Ville: Ste Marie d'la victoire à la Montagne Blanche
Ben justement, celui-là (de complexe) je l'ai aussi visité dans le cadre de la nuit des églises. A chaque fois que j'empruntais la route de "Karlovy Vary", je me disais en passant: mais c'est bien sûr, faut que je le visite ce complexe splendidement baroque. Mais les occasions étaient menues. Du coup, la nuit des églises, parce qu'une fois par an, la cléricafarderie ouvre (enfin) les portes de ses églises à la plèbe... bref... lisez-là, dans ma toute précédente publie.
Alors l'origine de notre complexe se rapporte encore une fois à la fameuse et triste bataille du 8 novembre 1620 sur la "Montagne Blanche". Je ne vais pas revenir dessus, parce que vous en trouverez mention dans chaque seconde publie mienne. Mais je vais cependant rappeler au lecteur distrait ou irrégulier, qu'après cette foutue bataille, la Bohême, alors paradis oecuménique où toutes les religions du monde vivaient dans la paix et le respect mutuel selon les préceptes de l'amour du prochain et de la tolérance sexuelle même par derrière... la Bohême donc fut recatholisée manu militari le pied au cul par les Habsbourg et par son épatance le papàrome.
Maintenant dans le cadre de la bataille de la "Montagne Blanche" comme de ma présente publie, je me dois de commencer par l'affaire du moine Dominique de Jésus Marie (de son vrai nom "Domingo Ruzola Lopez", 1559-1630), du fameux tableau de la vierge Marie de "Štěnovice" et des miracles associés. Ponte de l'ordre du carmel officiant à Rome comme à Vienne, bon pote et confesseur de Maximilien de Bavière, le bougre carmélite fut armé par le St siège d'une épée bénitéconsacrée et mandaté en Bavière afin d'apporter son aide à la ligue catholique en route vers Prague pour en découdre avec l'hérésie. Mais aux environs de "Plzeň", à "Štěnovice" précisément, il découvrit (version officielle catholique, car il est clair que le pillage en temps de guerre...) un petit tableau représentant la Sainte famille et qui aurait été accessoirement souillé par les réformateurs protestants. La propagande (catholique) affirmait alors que les personnages de la toile auraient eu les yeux percés par les hérétiques, sauf le p'tit Jésus (qui portait des lunettes). Oui (pour les trous) et non (pour les lunettes). Les copies du tableau prouvent les yeux percés, mais allez savoir qui perça réellement ces trous et pourquoi? La scène bucolique représente la naissance de p'tit Jésus, couché sur un linge, maman Marie et papa Joseph contemplant tendrement leur gnafron, en arrière plan sont peints 2 bergers sur fond de paysage montagneux. Composition typique renaissance et sans réelle valeur artistique, quel crétin chrétien (même protestant) aurait voulu la bousiller? Enfin bref. Tombé amoureux de la peinture pour l'on ne sait quelle raison (apparemment sa déficience mentale n'en était plus à ses débuts), le moine furieux bénissait à l'aide de la Ste image les troupes qui défilaient devant lui avant l'assaut. Puis pendant la bataille, embrassant l'icône de ses 2 bras, il priait la Ste vierge, le p'tit Jésus, Ste essence et barbutoupuissant. Dominique serait même monté sur une preuse bourrique, et la croûte attachée autour du cou (elle était petite), il aurait parcouru le champ de bataille en haranguant les troupes de la ligue catholique. Une fois tout terminé en moins de 3 heures, la facile victoire fut en grande partie mise sur le compte du miracle marial, genre que Marie aurait défait de ses petites mains vierges les méchants protestants.
La croyance ridicule aurait pu en rester là, mais non. Le moine déchaîné se mit en charge de la promotion de cette fable burlesque bien au-delà des frontières du pays. Curieusement la sauce prit. Et au fil des années, le délire collectif ajouta de nouveaux miracles. Le tableau aurait arrêté les balles protestantes. Il aurait sur eux projeté des éclairs. Il les aurait aveuglés de ses feux, et aurait même soigné les hémorroïdes de Ferdinand II lorsqu'icelui s'assit cul nu sur la toile. Dominique emmena bien évidemment le tableau à Rome chez Grégoire XV (qui souffrait également de l'anus horribilis?) et l'oeuvre fut déposée en grande pompe le 8 mai 1622 sur l'autel principal en l'église St Paul, rebaptisée pour l'occasion Ste Marie de la victoire ("Santa Maria della Vittoria"). Mais autant la Ste vierge peut mener et gagner bataille, elle est apparemment impuissante face aux incendies (pour ça c'est St Florian, pas vierge Marie). En 1833, l'intérieur de l'église prit feu (ah les bougies...), et le tableau original fut définitivement réduit en cendres. Mais fort heureusement, plusieurs copies de la toile furent faites auparavant. Ainsi aujourd'hui, vous trouverez donc les fac-similés de la toile miraculeuse (pour les croyants) dans l'église Ste Marie de la victoire de Prague ("Malá Strana", là où habite la débile statuette du Bambino di Praga), dans l'église Ste Marie de la victoire de Rome (où la copie d'une copie a remplacé l'original), et dans l'église Ste Marie de la victoire à la "Montagne Blanche" (sujet de ma publie d'aujourd'hui). Je vous ai mis en cette publie les photos de ces 3 copies, vous pouvez ainsi comparer, genre, si vous trouvez 10 différences. Sinon selon une dernière source, il y aurait encore une autre copie de cette croûte en l'église St Procope de "Strakonice". Mais je n'ai pas visité cette église, donc je ne peux ni confirmer ni vous en montrer une photo. Je me demande cependant si une copie possède les mêmes pouvoirs que l'original?
Bon, mais retour à mon histoire. Après cette bataille, ben fallait bien ramasser les morceaux de bidoche, et fournir aux restes une sépulture correcte afin que les âmes des soldats défunts puissent reposer en paix. Aussi l'archevêque de Prague "Jan Lohelius" vint en 1622 avec l'idée bonarde d'organiser une collecte pour la construction d'une chaplettossuaire. Ben tiens, après la bataille, en pleine guerre de trente ans et avec la crise de l'Euro, les donations ne se bousculaient pas. Et comble de pas d'bol, l'archevêque lâcha la rampe en novembre de cette même année. Il fut alors décidé de faire avec ce qu'on avait, c'était à dire pas grand chose, et c'est ainsi qu'entre 1622 et 1624 fut érigée une mini chaplette afin d'y remiser les os des macchabs (les restes de cette primo construction sont visibles dans le mur Ouest de l'actuelle église). En ce temps, l'édifice était alors consacré au St patron de la Bohême, St Venceslas. Mais dès qu'elle fut terminée, chaque 8 novembre, la chaplette devint la cible de processions et de pèlerinages en remerciement à la Ste Vierge de la victoire catholique sur l'hérésie (cf. le fameux tableau). Et il en venait velu du pèlerin tout plein, au point que cette vile gouape d'empereur Ferdinand II voulut enfoncer le clou encore plus profond et remuer le couteau dans la plaie à double tour en érigeant à seulement quelques 400 mètres à l'Est un édifice encore plus imposant, une vraie et majestueuse église Ste Marie de la victoire. Il en posa la première pierre en 1628, mais le coût de la guerre (de trente ans), le manque d'intérêt des Bohémiens locaux... bref, cette première pierre devint également la dernière. Pareil et même pire, les servites (ordre des servites de la vierge, "Ordo Servorum Beatae Virginis Mariae") qui avaient flairé la bonne aubaine commencèrent alors à se bricoler un monastère céans, se disant que 2 glus à bigots comme St Venceslas et Ste Marie de la victoire allaient drainer une fréquentation infernale de culs-bénits béats. Ben non. Ils finirent par vendre le domaine en 1673, et le monastère même pas terminé devint quelques années plus tard une taverne renommée sous l'appellation "l'auberge de la Montagne Blanche" (vous pouvez lire l'histoire dans "cette publie"). La taverne existe toujours, visible sur la droite, juste avant le terminus des trams. Mais elle est fermée depuis des années pour je ne sais quelle raison, et c'est bougrement dommage parce que l'édifice est fabuleux.
En 1648 et dans l'excitation de la guerre de trente ans, les Suédois pillèrent les environs comme la chapelle St Venceslas, laquelle devint pour ainsi dire une ruine sans intérêt. Mais en 1704, un maçon bavarois remit la chapelle sur pied, et devint même son marguillier. Pourquoi un maçon bavarois tomba amoureux d'une chaplette en ruine et en Bohême? Je n'ai pas trouvé la réponse dans mes sources. Ce qui est sûr, c'est qu'il s'impliqua fiévreusement, et quêta sans relâche au point que dans les années 1705 ou 1706, l'on rajouta un presbytère à la chaplette. Le nouvelle édifice fut consacré en août 1706 par l'abbé "Vít Seipl" de "Strahov". Naquit ensuite la confrérie des amis de la chaplette Ste Marie victorieuse, dont les membres éminents n'étaient autres que le sculpteur, peintre et gentilhomme "Kristián Luna" (le meneur), l'entrepreneur "Jan Jindřich Klingenleitner", les génies peintres "Petr Brandl", "Václav Vavřinec Reiner", "Cosmas Damian Asam" et "Jan Adam Schöpf", les génies architectes "Kryštof Dientzenhofer", "Giovanni Battista Alliprandi", "Jan Blažej Santini Aichel" et nombreux autres. Selon les dernières nouvelles, ce premier stade de construction du complexe à pèlerins serait l'oeuvre de "Kristián Luna" en coopération avec "Jan Jindřich Klingenleitner". A partir de 1708, l'on passa à la seconde phase de la construction, à savoir le cloître avec ses galeries et ses chaplettes d'angle, les portails d'entrée, la maison du curé, la crypte, les nefs latérales de l'église (chapelles Ste Rosalie et St Hilaire) qui donnèrent à sa surface (de l'église) une forme de croix, etc... Je rappelle juste que par "cloître", j'entends ici "partie d’un monastère qui est faite en forme de galeries, avec un jardin ou un préau au milieu" et non pas "cloître" dans le sens "enceinte de maisons où logeaient autrefois les chanoines des églises cathédrales ou collégiales". L'on creusa céans même un puits, qui fut utilisé par les indigènes de la Montagne Blanche jusqu'en début du XX ème siècle. Puis bien évidemment, l'on accrocha au mur une copie du fameux tableau sans lequel il n'y aurait pas eu la moindre victoire. En 1709, l'église fut gratifiée d'un orgue, le marguillier bavarois étant fatigué de chanter l'Allez-Maria en soufflant dans sa trompette.
Le complexe fut totalement achevé vers 1740, et en 1785, paf, Joseph II désacralisa tout le bastringue. Celui-ci fut ensuite vendu aux enchères au brasseur "Josef Ulrich" du quartier de "Motol", mais les sources ne mentionnent malheureusement pas les desseins que ce dernier réservait au site. Quoi qu'il en soit, le brasseur finit par tout vendre en 1811 au chanoine de l'église de Tous les Saints (accolée au vieux palais royal du château de Prague) "Josef Čapek", qui réhabilita le complexe puis le légua en 1827 aux bénédictins de "Břevnov". Anecdote. Ce bougre de chanoine avait tous les talents afin de capter du pognon pour la réfection de sa ruine. Ainsi en été 1812, alors que Napoléon 1er s'en marchait vers la campagne de Russie, sa "bonne allemande" (bonne dans le sens jouable, lascive, sensuelle genre...), l'impératrice Marie-Louise, elle, visitait l'empire de son papa François 1er (aussi) pour les vacances. Et c'est lors de son passage à Prague, que le chanoine "Čapek" trouva le moyen d'inviter sa bienveillance Marie-Lou à Ste Marie de la victoire, ce qui, somme toute, n'était pas un si grand défi puisqu'icelle logeait dans la fameuse auberge de la Montagne Blanche à seulement 400 mètres de là. Là, il lui raconta le petit Poucet, Cosette et Germinal. Mais lorsqu'entre la poire et le formage il décrivit la misère des p'tits noirs à grosse bedaine des mouches vertes dans les yeux, nourris aux drogues dures mal cuites fournies par les trafiquants de diamants afin que ces miséreux aillent sabrer à la machette les mains et les jambes de leurs congénères en Sierra-Leone, Marie-Lou mit la main à la poche afin d'en sorti un mouchoir et quelques sous. L'histoire ne retint pas le montant exact, mais elle mit la main à la poche 3 fois, au point qu'à son retour de Moscou, visiblement de mauvaise humeur, son mari lui passa une avoinée mémorable sous la forme "et ne touche plus au grisbi, salope!", formule reprise quelques années plus tard par Michel Audiard pour un film culte que seul l'analphabète pourrait ne pas connaître. Fin de parenthèse et retour d'à l'histoire en 1827 que le chanoine "Josef Čapek" réhabilita le complexe puis le légua aux bénédictins de "Břevnov".
Ensuite, plus grand chose à signaler. Donc très succinctement... A la naissance de la République tchécoslovaque en 1918, les nationalistes saccagèrent le blason habsbourgeois sur le portail principal. En 1939, la Luftwaffe installa dans l'enceinte du cloître une batterie antiaérienne pour défendre l'aéroport de "Ruzyně". Ils construisirent là un bunker qui se trouve toujours à son emplacement d'origine. En 1950, les con-munistes mirent à la porte les résidents du complexe afin de le transformer d'abord en école, ensuite en bureau de poste, et finalement en station d'écoute téléphonique des appels internationaux (du coup, la chienlit bolchevique a dû intercepter mes conversations? Fumiers!). Après la révolution de velours en 1989, se trouvait là un garage-service-réparation automobile. Et finalement en 1991, et dans le cadre des restitutions, Ste Marie de la victoire fut rendue aux bénédictins (de "Břevnov") qui en sont toujours propriétaires. Ah si, encore un truc. En 2007, la cure (maison du curé) fut entièrement restaurée, et depuis cette période y résident des bénédictines, espèces particulièrement rare en notre république puisque totalement disparue en 1919 lors de l'ultime déménagement de St Gabriel vers "Bertholdstein".
Et donc après ces quelques lignes WWF, passons à la description du complexe. D'un point de vue architectural, notre complexe se présente sous la forme d'un typique édifice à pèlerins comme il en existe nombreux en pays nostre: St Jean Népomucène à "Žďár nad sázavou", la Sainte Montagne à "Příbram", ou encore le complexe de la vierge Marie à "Sepekov" (publie à viendre). Un édifice central sujet à pèlerinages est entouré par un cloître à chaplettes d'angle, et ce complexe peut être complété par divers édifices pour l'hébergement des servants, accessoirement l'accueil des bigots, ou le brassage de la bière, pourquoi pas? Ce cloître-ci se compose donc d'une galerie peinte de fresques baroques (malheureusement certaines en très mauvais état) représentant les lieux de pèlerinage de Bohême et Moravie consacrés à la vierge, commentés en Tchèque comme en Allemand. Il s'agirait d'oeuvres de "Jan Adam Schöpf" d'entre 1736 et 1740, mais compte tenu de l'ampleur des dégâts, je doute qu'il eut été le seul à tenir le pinceau, mélanger les couleurs et bouger l'échelle. Bon, mais je reviendrai sur ce gaillard plus loin. Sinon dans le cloître toujours, vous verrez également la plus importante représentation de "milostných obrazů" consacrés à nouveau à la vierge Marie. Parenthèse. Je suis ici confronté à une béchamel linguistique à grumeaux. "Milostný obraz", comment traduire ça proprement en Français? L'oeuvre de Jacques Renoir "Le tableau amoureux" a été traduite en Tchèque par "milostný obraz". Ici il s'agit de la traduction d'un titre d'un point de vu figuratif, mais ce n'est clairement pas à mon sens le terminus technicus approprié pour ces images d'adoration. En Allemand on parle de "Gnadenbild" (terme adéquat pour "milostný obraz"), image de grâce, clémence ou encore indulgence. Ce dernier terme ("Gnadenbild") est souvent traduit par image miraculeuse en Français, mais je pense que le terme de dévotionnelle serait nettement plus approprié, genre image/peinture dévotionnelle, mais clairement pas image d'amour ou peinture amoureuse comme j'ai pu lire. Alors si vous avez une idée, chers lecteurs (Hano, Pavlo?), merci de penser à moi. Mais retour au cloître.
Aux 4 coins se trouvent 4 chaplettes consacrées à St Adalbert, à St Jean Népomucène, à la Ste trinité et au St Sépulcre. La construction de ce cloître est attribuée à "Jan Blažej Santini Aichel" mais sans qu'on ait de preuve formelle. Contre le mur Ouest du cloître se trouve la cure, et l'on soupçonne aussi fortement que Jean-Blaise aurait participé à la conception d'icelle. A nouveau, sans preuve formelle. Les murs du cloître sont percés de 3 portails d'entré au Sud, au Nord et à l'Est (le lecteur sagace aura noté qu'il n'y a pas de portail à l'Ouest puisqu'il s'y trouve la maison-ratichon). Le portail Sud est le plus significatif, non seulement parce que c'est le seul qui est ouvert (et encore très rarement), mais parce qu'il est surmonté d'un relief de 1710 (malgré les inscriptions 1713 et 1729) de "Jan Oldřich Mayer" (rendu célèbre pour ses 3 statues Charles-pontales) représentant l'annonciation à la vierge (elle ne savait même pas qu'elle était pleine, mort de rire): à gauche l'archange Gabriel en doc gynéco soufflant l'info, à droite la vierge Marie ébahie par cette info inouïe. Devant ce portail se trouvent 2 statues de saints protecteurs de la peste, de la lèpre et des pustules qui grattent: un St Sébastien et un St Roch apparemment du même sculpteur et de vers 1750. Les autres portails étant toujours fermés et sans grand intérêt de surcroit, je ne vous en parle donc même pas.
La chaplette d'origine, maintenant l'église Ste Marie de la victoire, est décorée par un tympan représentant (ben tiens) les préparatifs des troupes catholiques avant la bataille. En avant plan, le louftingue Domingo tiens un crucifix à la main, tandis que le tableau miraculeux est gravé au dessus de la scène. Et tout autour (de la scène) se trouve l'inscription (Mathieu 22): "Reddite, quae sunt Caesaris, Caesari et, quae sunt Dei, Deo" (rendez à César ce qui est assez zar, et adieu ce qui est à dieu). Est-ce à dire que la Bohême devait être rendue aux Habsbourg et à l'emmitré romain? Soit j'ai mal compris la signification, soit ça mérite des coups de pieds au cul tellement ça pue la vulgaire arrogance. Pis encore en petit, vous pouvez lire: "Da mihi virtutem contra hostes tuos: Monstra te esse matrem". La premier phrase est extraite de l'"Ave Regina Caelorum" et signifie "donne-moi la force de combattre tes ennemis" (c'est plein d'amour, de tendaison de l'autre joue). La seconde phrase est extraite de l'"Ave Maris Stella" et signifie "montre que tu es (notre) mère" (eh ouais tiens, fais-montrer le drap qui va bien. L'étendard sanglant est lavé? Bref...). Au dessus de ce tympan veille depuis 1704 le vaillant St patron St Venceslas entouré de 2 anges ailés. L'histoire n'a pas retenu le nom du sculpteur.
Pis y a les fresques, splendides, malgré la thématique pas vraiment originale: la bataille de la "Montagne Blanche" (ça leur a fait une paire de semaines cette affaire là, aux catholiques). La coupole sud (chaplette Ste Rosalie) est l'oeuvre de "Václav Vavřinec Reiner", le même que dans ma "précédente publie" (et c'est pure coïncidence). L'on retrouve à nouveau sur cette fresque Dominique de Jésus Marie priant avant la bataille. Notez le fameux tableau miraculeux, et surtout, le pavillon en étoile "Etoile". Vous pouvez ainsi reconnaître la bataille de la "Montagne Blanche" parmi d'autres batailles de par le fait que dans 95% des cas, l'artiste aura représenté le pavillon en étoile, contrairement à la bataille de Mid-ouais ou des Thermophiles, où le pavillon en étoile n'est pas représenté dans 99,9999925321% des cas (attention, j'ai arrondi).
La coupole nord (chaplette St Hilaire) est l'oeuvre de "Jan Adam Schöpf", et représente la fuite des armées des Etats de Bohême après la bataille de... enfin bref, vous savez de quoi qu'on se parle depuis le début. Parenthèse. "Jan Adam Schöpf" est considéré par les experts comme un peintre "mineur", tout au moins sans grande signification pour le développement de l'art pictural. Et bien qu'il ne laissa pas derrière lui des oeuvres époustouflantes (selon les experts), vous trouverez néanmoins sa trace dans nombreuses régions d'Europe. Né à Ratisbonne en 1702, il vécut à Prague entre 1724/26 et 1742, d'où il fut chassé sous l'occupation française pour ses prises de position anti-habsbourgeoise au profit de l'électeur munichois Charles Albert de Bavière (cf. la pragmatique sanction et les imams qui voulaient être califes à la place de l'impératrice Marie-Thé). De cette période praguoise date notre fresque en Ste Marie de la victoire, mais également Amour et Psyché à la Lorette, la légende de St Charles Borromée en l'église du même nom (aujourd'hui Sts Cyril et Méthode "na Zderaze", refuge des parachutistes lors de l'attentat contre Heydrich), le jugement de Salomon en la mairie de "České Budějovice", ou, dans la même ville, les fresques sur les murs et la coupole de la chapelle de l'angoisse mortelle de Jésus ("Todesangst Jesu" comme disent les Germains). Jean-Adam partit ensuite chez l'électeur de Cologne Cléments-Auguste où il laissa nombreuses oeuvres à Bonn, Brühl, mais aussi Münster, ou encore Houthem (Pays-Bas). En 1753, il revint en Bavière où il décéda en 1772. Mais retour à Ste Marie de la victoire.
Bon, et il reste la coupole centrale qui s'intitule la "célébration de l'église (catholique) par les Sts patrons des pays de Bohême" (oui, "église" dans le sens "groupe d'individus de même foi" devrait s'écrire avec un E majuscule, mais j'ai du mal, désolé. Idem pour vierge Marie ou dieu. Vierge Marie et Dieu, j'ai du mal aussi). Parfois vous pourrez lire "le triomphe de la foi catholique en Bohême". Peu importe l'appellation, l'objectif de la scène est de remuer le couteau dans la plaie béante en versant du sel vinaigré par dessus. L'artiste responsable de cette splendide fresque (une fois retiré le répugnant aspect politique) est "Kosmas Damián Asam". Alors de ce bougre, je vous en avais parlé brièvement dans mes publies sur "Kladruby" et "St Nicolas vieille-ville", mais j'aurais pu vous en parler nettement plus si je ne limitais pas mon blog à la République Tchèque. La Bavière est velue de peintures de "Kosmas Damián Asam", et c'est pas d'la gouache à l'eau bas de gamme. C'est du grand, du talentueux, du nettement plus méritant que ce que les critiques d'art ne veulent bien lui accorder (du reste regardez le nombre de lignes sur Wikipédia, c'est affligeant). Parmi les lieux que j'ai personnellement visités (cf. mes photos) signalons "l'église St Marie de la victoire" d'Ingolstadt (eh ouais, encore: victoire. Quand je vous dis que ça leur a fait une paire de semaines cette affaire là, aux catholiques, c'est vraiment pas exagéré), communément appelée l'église d'Asam ("Asamkirche") tellement l'artiste s'est acharné dessus. Le monastère "St Emmeram" à Ratisbonne. Z'avez déjà été à Ratisbonne depuis le temps que je vous en parle dans mes publies? Pareil, y a du "Asam" plein dedans. Et pour les amateurs de bière, "l'abbaye de Weltenburg", somptueux paradis sur les bords du Danube. "Asam" aussi. En terme de composition (dramatique) et d'illusion (trompe l'oeil), l'influence de "Bernini" et de "Pozzo" est évidente. Mais "Kosmas Damián" sut donner à ses fresques une lumière, une profondeur personnelle, et surtout une coloration pastel caractéristique qui sera reprise par des "Palko" par exemple, par la suite, parbleu. Alors les fresques de ce bougre talentueux ne se limitent clairement pas à ce que je vous ai cité ici. Il y en a nettement plus, et même des plus reconnues par les experts, mais je ne vais pas non plus vous en faire une publie, parce que sinon je ne suis pas encore couché ce soir.
Bon, ben je vous ai tout dit sur l'église Ste Marie de la victoire. Icelle mérite sans aucun doute une visite, malgré qu'elle commémore le commencement de 300 ans de dictature catho-habsbourgeoise sur le royaume de Bohême. Mais bon, on ne peut pas être rancunier sans fin non plus, sinon on n'est pas prêt de la construire notre Europe unie où les pauvres faignants du Sud dépensent sans limite l'argent que leur donne bêtement les riches travailleurs du Nord :-) Mort de rire. Heureusement que je suis mon propre web-masseur censeur sinon cette réflexion xénophobe homophobe anglophobe misogyne aubergine sexiste machiste raciste fasciste anarchiste terroriste stomatologiste ironiste anticon-muniste exhibitionniste esclavagiste extrémiste néo-colonialiste néo-nazie antimusulmane anticléricale antimoine antisémite anticalcaire antisociale antidémocratique antipathique anti-immigrés anti-noirs, jaunes et verts n'aurait aucune chance de survivre sur la toile :-D Pour ceux qui souhaiteraient visiter, contactez les frangines de la communauté Venio, et arrangez-vous une visite. Apparemment les braves dames auraient l'humeur affable et le verbe amical, alors n'ayez pas honte, hop, Email ou coup de fil, et l'affaire... la visite est dans le sac. Le complexe se trouve là: 50.0758472N, 14.3218964E.
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