols comme relis Gieux (crucifix), des poêles à mazout comme à bois. Les dames pourront apprécier des cuisines équipées d'entre 2 guerres (et comparer qui du meuble et qui de la ménagère a le plus changé depuis), les enfants y verront des joujoux (des idées pour Noël), et rien de tout cela ne pourra être photographié au motif d'espionnage culturel.
Bon, et du coup je vous ai tout dit sur la ferté mariale de "Mariánská Týnice". Oui, ça mérite vraiment un jet d'oeil, mais ils m'ont agacé franchement avec leur empêchement de photographier, leur dépôt du sac à fourbi dans un casier, leur tout juste si on peut se gratter les prunes quand on a envie de péter un doigt dans l'nez. Alors pour cette raison je ne vais pas leur faire plus de pub que ça. Sinon selon l'intérêt que vous y porterez, vous pourrez y passer une heure comme une demi-journée. Pis comme c'est à côté de Plasy, ben du coup, vous pourrez combiner les 2 visites. C'est là: 49°59'7"N, 13°27'46"E
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