Célébrités: Mikoláš Aleš, ce génie omniprésent

Allez, tiens, restons à Prague afin que j'vous parle d'un truc avant qu'il ne se finisse, parce que si vous n'allez pas le voir, ça sera fichtrement dommage.
Il s'agit de l'exposition consacrée au fabuleux artiste "Mikoláš Aleš" (18/11/1852 "Mirotice" - 10/07/1913 Prague) dont je vous ai parlé (toujours en bien) dans moult de mes précédentes publies, et qui (l'exposition) se tient au manège (à bourrins) du château de Prague, "Jízdárna Pražského hradu, U Prašného mostu 55" jusqu'au 20 avril 2008 (arrêt de tram "Pražský hrad").

Alors je ne vais pas vous faire le détail de la biographie de ce peinturlureur, dessinateur, illustrateur, décorateur, caricatureur, bref... de ce génie, car vous la trouverez (plus ou moins bien écrite, mais relativement fidèle) dans Wikipédia et dans radio.cz.
Par contre je vais vous parler de son oeuvre, de son attachement à la culture slave, à la Bohême et à Prague. L'importance de l'oeuvre de Nicolas ("Mikoláš"), son génie épique, héroïque, lyrique, enthousiaste, et poétique ne furent reconnus que relativement tard, pratiquement juste avant sa mort. Mais d'aucuns s'accordent à dire que son style précurseur, avant-gardiste, préfigurait l'avènement de la peinture art-nouveau tchèque, et qu'il influença significativement le style des "Alfons Mucha", des "Antonín Slavíček" jusqu'aux peintures juvéniles de "František Kupka". Son nom est associé avec des mouvements artistiques comme le "Spolek výtvarných umělců Mánes", ou "Máj 57" (groupe artistique d'opposition à la dictature con-muniste sur les arts).
"Mikoláš Aleš" a été partout, omniprésent, pris, repris, mélangé, utilisé et fusionné avec la plupart des évènements de notre République: naissance de la Tchécoslovaquie à la fin de la première guerre mondiale, montée du fascisme dans les années 30, protectorat de Bohême-Moravie (39-45) et enfin con-munisme totalitaire qui fit beaucoup de mal à son image. Parce que le maître avait beaucoup peint les hussites, les ruraux et le peuple, la chienlit bolchevique embrouilla savamment ses oeuvres à l'infâme rouge idéologie, et présenta dès 1952 (première exposition du genre) "Mikoláš Aleš" comme un défenseur de la classe ouvrière exploitée par le capital, comme un pourfendeur de la dictature religieuse, bref, comme un vrai artiste du réal-socialisme con-muniste. Fumiers rouges! Il était décédé depuis longtemps, mais eut-il été vivant qu'il vous aurait craché à la face, vermine stalinienne!

L'exposition dont il est question ici et qui s'intitule 1852-2007 (?!) présente un large éventail de créations, sans vraiment de fil conducteur ni d'ordre défini. Vous pouvez y voir des peintures, des esquisses, du fusain, du crayon, des études, des projets, enfin tout ce qui fait que ce bougre de gaillard là était génial. Anecdote, signalons que l'exposition est impérialement parrainée par l'eurosceptique climatologue averti, président de l'Empire National des Républiques Tchèques: "Václav Klaus", ce qui curieusement n'enlève rien à sa qualité (de l'expo).

Alors quelques mots sur le lien entre le Nicolas et Prague, sur les principaux coins où il habitat. "Mikoláš Aleš" s'y installe définitivement en 1869, et en 1872 il déménage à "Malá Strana", dans la rue "Hellichova" à 150 m de chez moi (coïncidence?). Célibataire, il passait également beaucoup de temps chez son mécène "Alexandr Brandejs" au nord-nord-ouest de Prague ("Suchdol") où naquirent les lunettes du Théâtre National (j'y reviendrai) grâce aux revenus desquelles il épousa sa femme en 1879. Et c'est en couple en semble qu'ils déménagèrent dans la même année 300 m plus loin, dans la rue "Lázeňská". Ils déménagèrent en suite en couple en semble 400 m plus loin, dans la rue "Thunovská" où le grand "Alfons Mucha" habita également des années plus tard. Puis ils déménagèrent en core en suite en famille en semble 300 m plus loin, dans le fameux palais "Vrtbovský" (c.f. les jardins "Vrtbovský") qui porte aujourd'hui une plaque commémorative du passage du génie.
Pis lorsqu'il commença enfin à se faire un peu plus de pognon (et d'enfants) que rien du tout avant, la famille "Aleš" quitta définitivement "Malá Strana" pour "Vinohrady", dans l'actuelle rue "Bělehradská 1018/64" où entre 2 peintures il trouva même le temps de décéder. La maison rue "Bělehradská 1018/64" porte une plaque commémorative du passage du génie. Sa femme Marina (née "Kailová") lui survécut encore 28 ans, mais c'est tout. Et comme tous les grands du pays, le peintre repose au cimetière de "Vyšehrad" au numéro 12B-60 dont vous ne pouvez pas louper l'entrée grâce à l'imposant buste sculpté par "Bohumil Kafka" (auteur du monumental "Jan Žižka", sur la colline de "Vítkov"). Quant à la ville de Prague, elle lui rendit hommage en nommant un quai de son nom, "Alšovo nábřeží", entre le pont Charles et le pont "Mánes".

Rapidement quelques mots sur le mécène "Alexandr Brandejs", que l'on appelait alors "bramborový mecenáš" (le mécène "pomme de terre") car il avait une énorme exploitation agricole, et il faisait livrer à Prague des chariots entiers de rutabaga chez ses protégés afin qu'ils subsistent durant les froides périodes d'hiver. Alexandre avait un penchant immodéré pour l'art en général, et nombreux grands génies artistiques de la fin du XIX ème siècle (dite génération Théâtre National) se retrouvaient chez lui, à "Suchdol". Parmi ses chouchous, il y avait les plus connus, comme les peintres "František Ženíšek", "Václav Brožík", les sculpteurs "Josef Václav Myslbek", "Antonín Chittussi", les architectes "Jan Zeyer", "Antonín Wiehl" ou les écrivains "Julius Zeyer", "Jaroslav Vrchlický".
Anecdote. Lorsque "Josef Václav Myslbek" commença ses esquisses pour la fameuse statue de St Venceslas qui se trouve aujourd'hui en haut de l'avenue du même nom, il prit pour modèle (du cheval) un bourrin de la ferme d'"Alexandr Brandejs". Puis au fur et à mesure que les travaux avançaient, "Josef Václav" n'avait plus le temps de rendre visite à son mécène, alors celui-ci lui faisait "livrer" son modèle équestre directement dans son atelier praguois lorsque le maître en avait besoin.

Et justement puisqu'on parle de modèle, alors que les contemporains de "Mikoláš Aleš", les "František Ženíšek", les "Vojtěch Hynais"... créaient dans des ateliers sur la base de modèles réels, le maître Nicolas doté d'un énorme talent figuratif et visuel travaillait de tête. D'ailleurs il disait lui-même "je ne travaille pas sur un modèle, mais sur une impression".
Entre 1878 et 1879 il peignit les fantastiques huiles "U hrobu Božího bojovníka" (près de la tombe du soldat de dieu, c.f. les hussites), "Husitský tábor" (le camp des hussites) et encore le fabuleux "Setkání Jiřího z Poděbrad s Matyášem Korvínem" (la rencontre de ... avec ... c.f. ma publie). Mais trop avant-gardistes, les toiles seront très mal accueillies par la critique des imbéciles conservateurs qui faisaient alors référence en matière artistique. Puis pour bien pourrir la triste situation, il y eut l'affaire des lunettes du Théâtre National. En fait les 14 dessins (dont vous pouvez voir des maquettes à l'exposition) étaient l'oeuvre de "Mikoláš Aleš" en personne, et "František Ženíšek" l'aidait dans la mise en forme, dans le dessin grandeur nature. Or bien qu'acceptées (les maquettes) par la commission d'acceptation des oeuvres, cette dernière (la commission) n'apprécia cependant pas leur colorisation et confia cette tâche à d'autres artistes (sous la direction de "František Ženíšek").
Rajoutez à cela quelques dissensions sur le partage des honoraires, et ce fut non seulement la fin de l'amitié entre les 2 peintres, mais également un terrible coup au moral de "Mikoláš" qui commença à douter de son tallent. Dans tout Prague commençait à se propager la stupide rumeur que le maître serait un excellent dessinateur, mais un piètre peintre. Cette médisance eut une effroyable conséquence sur les commandes futures. "Mikoláš Aleš" trouva heureusement un soutien moral comme financier auprès de son ami "Alexandr Brandejs", se remit de cette traîtrise et épousa sa femme Marine avec qui il vécut jusqu'à la fin de sa vie. Il se consacra alors à l'illustration de livres, de poèmes, de chansons, il dessina dans les journaux, les revues, et même sur les maisons. Une de ces références illustratives est le fameux "Staré pověsti české" (les vieilles légendes de Bohême) écrit par "Alois Jirásek" dont je reçus il y a quelques années un exemplaire que je conserve précieusement dans ma bibliothèque.

Mais la reconnaissance advint tout de même vers la fin de sa vie. Le maître fut nommé membre de l'"Umělecká Beseda" (association artistique née en 1863 destinée à promouvoir la littérature, la musique et les arts en général et qui comptait parmi ses membres des colosses comme "Bedřich Smetana", "Josef Mánes", "Jan Evangelista Purkyně", "Josef Čapek"...). Il fut nommé membre de l'académie tchèque des sciences et des arts, et fut également le premier président du "Spolek výtvarných umělců Mánes". L'empereur François-Joseph en personne le nomma inspecteur en arts plastiques des écoles de la ville de Prague. Il fut membre d'honneur de l'association "Škréta" (association d'étudiants tchèques en arts plastiques à Munich qui comptait parmi ses membres des "Josef Mánes", "Antonín Chittussi", "Václav Brožík", ou "Alfons Mucha").
Sa dernière "grosse" commande lui fut passée en 1902 par le maire d'alors (trop fort, ça me fait toujours rire le maire d'alors)... donc le maire (d'alors) "Vladimír Srb": la décoration du vestibule de la mairie de la vieille ville. Ainsi naquirent les 2 oeuvres intitulées la "prophétie de Libuše" et "Prague slave" que vous pouvez toujours admirer dans le vestibule si vous visitez la mairie (ou regardez par la porte d'entrée grande ouverte lors des mariages), mais sous forme de mosaïque laquelle recouvrit les peintures originelles du maître en 1935. Quant à son tout dernier dessein qui se trouve également à l'exposition et qui illustre également une histoire de "Alois Jirásek", il symbolise le rabbi "Löw" (c.f. mes photos) sous la forme d'un crâne collé contre une rose sauvage. Présage? "Mikoláš Aleš" décéda 6 jours plus tard.

Tiens, légende. En fait le rabbi "Löw" était futé comme un goupil des bois, et avait une sorte de sixième sens pour renifler la mesquine entourloupe. Un jour, alors qu'il s'en promenait par le quartier juif, il aperçut dans l'étroit recoin sombre d'un bout de passage lugubre au fond d'une petite ruelle étriquée un personnage suspect (c'est mieux que lèche-cul) une longue liste dans la main. "Ah ben flûte alors" se dit-il, "c'est soit Oskar Schindler soit la Mort en personne". Le lecteur averti aura compris qu'il s'agissait bien de la Mort (cette immonde créature). Et notre rabbi le comprit aussi, alors il prit son courage et sa djellaba à 2 mains, se précipita vers l'effrayant personnage et lui arracha des paluches la liste des condamnés pour la déchirer en mille morceaux tout en faisant "gna gna gna... tsoin tsoin... bisque bisque rage...". Et c'est pour cette raison que rabbi "Löw" atteignit un âge canonique (73 ans officiellement, mais d'aucuns l'attestent centenaire) car son propre nom se trouvait sur cette liste des pauvres bougres que la Mort s'en venait chercher ce soir là. Mais la Mort est revêche, et avant de s'en disparaître elle lui dit "attends mon cochon, tu ne l'emporteras pas au paradis.
Je vais te coller aux frusques comme la crotte à la semelle, et un jour je t'aurai."
Et elle usa de toutes les ruses la salope, se déguisant en commerçant offrant un poisson (empoisonné) au rabbi, en élève qui voulait devenir disciple de "Löw" (et l'assassiner), en colombe (là chais pas pourquoi), en peau de banane (pour qu'il glisse dessus), en bacille de la tue-Berculose, en sale monellose dans les rillettes... mais le rusé et perspicace rabbi flairait toujours sa sale tronche blafarde de spectre cadavérique et réussissait toujours à échapper au baiser mortel. Jusqu'au jour où... la splendide fille du rabbi lui apporta une rose, lui disant "tiens papa, renifle voir comme elle sent bon", et le rabbi distrait huma, et la Mort sournoisement planquée dans la fleur effleura de ses lèvres exsangues le visage du rabbi, et c'en fut fini. Et pour ceux qui ne croiraient pas en cette histoire véridique, alors allez à la nouvelle mairie de la vieille ville, place de la mairie... de la Marie (vierge Marie, "Mariánské náměstí") et au coin de la rue "Linhartská", vous avez une splendide statue du rabbi "Löw" avec sa fille et la rose à ses pieds.
Sa splendide fille implore son pardon pour l'histoire susmentionnée bien sûr, mais surtout aussi pour être tombée follement amoureuse d'un preux chevalier chrétien ce qui était mal, très mal, puisque je rappelle au lecteur inattentif que rabbi "Löw" comme sa fille étaient juifs. Le preux chevalier dont la belle tomba amoureuse est également représenté à la Marie... mairie, de l'autre côté, au coin de la rue "Platnéřská" et selon une certaine légende, il s'agirait du fantasque empereur Rudolf II en personne, qui serait tombé follement amoureux de la belle enfant et qui aurait utilisé ce déguisement de preux chevalier pour aller "visiter" sa bonne mie en loucedé à l'insu du plein grès de papa rabbi "Löw". Evidemment, ça ne tient pas debout parce qu'accoutré en ferblanterie, il aurait fait plus de bruit qu'un troupeau de vaches suisses au galop dans un pâturage tyrolien (discrétion assurée), ensuite parce que ceux qui ont vu la trogne d'à Rudolf auront compris que pour les rigolades éthyliques, oui, mais pour les idylles libidineuses...
genre j'le sens pas trop d'sus comme dirait ma femme de ménage, et in fine, parce que le preux chevalier de la rue "Platnéřská" n'est autre que le fameux chevalier de fer dont je vous ai déjà parlé. Ah oui, et les 2 splendides statues art-nouveau sont l'oeuvre du fabuleux "Ladislav Šaloun", mais vous le savez déjà sans doute.

Les experts en Alešisme ont recensé quelques 8000 dessins, croquis, ébauches, illustrations, peintures et graffitis dans les toilettes... Parmi les plus connus, importants, et mémorables en peinture:
- "Husitský tábor" (1877)
- "Setkání Jiřího Poděbradského s Matyášem Korvínem" (1878, en la mairie de la vieille ville)
- "U hrobu božího bojovníka" (1879)
- "Pobití Sasíků pod Hrubou Skálou" (1895) sa plus imposante toile (10 x 8,5 m), au musée du Paradis de Bohême à "Turnov". Elle est basée sur la légende des faux manuscrits et s'intitule modestement "Prise de rouste par les Saxons à Hrubá Skála".

En séries de tableaux:
- Les 14 lunettes du Théâtre National intitulées "ma Patrie" (1879). Dans le détail: "Stráž na pomezí, Pověsti a osudy, Domažlice, Léčivá zřídla, Rudohoří, Severní průsmyky, Jizera, Trutnov, Krkonoše, Dvůr Králové, Chrudimsko, Táborsko, Otava, Žalov" (chuis faignant de vous faire la traduc, pis surtout 80% sont des noms propres de régions, villes... et donc intraduisibles en Français)
- Les 4 tableaux aux murs du foyer (vestibule) du Théâtre National sur le thème "la vie", "le mythe", "la chanson et la musique nationales" et "l'histoire" (1879)
- Une série fort étonnante sur les Indiens d'Amérique intitulée "Živly" (les Eléments, 1881). Etonnante parce que notre bougre n'est jamais allé en Amérique. Mais son pote "Vojta Náprstek" si. Il y séjourna même une dizaine d'année avant de rentrer à Prague, imprégné de culture indienne pour laquelle il avait une attirance toute particulière (c.f. son musée) et qu'il partageait volontiers avec ses potes autour de bonnes chopines de bière. Du reste, des tribus comanches et iroquoises furent montrées aux praguois en 1879 sur l'île de "Štvanice" et maître "Aleš" y aurait alors perfectionné ses esquisses.
- Prague (1882), 6 tableaux sur la ville à travers des évènements majeurs.
- "Život starých Slovanů" (la vie des anciens Slaves, 1891) qui retrace en 5 tableaux une vision "romantico-niaise" de ce qu'on imaginait sur nos ancêtres
(fortement idéalisé par les faux manuscrits).

En illustrations:
Bon, y en a plein, alors je ne vais pas vous les noter toutes, mais parmi les plus importantes, signalons l'illustration des fameux faux manuscrits précédemment mentionnés, des comtes et légendes de "Alois Jirásek", un certain nombre de recueils de poèmes, des livres d'école (abécédaires), des calendriers... Ses personnages préférés étaient des St Venceslas, des "Jan Hus", des "Jan Žižka", mais aussi des inconnus, des Chod (de "Chodsko"), des hussites, des dragons, des uhlans, des hussards, des cosaques, des chevaliers, des Slaves habillés comme des Celtes...
et justement puisqu'on parle d'habits, il créa également les costumes de théâtre pour les personnages de l'opéra "Šárka" de "Zdeněk Fibich". Le théâtre c'est anecdotique, par contre en sgraffite, c'est autrement plus riche. Entre 1880 et 1913, il réalisa des décorations sur quelques 37 maisons rien qu'à Prague avec la complicité principalement des architectes "Antonín Wiehl" (il a d'ailleurs dessiné les sgraffites de la maison de l'architecte, "Wiehlův dům", aux angles de "Václavské nám. 792/34" et "Vodičkova 792/40"), ou encore "Rudolf Štech" à "Plzeň" où vous pouvez encore voir quelques 15 maisons décorées par le maître. Et donc à Prague, vous ne pouvez pas louper la maison "Rott", place de la "petite place" ("Malé náměstí", adjacente à la place de la vieille ville). Les fresques représentent des activités artisanales et agricoles où les personnages utilisent des outils vendus alors dans le commerce qui se trouvait en cette demeure fin XIX ème début XX ème siècle.
Place de la vieille ville, tournez le dos à "Jan Hus", placez-vous à la hauteur de notre-dame du Týn (sur votre gauche) et regardez droit devant vous, la maison "U kamenné Panny Marie" (appelée aussi "Štorchovo nakladatelství") avec le St Venceslas. C'est du "Mikoláš Aleš" aussi. Ou encore la banque "Živnobanka, Na Příkopě 20", ou encore les lunettes du hall d'entrée de la "Česká Spořitelna, Rytířska 29", ou encore la maison au coin des rues "Skořepka" et "Jilská" sur le thème de guerre et pet, ou encore "Janáčkovo nábřeží 1055" que je roule devant à chaque fois que je rentre du bureau sur le thème de la vie des Chods, et encore d'autres, plein... énormes... splendides... Pis aussi à "Pardubice", à "Náchod", à "Protivín", à "Kladno" où il était grand copain avec l'écrivain, alchimiste et maître brasseur "Otakar Zachar" dans la brasserie duquel il passa un bon bout d'quart d'heure et où naquirent également nombre de ses oeuvres.

Entre 1880 et 1881, "Mikoláš Aleš" toucha même à la littérature en co-publiant avec le grand "Jakub Arbes" un journal satirique intitulé "Šotek". Et comme tous les grands de cette époque ("Jaroslav Vrchlický" déjà mentionné, "Jan Neruda"...), il fréquentait assidûment la taverne St Thomas"Malá Strana") dans le cadre de ses réunions du cercle "Mahábhárata". Par contre la taverne St Thomas, ne cherchez pas, ou plus, car elle n'existe plus. Et d'ailleurs presque tout le complexe n'existera plus comme il était, car il va finir comme beaucoup d'autres sous la forme d'un hôtel de luxe 5 étoiles, comme s'il n'y en avait pas assez, fumiers!
Sans dec, j'en connais 10 des hôtels 5* où tu ne fous pas ta viande salée dans le beau torchon en soie à moins de 250€ la nuit (et en promo encore). Par contre je connais beaucoup moins de gens (normaux?) qui pour un week-end (2 nuits) vont fout' 500€ pour dormir dans une piaule d'Emile et inouï, et quelques heures seulement aussi parce qu'à Prague, faut vraiment être con pour y venir en week-end et dormir la nuit entière. Et donc si je résume, fout' 250€ dans un hôtel faut être..., dormir la nuit à Prague faut être..., et donc si au millionnaire on vous pose la question "où se trouve un hôtel construit par des... pour des...", alors vous avez la réponse maintenant. A nouveau ce n'est pas qu'on en fasse un hôtel qui me dégoûte (d'autant plus qu'un couvent se prête bien à ce genre d'exercice), non, ce qui me dégoûte au point d'en vomir de la merde liquide sur leurs souliers cirés d'immondes fumiers (pour vous dire comme ça me remonte de loin),
c'est la dénaturalisation (on se parle de monuments multi-centenaires refaits à neuf), la destruction (pour répondre aux standards de construction et de sécurité publique actuels), la modernisation (versus l'authenticité), l'aseptisation (5*, ben tiens), la partoupareillisation (Paris, Rome, Londres, Bruxelles...) et la connardisation ("ah t'as vu chérie, c'est moderne Prague quand même", véridique, entendu dans la rue à propos des clac-clac-clac aux feux rouges pour les aveugles non-voyants), bref ce qui me dégoûte au point d'en vomir de la merde liquide (pour vous dire comme ça me remonte encore une fois et de loin), c'est la totalebousillation de Prague par et pour le pognon (des cons). Et comme j'en suis plus à ça près: "Nom de dieu de putain de bordel de merde de saloperie de connard d'enculés de leurs mères" (the Merovingian, alias Lambert Wilson, Matrix reloaded, en Français dans le film, festus magna voce dixit).

Voilà, c'est donc jusqu'au 20 avril 2008, et je vous le conseille très très vraiment. D'aucuns reprochent à l'exposition son "désordre",
son manque de chronologie, son manque d'explication (attention, certaines oeuvres sont de son jeune frère "Jan", talentueux dessinateur auto-suicidé en 1867), son manque d'analyse (sur la vie du maître et ses rapports parfois tendus avec les artistes contemporains), mais la beauté et l'éventail des oeuvres méritent assurément une visite à eux seuls, surtout si comme moi, vous êtes simple amateur de beau sans fioriture analytique. Mais comme dit, ruez-y vous maintenant, car après le 20 avril c'est fermé.

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