Légende: La guerre des donzelles

Devant le succès de mes récits des vieilles légendes tchèques, je me suis dit que je ne pouvais pas faire l'impasse sur celle-ci. D'abord parce qu'elle est croustillante sous la dent, vraiment, puis aussi parce qu'elle est inhabituelle, z'allez voir. En effet, beaucoup de légendes ont été reprises, adaptées, modifiées, par d'autres cultures, d'autres régions et d'autres pays, mais je ne me souviens pas que celle dont je vais vous parler présentement ait jamais été transposées (mais peut-être me trompe-je). Bref...
Alors la traduction du titre, et paf, première noisette coriace, "Dívčí válka" (voire "války") se traduirait en français par la guerre des jeunes-filles (ou les guerres) mais "jeunes-filles" ne me plaisait pas trop (trop couillon), j'ai donc hésité entre tendron (trop jeune), demoiselle (trop niais), gonzesse (trop péjoratif), pis je me suis rappelé de Flaubert: "de Paris à Rouen, dans un wagon rempli de monde, j'avais en face de moi une donzelle qui fumait des cigarettes, étendait ses pieds sur la banquette et chantait" et c'était ça, mais vouis, mais bien sûr, une donzelle, vous allez voir comme ça colle bien. Donc aujourd'hui, la guerre des donzelles, ou, plus explicitement, "comment des mâles tchèques exaspérés sont allés botter le fion d'une bande d'emmerdeuses endurcies" (alors parenthèse, je ne suis que l'interprète de ce conte, aussi je laisse le soin à l'auteur originel d'assumer entièrement ses propos). Ici, il est inutile de vous présenter les personnages, vous les découvrirez au fur et à mesure, d'ailleurs leur individualité n'est pas vraiment importante, c'est leur comportement collectif qui fait la beauté de cette histoire.

Mon récit se déroule il y a longtemps, très très longtemps. Certains historiens situent l'époque au VI ème ou VII ème siècle, mais ce qui est sûr, c'est que ni le Château, ni la ville de Prague n'existaient encore, pour vous dire comme ça remonte. Donc il y a très très longtemps, régnait en paix la princesse "Libuše" (prononcer "L I B O U C H A I" en français). Elle était belle, bien, intelligente, bon, et surtout, respectée par tous, hommes et femmes (voir mon blog sur Praha). Pis un jour elle mourut, décéda, très passât, laissant le pays dans le désarroi... eh oua... euh... ouais... à son mari "Přemysl".
En fait, les hommes qui vécurent peinards tranquilles pendant des années sous le règne d'une femme ("Libuše"), commencèrent à se rebiffer grave (l'on ne sait d'ailleurs pas pourquoi) et l'on pouvait entendre dans les tavernes des commentaires du genre "ouais, vous les gonzesses, maintenant que 'Libuše' n'est plus, hein... ça commence à bien faire, et surtout à suffire, parce que hein, bon, alors non plus... pis z'allez voir ce que vous allez voir... pis c'en est fini de vous obéir au doigt et à la braguette...". Les murs du château de "Vyšehrad" commençaient à être tagués de formules sexistes genre "gonzesses = cheveux longs idées courtes" ou "le pouvoir aux hommes, la cuisine aux femmes", pis aussi "droit des femmes = se taire". Bref le genre de comportement machiste qui avait le don certain d'agacer les plus féministes des donzelles (dont z'elle dont j'vais vous parler). Les évènements allèrent si loin, qu'un beau jour, et sous la conduite de la plus féministe de toutes les femelles du château, "Vlasta", les femmes créèrent un mouvement radical de résistance pour endiguer la montée de la suprématie masculine. Au départ politique, le mouvement prit de l'ampleur, en particulier dans les foyers où les femmes se refusaient à leurs maris en signe de protestation. "Touche pas à ma zone" (érogène) était le slogan du mouvement, slogan qui allait au fur et à mesure devenir "Touche pas!", puis "à ma zone" et finalement "amazone", nom que s'attribuèrent définitivement les donzelles lorsqu'elles quittèrent la lutte politique pour entrer dans le combat armé. Eh oui, parce qu'au bout d'un moment, lassées par l'attitude passive des autorités compétentes en matière d'égalité des sexes, et à force de ne pas être entendues (et pourtant elles braillaient fort), certaines amazones décidèrent de quitter le château de "Vyšehrad" et mener une lutte armée contre ces "imbéciles prétentieux, misogynes et porcins" qu'étaient devenus les hommes.

Tout d'abord, certaines d'entres-elles bâtirent une citadelle... que dis-je, un château fort, fort beau (les femmes ont généralement du goût pour l'immobilier), "Děvín" (prononcer "D I E V I N E"), juste de l'autre côté de la rivière "Vltava", en face de "Vyšehrad", tandis que d'autres battaient la campagne à des lieux à la ronde afin de rallier à leur cause un maximum de donzelles.
A leur arrivée, la chef "Vlasta" leur assignait consciencieusement les tâches: les plus robustes à l'entraînement au combat, les plus belles étaient envoyées en espionnage au château de "Vyšehrad", et les plus vieilles dévouées aux tâches ménagères et à la cuisine (ah ben ça, il en fallait bien aussi). L'objectif final était de prendre le pouvoir, par la force s'il le fallait, instaurer une société matriarcale de donzelles féministes, et régner en maîtresses absolues sur la totalité du pays (et paf, et toc, et na!). Parmi certains autres desseins votés à l'unanimité par le conseil des harpies, mais à plus longue échéance, la décision avait été prise d'étriper systématiquement les hommes, en épargner quelques uns tout de même, les plus robustes, afin de servir d'esclaves pour la reproduction, les travaux harassants, cultiver les terres, élever les bestiaux pis descendre les poubelles et monter les packs d'eau. Et curieusement d'avec un programme aussi démagogique, l'appel à la rébellion contre les hommes fut entendu au delà de toutes espérances. De tout le pays, nombreuses donzelles quittèrent leurs parents, leurs maris, et rejoignirent les rangs des amazones rebelles, tant et si bien que le château de "Děvín" commençait à manquer de place pour toutes les accueillir dans des conditions satisfaisantes.
En effet, pour coucher les luronnes s'adaptèrent aisément à plusieures dans une même chambre, cependant au réveil les quelques salles de bains étaient prises d'assaut par celles qui voulaient se laver, se coiffer, se maquiller, se laquer les ongles, s'épiler les sourcils, se teindre les cheveux, se manucurer les mains et se pédicurer les pieds, se coton-tiger les oreilles, se percer les points noirs du nez et les points blancs du front, recharger leur Philishave Cool Skin, ou tout simplement faire caca. Victimes de leur succè, les filles durent à un moment refuser du monde et établir une liste d'attente rigoureuse. Les délais d'attente pouvaient se mesurer en tant que délais d'attente moyens rapportés car ces délais d'attente moyens rapportés reflétaient le temps d'attente écoulé entre la date de programmation de l'entrée en fonction et la date réelle de l'entrée en fonction. Mais dans la plupart des cas, les délais d'attente reflétaient le temps durant lequel ont attendu les postulantes ayant souscrit à une fonction spécifique car l'on considérait que ces délais d'attente étaient représentatifs du temps d'attente durant lequel durent réellement attendre les postulantes qui étaient encore en attente d'acceptation (sur la liste d'attente). Bref, pendant ce temps, de l'autre bord de la rivière et du haut des remparts de "Vyšehrad", les hommes observaient ironiquement les amazones et se bidonnaient joyeusement de les voir manier les armes et s'entraîner à la guerre sous la conduite de "maître Yoda" dont les services avaient été loués en la circonstance n'ayant plus rien d'autre à fiche après le tournage du dernier et ultime épisode de la saga de la guerre des étoiles. "Vas-y ma chérie, donne-lui, donne-lui..." pouvait-on entendre des remparts de "Vyšehrad" à l'adresse des donzelles, ou encore "ah ben c'est sûr, une épée c'est plus lourd qu'une louche...", pis encore "et quand vous aurez fini de faire les andouilles n'oubliez pas de vous raser les jambes...", le tout facétieusement accompagné de grands éclats de rire bien gras.

Pis un jour, le prince "Přemysl" qui avait des dons de voyance divinatoirement prophétiques, comme d'ailleurs avait sa femme (voir mon blog sur Praha, et ce n'était pourtant pas la saison des champignons), rassemblât son conseil de conseillers du château de "Vyšehrad", et lui dit (au conseil): "dis-donc les enfants, je ne voudrais pas avoir l'air de vous alarmer à l'excès, mais cette nuit, j'ai fait un de ces cauchemars horribles, fouyouyouille de fouyouyouille..."
Et de s'empresser de rajouter: "... et je peux vous assurer que je n'avais pas mangé de champignons hier". Puis de raconter: "dans une nuit sombrement noire, froide et profonde, à la lueur des rayons de la pleine lune brillante qui traversaient un épais brouillard dense et humide dans l'immense forêt lointaine où qu'on entend le coucou, j'ai entraperçu une amazone en armure étincelante montée sur son robuste cheval noir. D'une main elle tenait une cassero... une épée et de l'autre un calice en or. Et de ce calice (en or) elle s'abreuvait goulûment du sang frais des milliers d'hommes morts tout autour d'elle". Et de conclure: "sérieusement les mecs, prenez gaffe, parce que cette histoire de donzelles insurgées commence à ne plus me plaire du tout du tout". "Ouah l'autre, mort de rire, eh, chuis scié" rétorquèrent les membres du conseil, "attends, eh, tu rigoles ou quoi 'Přemysl', les gonzesses, là, on en fait qu'une bouchée si on veut, et on te ramène les poils en souvenir... Tiens, puis on va te le prouver, chiche?". Et nos braves gaillards de rassembler leurs troupes, fourbir leurs armes, seller leurs vaillants destriers, et partir à l'assaut de la forteresse de "Děvín" en sifflotant le sourire en coin comme une bande de trousse-pets en route pour la fête à Neuneu. C'est en arrivant aux portes du château, que la bonne humeur disparue soudainement de leurs visages hilares tellement l'inattendue surprise était de taille (d'aucuns, selon les historiens, se seraient fait dessus... ou dedans pour ceux en armure). Non seulement les remparts de la forteresse débordaient de donzelles en armes hurlant comme des furies et prêtes à en découdre férocement avec le premier téméraire qui s'aventurerait plus près que de raison des abords de l'édifice, mais devant la herse même se trouvait une impressionnante armada de cavalières lourdement harnachées.
Après quelques secondes d'un lourd silence durant lequel les deux armées appréciaient réciproquement l'insolite situation, l'on entendit un cri en provenance de la formidable troupe d'amazones: "Tuez-les tous" lança "Vlasta" du haut de son coursier et en tête de la formation, "que ce soient vos pères, vos frères, vos fils, vos cousins, vos amants, ou Tom Cruise en personne, tuez-les tous, et rapportez-moi leurs testicules que je m'en fasse un joli collier du dimanche". A peine eut-elle fermé la bouche, jeté ses longs cheveux noirs en arrière d'un rapide mouvement de la tête et vérifié d'un coup d'oeil qu'elle n'avait pas filé ses collants, qu'elle lança son vaillant destrier à pleine vitesse en direction des ennemis paralysés tout en pétant des boules de feux et crachant des flammes incandescentes, suivie ("Vlasta") par la horde des amazones tandis qu'une volée de flèches, partie des remparts du château, s'abattait sur les pauvres bougres tel un essaim de sauterelles vertes sur une champ de céréales en Afrique. Ce fut une horreur Thérèse, dans un vacarme indescriptible et dans une confusion totale, les épées pourfendaient, les lances transperçaient, les masses d'arme aplatissaient, les haches hachaient, tandis que les têtes volaient, les bras tombaient, les jambes cédaient, et les os se rompaient...
L'abominable massacre ne dura pas longtemps, oh non, ou du moins suffisamment pour que les impitoyables guerrières, galvanisées par le sang et les lambeaux de chairs des cadavres, anéantissent plus de 500 hommes, les survivants ne devant leur salut qu'à une fuite opportune dans la forêt avoisinante protégés par un épais nuage d'effluves pestilentielles caractéristique d'un relâchement imprévu du sphincter. Pendant plusieurs jours et plusieurs nuits, on put entendre à "Děvín" les beuglements des donzelles ivres fêtant leur victoire, et à "Vyšehrad" les cris de douleurs des blessés agonisants. Pendant plusieurs jours et plusieurs nuits, la rivière "Vltava" charriait les milliers de litres de sang des victimes du combat jusqu'à l'Elbe, puis dans la mer du Nord.

Les temps devinrent particulièrement dures pour les hommes. Affaiblis et peu nombreux, ils ne purent non seulement pas conquérir ni prendre la forteresse de "Děvín", mais ils ne pouvaient pas plus s'en approcher. La situation était d'autant plus délicate pour les occupants masculins de "Vyšehrad" qu'ils ne pouvaient aucunement faire confiance aux femmes restées au château car parmi celles-ci se trouvaient nombreuses espionnes du camp adverse, lesquelles informaient périodiquement "Děvín" des moindres faits et gestes de la population "Vyšehradienne".
Ainsi les féroces amazones s'embusquaient et tendaient régulièrement des piéges aux pauvres gars qui parcouraient le pays tant et si bien que la contrée devint infréquentable pour la gente masculine. Les femelles sanguinaires taillaient systématiquement en pièce tout ce qui portait biroute et rapportaient invariablement les testicules à "Vlasta" qui commençait à ne plus trop savoir quoi faire des nombreux colliers dont elle disposait et dont elle dut se résoudre à s'en orner au-delà des simples dimanche.

Pis un jour, le jeune, beau et preux chevalier "Ctirad" décidât de prendre quelques jours de repos pour le week-end de l'ascension, fatigué par les nombreuses embuscades qu'il tendait avec ses hommes aux diablesses en représailles de leurs exactions. C'est ainsi que par un beau matin du joli mois de Mai, youkaydi youkayda, un groupe de 10 cavaliers se mit donc en route en direction de l'hostellerie luxueuse avec piscine et sauna privés que "Ctirad" avait réservée pour les 4 jours de repos en pension complète que le bon prince "Přemysl" leur avait gracieusement accordés. Il faisait beau, chaud, et le printemps était déjà bien là, embaument l'air des odeurs de fleurs et de pollen. Alors qu'il traversaient une clairière splendide où l'herbe verte jonchée de pâquerettes blanches, de marguerites blanches aussi, et de pissenlits jaunes déroulait un tapis de velours au devant des braves cavaliers, un cri strident perça le silence. Un cri humain, strident mais étouffé qui venait de derrière un petit buisson, là, juste vers la gauche. Ils arrêtèrent leurs montures, descendirent, s'approchèrent, regardèrent et ne crurent pas leur yeux de ce qu'il virent derrière ce petit buisson, là, juste vers la gauche. Sous le ciel d'un bleu clair uniforme sans le moindre nuage, il y avait un chêne immense, et sous ce chêne immense il y avait un petit buisson, là, juste vers la gauche, et sous ce petit buisson, là, juste vers la gauche, il y avait des myrtilles bleu-ardoise et de fraises des bois rouge-bonbon à côté d'un rocher gris en pierre, et contre ce rocher gris en pierre, là, juste là, était adossée une superbe jouvencelle, fermement ligotée par de solides cordes, comme une rosette de Lyon mais en moins gras. Ses longs cheveux blonds ondulaient sur ses épaules cuivrées et le soleil éclairait sa splendide poitrine opulente trahissant sans le moindre doute ses origines slaves de robuste constitution. "Ctirad" tomba immédiatement sous l'emprise envoûtante de son charme sensuel et libéra la jeune-fille qui s'empressa de raconter sa mésaventure. Elle s'appelait "Šárka", fille de "Jaba the Hut" et de la princesse "Leia". Elle fut élevée par "Jar Jar Binks" le gungan dans un champ de citrouilles parce que 3 bonnes fées (ses marraines) s'étaient penchées sur son berceau en or lorsqu'elle naquit petite(!?).
Partie avec son âne "Bouriquet", ses souris d'honneur et son escorte du 25 ème bataillon d'infanterie de marine afin d'apporter une galette et un petit pot de beurre à sa grand-mère malade d'une blenno contractée d'avec le loup, le convoi fut attaqué par d'impitoyables amazones qui tuèrent sans merci tous les hommes et bâfrèrent la galette et le beurre. Refusant de se rallier à leur cause, les guerrières décidèrent alors de ligoter la pauvre innocente et de la laisser ainsi à la merci des 7 nains lubriques qui hantent la forêt. Et tandis que les hommes écoutaient naïvement les inepties de "Šárka", celle-ci se saisit soudainement de sa trompette attachée à sa hanche et se mit à jouer "Oh when the saint..." d'une main, tandis qu'elle claquait des doigts en cadence de l'autre. Pouêt pouêt tralala, ran ran patapan, aussitôt la clairière s'emplit de hurlements et des dizaines de cavalières sortant du maquis fondirent sur les pauvres bougres sidérés. Eh ouais, car tout ceci en fait n'était qu'un piége méphistophélique tendu par la malicieuse "Vlasta" pour capturer le vaillant "Ctirad" dont le départ en thalassothérapie avait été opportunément annoncé par les espionnes de "Vyšehrad" à la solde des femelles révoltées (décidemment, les hommes se sont de tout temps fait avoir par les sottises déblatérées par une ravissante blonde à gros nichons). Ah pis il faut également préciser que ce "Ctirad" là était la terreur des donzelles auxquelles il livrait une lutte sans merci, et les nombreuses victoires qu'il avait bravement remportées pesaient lourdement sur le moral des troupes adverses. Aussi il arriva un moment où "Vlasta" fut lassée de lire les exploits du gaillard dans la presse, et décida qu'il fallait mettre un terme à cette menace permanente. Et ainsi fut fait, "Vlasta" tendit donc ce piége diabolique en utilisant les charmes mammaires de son fidèle bras droit "Šárka" dite "la sauvage" (vous allez comprendre pourquoi après). "Ctirad" fut capturé, ligoté, paire-de-claqueté, et c'est baignant dans le sang au seuil du trépas que ses compagnons de bataille virent définitivement leur chef s'éloigner.

Emmené au château de "Děvín", le pauvre diable fut horriblement torturé par les donzelles selon l'idée de l'atroce "Šárka". Pendu par les testicules dans un courant d'air à l'aide d'un fil électrique sous haute tension, sont corps fut enduit de "sauce barbecue pour chicken Mc Nuggets" tandis qu'un nid des fourmis rouges cannibales était déposé sur son torse viril préalablement dépilé à la cire chaude "histoire qu'il sache comment c'est que ça fait du bien, tiens!". Les misérables coiffèrent ensuite ses oreilles d'écouteurs Zap-Link MRX71SL stéréos 3,5 mm diffusant en boucle et à pleine puissance les derniers tubes de la Star'Ac, de Nana Mouscouri, et de Chantal Goya, puis le livrèrent ainsi aux exactions des résidentes de la citadelle qui lui jetaient dessus leurs tampons et leurs serviettes périodiques usagés lorsqu'elles passaient à proximité de l'infortuné. Pendant 14 jours et 14 nuits, l'on pouvait entendre à des lieux à la ronde et jusqu'au château de "Vyšehrad" les hurlements du pauvre "Ctirad". Pis il mouru, la bouche ouverte avec des fourmis dedans (rouges les fourmis). "Vlasta" découpa personnellement son corps en menus morceaux qu'elle jeta aux requins, aux piranhas et aux crocodiles qui infestaient les douves du château de "Děvín".
Elle était très loin de se douter des conséquences effroyables que cet acte barbare allait alors avoir pour elle, pour ses amazones et sa forteresse.

En effet, lorsque les récits des évènements arrivèrent aux oreilles du bon prince "Přemysl", celui-ci décidât qu'il était grand temps qu'il aille personnellement mettre un terme final à tout ce navrant chambard qui à l'évidence dégénéra bien au-delà de ce que même les convenances de l'époque étaient prêtes à accepter. "Mais qu'est ce que c'est que c'est que tout ce bordel là, nom di diou di nom di diou? C'est qu'elles me foutraient le pays à feux et à sang ces furieuses là" s'exclama-t-il. C'est ainsi qu'après avoir fait rouler dans le panier qui va bien la tête de l'incompétent ministre de l'intérieur, il mobilisa tout ce que "Vyšehrad" pouvait encore compter d'hommes valides, battit le rappel à travers toute la campagne ratissant large jusqu'aux abords des autres royaumes, passa un rapide coup de fil à son pote "Kumarsinhji Shri Bhavsinhji Mallamma Pratap Mahasadwi", maharaja de Jaipur, Bhavnagar et Rurange les Thionville afin qu'il lui "prête" quelques divisions blindées d'éléphants d'Asie, embaucha une poignée de mercenaires venus de Kisangani, Conakry, Cotonou, et autres Libreville pour entraîner rapidement les paysans inexpérimentés, pis 2 mois après le tragique épisode "Ctirad" quittait la forteresse à la tête d'une solide armée afin de "nettoyer au Karcher" la cité de "Děvín" et en finir une fois pour toutes avec, ce qu'il appelait depuis, "ces sanguinaires emmerdeuses féministes". Je vous fais grâce des détails de l'offensive, ça ferait peur aux enfants et vous pouvez aisément imaginer. Les amazones furent battues à plate couture et les hommes avides de revanche n'en laissèrent aucune en vie, massacrant toute âme du château ainsi que toutes celles qui tentaient de s'enfuir par les bois. "Vlasta", selon les témoins, succomba dans les premiers moments de l'attaque étant la plus impétueuse et toujours en tête de l'armée.
On ne retrouva jamais ses restes qui auraient été piétinés en bouillie purée mousseline par les hommes et les chevaux lors de l'assaut. "Šárka" malgré sa beauté et ses charmes ne s'en sorti guère mieux, encerclée sur le parapet par les soldats et suppliant en vain le pardon, elle préféra alors sauter dans les douves pour finir dans l'estomac des bestioles carnassières plutôt que de mourir de la main vengeresse du prince. Et finalement la forteresse de "Děvín" fut entièrement détruite, liquidée, brûlée jusqu'aux cendres avec les cadavres des donzelles. Les matières restantes, os, dents, pierres, métaux furent démantelées, triées puis broyées, moulues menues et les poudres dispersées aux 4 vents du royaume. C'est ainsi qu'il n'existe aujourd'hui aucune trace matérielle ni des batailles, ni du château ni de quoi que ce soit rendant les certitudes sur les faits évoqués particulièrement aléatoires. Tout fut définitivement détruit annihilé et liquidé ad vitam eternam... sauf... sauf le nom de l'endroit, aujourd'hui réserve naturelle et lieu de promenade pour les praguois que vous pourrez apercevoir du bus (numéro 119) si vous venez de l'aéroport, sur votre gauche.
En effet l'emplacement où eurent lieu ces événements s'appelle toujours "Divoká Šárka" (Šárka sauvage), et l'endroit présumé de son suicide "Dívčí skok" (le saut de la donzelle). Pis le talentueux compositeur "Bedřich Smetana" relatera ces évènements par une extraordinaire violence et densité musicale dans la troisième partie de son cycle symphonique "Má vlast" (Ma Patrie). Pis ce sera tout. Quelques statues, de ci, de là, de "Šárka" et de "Ctirad", au château de "Vyšehrad" notamment, pis fini. Plus rien sur cet épisode funeste de la lutte des femmes pour leur indépendance vis à vis des hommes, ce qui, somme toute, n'est peut être pas plus mal non plus, parce qu'après tout, hein, qui sait, c'est peut être seulement et rien d'autre qu'une légende qui n'a peut être d'ailleurs jamais existé.

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