Ville: La bibliothèque de l'ancien monastère des servites
Donc petite publie cette fois-ci, pour vous parler rapidement de la bibliothèque de l'ancien monastère des servites près de l'église St Michel, visitée lors des journées du patrimoine européen (dans le cadre desquelles journées je suis passé à la téloche nationale, si si, véridique). Et je vous en parle d'autant plus volontiers, que les splendides fresques ci-présentes sont un très bel exemple d'en trompe l'oeil, spécialité d'à notre peintre souvent mentionné comme second couteau dans de nombreuses précédentes publies: "Josef Hager" (1726 - 1781, cf. l'abbaye de Broumov, St Venceslas à Zderaz, ou encore François Palko).
Quelques rapides repères. L'ordre des servites, je vous en avais déjà parlé à propos de l'église Ste Marie de l'annonciation sur gazon. Le monastère des servites, il n'est plus depuis 1786 suite aux reformes joséphiennes. Les bâtiments furent réaménagés pour l'habitation laïque du profane, du coup rien à dire. Quant à la triste affaire de l'église St Michel liée au monastère, inutile de revenir dessus, c'est une affaire close (dis-donc, j'te dis pas les repères laconiques que je viens de poser, mort de rire).
Les servites arrivèrent donc à Prague en 1360, mais repartirent lors des guerres hussites, après que ces derniers furieux (hussites) eurent brûlés quelques-uns de leurs membres (servites). Ils revinrent à Prague en 1632, après la bataille de la montagne blanche, et mirent en chantier leur monastère vers 1640 sur les fondations des maisons "à l'âne" et "au puits doré" dans la rue "Melantrichova". Au début, ils voyaient petit, les gars, genre une habitation pour 20 bougres, pas plus, ignorant quelle serait la demande en servite sur le marché de Bohême. Et l'agencement du monastère date de cette époque de première construction, entre 1640 et 1664. Or lorsque la demande crut, mi XVIII ème siècle, l'on entreprit une reconstruction en baroque tardif (1757 - 1766), pour nettement plus d'ensoutanés. Et c'est de cette époque que date notre bibliothèque. A première vue, cette salle est réduite, si on la compare à d'autres bibliothèques praguoises de cette époque ("Klementinum", "Strahov"...). Mais en matière littéraire, tout le monde sait que quantité et qualité sont 2 mesures distinctes (z'avez qu'à voir mes publies :-) Et c'est justement sur cette dernière valeur (qualité) que reposait la bibliothèque des servites. Les principales matières enseignées et tudiées étaient bien évidemment la théologie (et la mariologie [études des marioles] en toute première place), l'astronomie, la géométrie, les sciences naturelles et de la vie (médecine, botanique...) puis le droit canon, aussi. Ben justement, ces disciplines sont ainsi représentées sur la fresque d'au plafond, en pur style pur rococo.
Mais juste avant, quelques mots sur le peintre. "Josef Hager" n'est pas spécialement connu en Bohême, et pour ainsi dire inconnu en dehors des frontières de l'empire habsbourgeois. Dommage, car je lui trouve personnellement beaucoup de talent. Il fut l'élève de "Jan Karel Kovář" (1709-1749), encore plus inconnu (sinon dans mes publies), mais apprécié par les abbénédictins de "Břevnov-Broumov-Sázava" pour lesquels il réalisa de nombreuses oeuvres, comme le plafond de l'église St Martin du bien triste village de "Lidice". Et malgré qu'il fut son élève (de "Jan Karel Kovář"), duquel il récupéra nombreux clients, "Josef Hager" subit nettement plus l'influence des trompe-l'oeil du prodigieux "Andrea Pozzo" (cf. St Tignasse de Rome) que celle de son maître de Bohême. Pour preuve, en plus de notre bibliothèque praguoise, les similis coupoles à la Pozzo dans les églises du St Esprit de "Libáň" ou St Pierrépaul de "Bezno". Et maintenant, les fresques de notre bibliothèque.
Si vous levez les yeux au plafond encore plus, tout en haut, vous remarquerez comment le trompe-l'oeil s'agence parfaitement à l'espace de la pièce, donnant l'impression de regarder dedans la bibliothèque, dans l'étage. Les personnages au centre, dedans la coupole, symbolisent la religion et l'église (allez Gories). Et comme dit, tout autour, les matières enseignées. Le cartouche en face de l'entrée (dans la salle) représente un savant servite barbu-touffu (docteur es science) tourné vers un tableau de la vierge: l'étude théologique et surtout mariale. A droite, un homme est assis sur une chaise, par dessus le dossier de laquelle est jetée une peau humaine. Il tient de sa main gauche le fameux faisceau du licteur et représente le droit (genre si tu fais l'con, ta tête sera décapitée, ton corps sera dépecé et ton âme moribonde ira aux enfers). L'homme de type oriental un turban rouge sur la tête représente la médecine, avec des plantes médicinales et un herbier à ses pieds. Pis l'astronomie, la géométrie, et les sciences de l'univers, elles sont représentées par le barbu chauve un compas à la main. Notez à ses pieds la carte, portant mention"made in China"... "I. Hager". Quant aux petits cartouches monochromatiques en violet clair, ce sont des interprétations personnelles des allégories de Cesare Ripa, dont l'ouvrage de référence "l'Iconologie" eut une influence non négligeable sur les arts plastiques (comme sur notre Joseph). D'un côté vers l'autre, on peut voir Doctrina, Memoria, Vigilencia, Diligencia et Sergent Garcia. Le cartouche numéro 5 c'est coton pas clair, parce que le gaillard est dépourvu de tout attribut (visible, parce que sous sa robe...), alors ça peut être n'importe qui (sauf ma femme de ménage). Puis l'on a Philosophia, Geometria, Veritas, Meditatio et Intellectus. Selon les sources, ces peintures dateraient de vers 1760, ou 1770, malheureusement aucune certitude sur les dates, sinon de leur restauration: décembre 2002. Aujourd'hui, la bibliothèque de l'ancien monastère des servites est une salle de concert. Elle serait utilisée par une école enseignant la musique liturgique ainsi que le jouage (jouement?) sur instruments anciens, sous l'appellation "Collegium Marianum - Týnská škola". Mais je n'en sais pas plus, aussi je ne vous en dis pas plus.
Ah tiens, sinon anecdote. Dans les années 1680, la cour de Vienne déménagea vers Prague afin de fuir l'épidémie de peste autrichienne, qui du reste arriva en Bohême quelques mois plus tard. Alors ils partirent pour "Pardubice", les gens de la cour. Pis une fois la peste arrivée à "Pardubice", ils partirent pour Linz, et une fois la peste à Linz... bref... Alors que la cour de Vienne était à Prague (avant l'arrivée de la peste), l'on aménagea un théâtre dans la petite salle du jeu de paume, près du manège à bourriques (galerie d'art aujourd'hui), afin d'amuser la noblesse. La salle fut proprement retapée en 1743 dans le cadre des grandes célébrations du couronnement de l'impératrice Marie-Thérèse d'Autruchon-gris. Mais la déco lui déplut, aussi "Josef Hager" re-peinturlura de nouveaux zizi-pan-pans en 1754, lors de la seconde visite de l'impératrice. Et c'était beau, selon les critiques de l'époque. Mais Marie-Thé eut à peine le temps d'apprécier les belles peintures, que les Prussiens bombardaient Prague (en 1757, dans la cadre de la guerre de 7 ans) et détruisaient à jamais l'édifice (parmi tant d'autres). Les boules.
Et pour conclure, le sujet de ma publie se trouve ici: 50°5'9.456"N, 14°25'13.767"E. Mais vous aurez bien peu de chance d'y accéder, c'est toujours fermé.
Quelques rapides repères. L'ordre des servites, je vous en avais déjà parlé à propos de l'église Ste Marie de l'annonciation sur gazon. Le monastère des servites, il n'est plus depuis 1786 suite aux reformes joséphiennes. Les bâtiments furent réaménagés pour l'habitation laïque du profane, du coup rien à dire. Quant à la triste affaire de l'église St Michel liée au monastère, inutile de revenir dessus, c'est une affaire close (dis-donc, j'te dis pas les repères laconiques que je viens de poser, mort de rire).
Les servites arrivèrent donc à Prague en 1360, mais repartirent lors des guerres hussites, après que ces derniers furieux (hussites) eurent brûlés quelques-uns de leurs membres (servites). Ils revinrent à Prague en 1632, après la bataille de la montagne blanche, et mirent en chantier leur monastère vers 1640 sur les fondations des maisons "à l'âne" et "au puits doré" dans la rue "Melantrichova". Au début, ils voyaient petit, les gars, genre une habitation pour 20 bougres, pas plus, ignorant quelle serait la demande en servite sur le marché de Bohême. Et l'agencement du monastère date de cette époque de première construction, entre 1640 et 1664. Or lorsque la demande crut, mi XVIII ème siècle, l'on entreprit une reconstruction en baroque tardif (1757 - 1766), pour nettement plus d'ensoutanés. Et c'est de cette époque que date notre bibliothèque. A première vue, cette salle est réduite, si on la compare à d'autres bibliothèques praguoises de cette époque ("Klementinum", "Strahov"...). Mais en matière littéraire, tout le monde sait que quantité et qualité sont 2 mesures distinctes (z'avez qu'à voir mes publies :-) Et c'est justement sur cette dernière valeur (qualité) que reposait la bibliothèque des servites. Les principales matières enseignées et tudiées étaient bien évidemment la théologie (et la mariologie [études des marioles] en toute première place), l'astronomie, la géométrie, les sciences naturelles et de la vie (médecine, botanique...) puis le droit canon, aussi. Ben justement, ces disciplines sont ainsi représentées sur la fresque d'au plafond, en pur style pur rococo.
Mais juste avant, quelques mots sur le peintre. "Josef Hager" n'est pas spécialement connu en Bohême, et pour ainsi dire inconnu en dehors des frontières de l'empire habsbourgeois. Dommage, car je lui trouve personnellement beaucoup de talent. Il fut l'élève de "Jan Karel Kovář" (1709-1749), encore plus inconnu (sinon dans mes publies), mais apprécié par les abbénédictins de "Břevnov-Broumov-Sázava" pour lesquels il réalisa de nombreuses oeuvres, comme le plafond de l'église St Martin du bien triste village de "Lidice". Et malgré qu'il fut son élève (de "Jan Karel Kovář"), duquel il récupéra nombreux clients, "Josef Hager" subit nettement plus l'influence des trompe-l'oeil du prodigieux "Andrea Pozzo" (cf. St Tignasse de Rome) que celle de son maître de Bohême. Pour preuve, en plus de notre bibliothèque praguoise, les similis coupoles à la Pozzo dans les églises du St Esprit de "Libáň" ou St Pierrépaul de "Bezno". Et maintenant, les fresques de notre bibliothèque.
Si vous levez les yeux au plafond encore plus, tout en haut, vous remarquerez comment le trompe-l'oeil s'agence parfaitement à l'espace de la pièce, donnant l'impression de regarder dedans la bibliothèque, dans l'étage. Les personnages au centre, dedans la coupole, symbolisent la religion et l'église (allez Gories). Et comme dit, tout autour, les matières enseignées. Le cartouche en face de l'entrée (dans la salle) représente un savant servite barbu-touffu (docteur es science) tourné vers un tableau de la vierge: l'étude théologique et surtout mariale. A droite, un homme est assis sur une chaise, par dessus le dossier de laquelle est jetée une peau humaine. Il tient de sa main gauche le fameux faisceau du licteur et représente le droit (genre si tu fais l'con, ta tête sera décapitée, ton corps sera dépecé et ton âme moribonde ira aux enfers). L'homme de type oriental un turban rouge sur la tête représente la médecine, avec des plantes médicinales et un herbier à ses pieds. Pis l'astronomie, la géométrie, et les sciences de l'univers, elles sont représentées par le barbu chauve un compas à la main. Notez à ses pieds la carte, portant mention
Ah tiens, sinon anecdote. Dans les années 1680, la cour de Vienne déménagea vers Prague afin de fuir l'épidémie de peste autrichienne, qui du reste arriva en Bohême quelques mois plus tard. Alors ils partirent pour "Pardubice", les gens de la cour. Pis une fois la peste arrivée à "Pardubice", ils partirent pour Linz, et une fois la peste à Linz... bref... Alors que la cour de Vienne était à Prague (avant l'arrivée de la peste), l'on aménagea un théâtre dans la petite salle du jeu de paume, près du manège à bourriques (galerie d'art aujourd'hui), afin d'amuser la noblesse. La salle fut proprement retapée en 1743 dans le cadre des grandes célébrations du couronnement de l'impératrice Marie-Thérèse d'Autruchon-gris. Mais la déco lui déplut, aussi "Josef Hager" re-peinturlura de nouveaux zizi-pan-pans en 1754, lors de la seconde visite de l'impératrice. Et c'était beau, selon les critiques de l'époque. Mais Marie-Thé eut à peine le temps d'apprécier les belles peintures, que les Prussiens bombardaient Prague (en 1757, dans la cadre de la guerre de 7 ans) et détruisaient à jamais l'édifice (parmi tant d'autres). Les boules.
Et pour conclure, le sujet de ma publie se trouve ici: 50°5'9.456"N, 14°25'13.767"E. Mais vous aurez bien peu de chance d'y accéder, c'est toujours fermé.
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